Religions et spiritualité

L’HISTOIRE DE LA SUCCESSION DE MAWLAYA CHEIKH AHMED TIDJÂNI CHERIF

 

La Tarîqa Tijâniya est la voie de la lumière et elle est régie par la Haqîqa. Son héritage n’est pas basé sur des règles coutumières faisant de quelqu’un un khalife autoproclamé parce que simplement, son père était un khalife. Avant tout, Il faudra même distinguer : être khalife de la Tarîqa Tijaniya et être un khalife de Mawlâya Cheikh Ahmad Tijâni. En effet, lors de sa venue sur Terre, Mawlâya Cheikh Tijâni a promulgué la lumière de la Tijânia via le wird et les assemblées de zikr. Cette organisation mystique particulière est une grâce divine immense, instaurée pour sauver tout adhérant à la voie, de la même manière qu’elle permet l’élévation spirituelle. Ainsi, une autorité religieuse peut être un muqaddam de la Tarîqa, octroyant le wird à tout musulman et organisant l’éducation des disciples dans la voie. On peut le désigner comme étant un khalife de la Tarîqa.

À côté de cela, il y a le domaine mystique de Mawlâya Cheikh Ahmad Tijâni. Ce domaine spirituel, défini par la Haqîqatu Ahmadiya, n’est pas simplement le domaine de prédilection d’un muqaddam, mais plutôt des véritables hommes de Dieu. Celui qui est au sommet de cette liste est le khalife Fî Nouril Ah’zam, Imam Al Mahdi-l Muntazar Mawlâya Seydi Mouhamed EL Cheikh. Dans cette optique, on distingue la liste des 12 khalifes spirituels de Mawlâya Cheikh gravé au Ghayb depuis Seydi Aliou Harâzim, Seydi Ahmed Chérif, Mouhamed Damraoui, Mouhamed Ghâli, Cheikh Elhaj Omar Foutiyou Tall, Seydi Hâji Malick Sy, etc. jusqu’à l’Imam Al Mahdi. Les véritables khalifes de Mawlâya Cheikh Ahmad Tijâni sont préparés depuis Ghaïb et ils se distinguent chacun à leur époque par des particularités :

  • Ils sont les plus gradés de leur époque en martaba (élévation spirituelle) ;
  • Ils sont les plus savants de leur époque : allusion surtout à la science mystique céleste des awliya.
  • Ils ont le plus de wilaya (pouvoir spirituel) que quiconque.

Dans l’histoire de la Tijaniya, beaucoup d’élus ont été à la fois des khalifes de la Tarîqa et de Mawlâya Cheikh, mais ceci n’a pas toujours été le cas. Également, c’est le Prophète (s.a.w) lui-même qui choisit les khalifes de Mawlâya Cheikh. Ainsi, lorsque Mawlâya Cheikh Tijâni s’apprêtait à quitter ce monde, il avait ordonné à son fils de quitter Fèz pour aller s’installer à Aïn Mâdî car il ne voulait pas que ses compagnons et khalifes légitimes de l’époque l’intronisent, pour l’unique et simple raison qu’il était son fils. Ainsi, revenant sur cet évènement, Mawlâya Seydi Mouhamed El Cheikh nous révèle les détails de l’histoire.

« (…) Mawlaya cheikh Ahmed Tijâni chérif avait dit à seydi Ahmed chérif (ou Mouhamadoul Habîb) : “quand je quitterai ce bas monde, retourne à Aïn Mâdî auprès de tes proches parents”; c’est parce-qu’ à ce moment précis, toute la communauté tijane  regardait Seydi Ahmed chérif comme le fils héritier promu. Aussi, faut-il le rappeler, qu’à l’époque, dans le désert de Fass (ancien nom de Fèz), plus de 124000 disciples étaient présents à côté du Sceau des saints.

Mawlaya Cheikh Ahmed Tijane Chérif fut rappelé à Dieu à l’âge de 78 et non 80 ans comme le disent beaucoup qui ne connaissent pas en réalité son histoire.

