Le classement du CPPI 2024 (Container Port Performance Index) a récemment propulsé le Port autonome de Dakar au rang de meilleur port d’Afrique subsaharienne, déclenchant une avalanche de commentaires et de récupérations politiques. Mais derrière les félicitations et les interprétations parfois hâtives, les véritables critères du rapport méritent d’être clarifiés.
Contrairement aux discours triomphalistes de certains responsables, le CPPI 2024 ne mesure pas les performances d’une seule année politique ni les résultats d’un gouvernement en particulier. Comme le rappelle le rapport, il s’agit d’une évaluation cumulative couvrant la période 2020-2024, prenant en compte les choix d’investissements, la modernisation des infrastructures et l’efficacité logistique bâtis sur plus d’une décennie de stratégie.
Les chiffres publiés montrent une hausse des performances du port de Dakar, qui a vu son score bondir de –82 en 2023 à +23 en 2024, soit l’une des plus fortes progressions mondiales.
Cette amélioration spectaculaire est notamment attribuée à des investissements majeurs engagés depuis longtemps par l’opérateur DP World : installation de nouvelles grues, extension des aires de stockage, mise en place d’un système communautaire portuaire moderne et digitalisé. Ces efforts ont été renforcés par des avancées en connectivité terrestre, comme la modernisation des routes, la réhabilitation du chemin de fer vers le Mali et la création d’un guichet unique douanier qui réduit considérablement les délais de traitement des marchandises.
Sur le plan continental, Dakar s’impose désormais comme un hub logistique incontournable, se positionnant juste derrière Port-Saïd (Égypte, 3e mondial) et Tanger-Med (Maroc, 5e mondial), mais loin devant plusieurs concurrents africains comme Toamasina (Madagascar, 177e mondial), El Dekheila (Égypte, 190e), Sokhna (Égypte, 217e), Freetown (Sierra Leone, 216e), Conakry (Guinée, 235e) ou Berbera (Somalie, 243e).
En d’autres termes, les performances actuelles sont l’aboutissement d’une vision stratégique de long terme, mêlant modernisation des terminaux, optimisation logistique et partenariats public-privé, plutôt qu’une victoire politique ponctuelle. Les « manipulations à gogo » dénoncées par plusieurs observateurs trouvent donc leur origine dans la volonté de certains de faire passer un succès collectif pour un exploit récent.
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