Libéré après cinquante jours de détention à Rebeuss, Moustapha Diakhaté n’a pas tardé à reprendre la lutte contre le gouvernement en place et la justice. Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 5 août, l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar a vivement dénoncé ce qu’il considère comme une « guerre juridique » menée par le tribunal de grande instance de Dakar contre sa personne et la liberté d’expression. Le principal accusé dans ses propos est le procureur de la République Ibrahima Ndoye.
« Le procureur Ibrahima Ndoye, c’est un parquet à double standard », a fustigé Diakhaté. « Il est intransigeant avec l’opposition et indulgent avec le parti Pastef. Quand on voit ce genre d’action, c’est que ces magistrats-là trahissent la loi. » Il accuse le parquet de mener une « guerre juridique contre la liberté d’expression » et se dit prêt à affronter d’autres poursuites. « Le tribunal de grande instance de Dakar mène une guerre juridique contre la liberté d’expression. Si ma vie doit y rester, elle y restera, car je n’ai pas peur de trouver la mort dans ce que je fais. Je suis prêt à retourner en prison. J’ai été emprisonné deux fois. Ibrahima Ndoye doit savoir qu’il lui reste 998 mandats de dépôt s’il veut me faire taire, parce que jusqu’à 1000 je ne me tairai pas », a-t-il martelé.
Pour M. Diakhaté, son arrestation relève d’un règlement de comptes personnel. « Le procureur Ibrahima Ndoye a un problème avec moi et il se cache derrière le parquet pour le combattre et régler des comptes personnels. C’est indigne de sa fonction de magistrat. »
Revenant sur sa mise en cause pour offense au chef de l’État, il s’étonne : « Moi qui défends la République et qui défends le président de la République, on me dit que je l’ai offensé. C’est honteux, c’est ridicule. » Il évoque également une déclaration faite par le président du tribunal de grande instance de Dakar lors du procès de Djiby Ndiaye. « Il a demandé qu’on attaque plus le procureur. »
Pour Moustapha Diakhaté, il est inacceptable que des poursuites soient engagées contre des citoyens pour avoir critiqué l’autorité. « Dans une démocratie, il ne peut pas y avoir de limite sur le droit du citoyen à critiquer ceux qui les gouvernent. » Il soutient que critiquer le chef de l’État ou le procureur relève d’un droit fondamental.
L’ex-parlementaire ne ménage pas non plus le pouvoir en place, accusant le parti présidentiel Pastef d’avoir trahi ses promesses : « Le Pastef avait promis aux Sénégalais qu’une fois au pouvoir, ils supprimeraient l’article 80, l’article 254… Ils ne l’ont pas fait. Ils ont menti aux Sénégalais. C’est parce qu’ils ont menti qu’on continue d’arrêter des gens pour des délits d’offense au chef de l’État, ou pour des délits d’offense pour les journalistes. »
PRESSAFRIK