Parmi ses disciples les plus distingués, figurait Seydi Aliou Harâzim qui était le plus mystique d’entre eux. Quant à Mouhamad Damraoui, c’est lui qui faisait le thé pour Mawlâya Cheikh et ce dernier l’envoyait souvent s’entretenir avec le Prophète (s.a.w).

Seydi Ahmed chérif était très sage : il était le fils ainé de Mawlaya Cheikh Tijani, mais n’a jamais revendiqué les privilèges dont il pouvait bénéficier grâce à cette paternité. Lorsqu’il voulait s’entretenir avec Mawlaya Cheikh Tijani, il procédait comme tout autre disciple, en confiant le message à Mouhamed Damraoui qui le disait à Seydi Harâzim, qui à son tour en faisait part à Mawlaya Cheikh. Il n’est jamais venu dire directement quelque chose à Mawlaya Cheikh et il avait raison de dire que son père était en premier le Père des Qoutbou. C’est à travers la sainteté spirituelle que l’on accède à lui mais pas par des grands boubous ou filiation familiale. C’est pourquoi Mawlaya Cheikh lui a dit : “Quand je quitterai ce bas monde, retourne à Aïn Mâdî chez tes proches parents car connaissant Seydi Harâzim et Mouhamad Damraoui et tous ceux qui sont derrière eux, que tu le veuilles ou non, ils t’introniseront khalife ; pour éviter cela, tu dois retourner à Aïn Mâdî”.

C’est pourquoi, quand Mawlâya cheikh avait rejoint le monde batine ce soir-là, Seydi Ahmed chérif se faufila doucement en prenant ses bagages, passant derrière les cases pour aller à Aïn Mâdî tout seul. À l’approche du crépuscule quand Seydi Harazim rassembla les disciples pour la prière du maghrib, il leur dit d’attendre car le Prophète (psl) venait de lui annoncer que Seydi Ahmed chérif était parti. Maintenant leur indiqua-t-il : “soit on prie, soit on part tous à sa recherche”. Ils furent d’accord pour partir à sa recherche. Ainsi, ils le retrouvèrent rapidement et Seydi Harâzim lui dit : on ne va jamais accepter que tu sortes de Fass car même si cela n’a pas une grande importance, tu es quand même le fils biologique de Mawlâya Cheikh.

Seydi Ahmed chérif leur dit : “J’étais sûr et certain que je n’arriverai pas à Aïn Mâdî car j’ai quitté Fass après la prière de Zouhr (14h) et vous m’avez rejoint au moment de la prière du Maghrib, je n’ai pu progresser que de 100 m car lorsque j’ai voulu sortir de la ville, je me bousculais avec des anges, qui quand j’avançais, me barraient la route. Quand j’insistais, ils continuaient à me bousculer encore et j’étais sûr qu’il m’était possible de rester ici deux jours sans sortir du pays. Je peux retourner maintenant à Fass mais à une seule condition : je ne prendrais aucune décision, je ne dirigerai pas, je ne formulerai pas de prières pour les gens et je ne donnerai le wird à personne. Si vous êtes d’accord, je pars avec vous, sinon, laissez-moi me bousculer avec les anges”.

De retour à Fass, Seydi Harâzim choisit Mouhamad Damraoui pour assurer la direction de la Hadara. Il n’avait que 25 ans mais il a annoncé à Seydi Harâzim qu’il allait quitter le monde d’ici 70 jours car disait-il : “je ne vais pas accepter que Mawlâya Cheikh Ahmad Tidjani soit à Barzakhoul Maktoûm et que quelqu’un d’autre lui fasse le thé à ma place, cherchez quelqu’un qui soit à la hauteur pour me remplacer car je ne vais rester ici que 70 jours’’.

