Un conflit foncier oppose la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et la famille du défunt milliardaire Diallo “Pithie”, exploitante d’une assiette foncière depuis 1980 avec des documents qu’elle affirme être légaux. Les héritiers dénoncent un « forcing » orchestré par la CDC pour s’accaparer leurs terres, dans le but présumé de combler un déficit de livraison de parcelles dans le cadre d’un projet immobilier à Bambilor. La situation a dégénéré jeudi avec l’expulsion des gardiens et l’interruption musclée d’une conférence de presse, ce samedi entraînant l’interpellation de six membres de la famille.
Abou Diallo, l’un des fils héritiers de Diallo “Pithie”, a pris la parole pour fustiger les agissements de la CDC, qui aurait brusquement revendiqué la propriété de l’assiette foncière, exploitée par sa famille depuis plus de 40 ans. « Un bon jour, la CDC débarque pour dire que cette assiette lui appartient. Alors que la famille exploitait cette assiette foncière depuis avec des documents légaux au niveau de la mairie depuis 40 ans », a-t-il déclaré.
Selon M. Diallo, ni la manœuvre de la CDC serait liée à un « gap » dans un projet d’aménagement à Bambilor lancé en 2019, où elle devait livrer 4468 parcelles et a encaissé plus de 50 milliards de francs CFA auprès de particuliers. « La CDC n’a que 150 hectares au niveau de Bambilor. […] Il n’a livré que 1000 et quelques parcelles. Donc il reste un gap de 3000 et quelques. Là, ils sont en train de faire un bradage foncier en accaparant des assiettes foncières d’autrui par un forcing avec des collaborations d’un lobby étatique » a-t-il affirmé.
La tension a atteint son paroxysme jeudi dernier. Abou Diallo a relaté que, après une tentative infructueuse sur une autre affaire foncière impliquant un « Grand Marabout », les instigateurs auraient ciblé la famille Diallo “Pithie”. Il a dénoncé le contournement de la Direction de l’Exploitation et de la Sécurité des Opérations (DESCOS), dont le commandant aurait requis des documents pour éclaircir le conflit, en faveur d’un « commandant de la gendarmerie qui est arrivé avec 10 ou 15 pick-up avant-hier, jeudi », pour expulser les gardiens.
Conférence de presse interrompue
Ce samedi matin, la conférence de presse organisée par la famille sur ses terres a été interrompue par les pandores. « La gendarmerie a débarqué et a arrêté la conférence. Alors que cette conférence de presse se tenait dans un lieu privé de Diallo “Pithie”. Ils n’ont pas le droit. Et ils ont fait embarquer trois fils de Diallo “Pithie”. Au total, 6 personnes ont été arrêtées aujourd’hui dont des neveux, fils et petits-fils de Diallo Pithie », a martelé M. Diallo.
Les héritiers, qui revendiquent la propriété légitime de 112 hectares, promettent de poursuivre le combat. « Nous allons continuer le combat. Parce que c’est un patrimoine de la famille et les héritiers vont mener le combat », a assuré Diallo fils, dénonçant également des complicités au sein des structures étatiques telles que l’impôt et domaine, le cadastre et l’urbanisme.
Assi Diallo, fille de Diallo “Pithie”, a lancé un appel vibrant à l’État, dénonçant la destruction des champs de papayes, d’arachides et de citronniers par des tracteurs, souvent de nuit pour contourner un arrêt des travaux par la DESCOS. « Notre contentieux avec la CDC, nous sollicitons l’arbitrage du chef de l’État. Nous sommes des fils et filles de ce pays. Tout ce que nous demandons est qu’on nous rende nos terres, nos biens », a-t-elle déclaré, se disant « prête à mourir » pour défendre l’héritage de son père.
La famille Diallo “Pithie” attend désormais une réaction du gouvernement et de la justice sénégalaise, affirmant avoir « confiance » dans le droit, tout en dénonçant avec force ce qu’elle perçoit comme une spoliation de ses biens légitimes.
PRESSAFRIK