Ainsi, Seydi Harâzim rappela Aliou Tamâcini et lui proposa de diriger mais en réalité, personne ne voulait rester à la tête du khilafa. Aliou Tamacini lui dit :”Si tu me le demandes, je pense que c’est pour me taquiner, j’étais imam de cette zawiya (Fez) mais cela s’est passé devant toi lorsque Mawlâya Cheikh Ahmad Tidjani me chargeait de diriger la prière dans sa zawiya de Tunisie. D’ailleurs même, je suis là-bas les vendredis et je vais bientôt m’installer là-bas définitivement”.

Quand les 70 jours venaient à passer et que Mouhamad Damraoui partit, c’est là qu’Aliou Harâzim a fini par prendre les rênes du Khilâfa mais il n’a jamais voulu y demeurer. Contrairement à ce qui est observé dans les familles religieuses de chez nous au Sénégal où les gens se battent pour pouvoir diriger.

Depuis lors, Seydi Harâzim était à la tête et dirigeait les prières, les wazifa et les hadara. Il a réussi à compléter la formation spirituelle de beaucoup de disciples qui vivaient à Fèz. Seydi Ahmed Chérif n’a pris le Khilâfa que lorsque Seydi Harâzim quitta ce bas-monde tout en rappelant aux disciples qu’il n’allait pas rester longtemps là-bas jusqu’à la fin de ses jours. Quand son heure approcha, il convoqua toute la hadara de Fass pour leur annoncer qu’il tenait toujours formellement à ce que lui avait ordonné Mawlaya Cheikh Ahmed Tidjâni : “Je n’ai pas pu aller en Algérie à cause de mes supérieurs que sont Seydi Harazim et Mouhamed Damraoui, ce qui m’est sûr, ce sont eux qui ont envoyés les anges qui me bousculaient. Sachez tous que je vais retourner à Aïnou Mâdî”.

“C’est vous le khalife, si vous retournez à Aïn Mâdî qui va rester ici ?” répliquèrent les disciples. Seydi Ahmed chérif sourit un peu et leur dit : “envoyez un émissaire à Mouhamadoul Ghâli pour qu’il vous apprenne la haqîqa, je vous donne trois jour, s’il n’y a pas de réponse d’ici-là, je partirai ’’.

Quand Mouhamadoul Ghâli reçut la lettre, la hadara de Fass lui disait que “seydi Ahmed chérif voulait partir à Aïn Mâdî alors qu’il est le khalife. S’il partait, qui serait khalife car vous, Mouhamadoul Ghali, êtes à Médine, comptez-vous revenir le remplacer ?” Mouhamadoul Ghâli leur répondit : “Je suis actuellement à Médine en train de discuter avec l’âme de l’imam mahdi et on n’a pas besoin de bavardage. Savez-vous pourquoi il vous a demandé de m’écrire ? Vous pensez que quelqu’un peut représenter Mawlâya Cheikh Ahmad Tidjani là-bas et vous vous demandez qui doit assurer le Khilâfa ? C’est Cheikh Tidjâni lui-même qui y siège”.

C’est pour cette raison que Seydi Ahmed chérif qui est le fils et khalife de Mawlâya Cheikh n’est pas inhumé au Maroc, il retourna effectivement en Algérie où il décéda.

Lors de cette période, Cheikh Elhaj Omar Foutiyu s’est déplacé vers la Mecque pour une mission secrète en rapport avec l’âme de l’Imam Al Mahdi qui était gardée dans de la Hajaral Aswad. C’est ainsi qu’il rencontra Mouhamad Ghâli et ce dernier lui confirma : personne ne siège au niveau de la zawiya, idem pour moi car on m’a longtemps proposé d’aller assurer la direction mais j’ai refusé car je sais pleinement que Mawlâya Cheikh Tijani a déplacé sa base mystique en l’implantant chez vous au Sénégal. »

Extrait traduit par Mamadou Fall Ngom à partir des Enseignements de Mawlâya Seydi Mouhamad EL Cheikh.

Revues et corrections : DESK TARÎQA TIDJÂNE

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