Sport

Une première depuis 20 ans : CAN 2025, l’ANPS couvre les Lions sans le moindre appui de l’État et de la Fédération (Par Boubacar Kambel DIENG)

À Tanger, camp de base des Lions du Sénégal à la Coupe d’Afrique des Nations 2025, les journalistes sportifs sénégalais vont inévitablement vers des difficultés. Pour la première fois depuis plus de deux décennies, ils couvrent une grande compétition internationale sans le moindre soutien financier de l’État du Sénégal. Zéro franc.
À cela s’ajoute une autre première : aucune contribution de la Fédération sénégalaise de football (FSF), alors que cette solidarité institutionnelle avait toujours accompagné l’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (ANPS) dans ses missions.
Depuis 23 ans, l’ANPS bénéficiait de l’appui de l’État pour permettre aux journalistes d’assurer correctement la couverture des grands rendez-vous du sport mondial, notamment les Coupes d’Afrique des Nations et les Coupes du monde. Le précédent fondateur remonte à 2002, lors de la Coupe du monde asiatique, quand le président Abdoulaye Wade, avec l’implication de sa fille Sindiély Wade, avait entièrement pris en charge 18 envoyés spéciaux en Corée du Sud. Ce geste avait donné le ton. Depuis lors, sans excès mais avec constance, l’État accompagnait l’ANPS par des appuis jugés raisonnables et essentiels.
Cette année, pour la CAN 2025, le silence est total. Aucune subvention de l’État, aucune aide de la FSF. Une rupture brutale avec une tradition institutionnelle solidement établie. Selon nos informations, c’est la première fois depuis 16 ans que la Fédération ne soutient pas l’ANPS.
Pourtant, une promesse avait été faite. En marge de la cérémonie de publication de la liste des 28 Lions retenus pour cette CAN 2025, le nouveau président de la FSF, Abdoulaye Fall, s’était engagé, devant un responsable de l’ANPS, à réagir dans un délai d’une semaine, nous souffle une source digne de foi. À ce jour, alors que les Lions s’apprêtent à faire leur entrée en lice dans la compétition, le délai est largement dépassé. Rien n’est venu.
Face à cette situation, l’ANPS a multiplié les démarches. Des correspondances ont été adressées au président de la République Bassirou Diomaye Faye, au Premier ministre Ousmane Sonko, au ministre de la Communication ainsi qu’à la ministre des Sports. Le Premier ministre avait réagi par le biais de son conseiller en sports, demandant à la ministre des Sports de prendre le relais. Depuis, le dossier semble enlisé. Personne ne sait ce qui bloque.
Les conséquences sont concrètes et immédiates. Habituellement, au-delà de la mise en place d’une Maison de la presse lors des CAN, l’ANPS apportait un soutien direct aux journalistes pour leur permettre de travailler dans des conditions acceptables. Sans ressources, cette organisation devient impossible. Les journalistes, pourtant accrédités et présents pour représenter le Sénégal à travers leurs productions, se retrouvent exposés à de réelles difficultés logistiques et financières.
À Dakar, le président de l’ANPS, Abdoulaye Thiam, est toujours retenu, tentant de régler en urgence certains détails financiers. L’objectif est clair : décrocher des appuis auprès des partenaires de l’ANPS, afin de gérer tant bien que mal la situation sur place à Tanger.
Sollicité, il a préféré ne pas s’exprimer. Du côté de l’ANPS, le choix est assumé : se taire et préserver la dignité humaine, malgré l’amertume.
Ce malaise est d’autant plus difficile à comprendre que, dans le même temps, des supporters des Lions et d’autres compatriotes, choisis selon des critères non explicités, sont convoyés à Tanger et installés dans de bonnes conditions par les autorités. Une différence de traitement qui interroge et blesse, surtout lorsque l’on rappelle que les journalistes sportifs sont eux aussi des Sénégalais, en mission de service public informel, au service de l’information et du rayonnement national.
Le comble est atteint lorsque certaines voix mal intentionnées tentent de détourner le débat, laissant entendre que l’absence de réaction serait liée à une supposée proximité d’Abdoulaye Thiam avec Maître Augustin Senghor, ancien président de la FSF. Une insinuation jugée déplacée et indécente par de nombreux observateurs, tant elle détourne l’attention du véritable problème : l’abandon institutionnel d’une corporation entière.
Une autre source rappelle d’ailleurs qu’au temps de Maître Augustin Senghor, l’ANPS n’avait même pas besoin de formuler une demande formelle. À l’approche d’une CAN ou d’une Coupe du monde, c’est la Fédération elle-même qui prenait l’initiative, dans un esprit de transparence, en associant notamment le 12ᵉ Gaïndé et Allez Casa, pour remettre les chèques de soutien à la presse sportive et aux supporters des Lions.
Reste désormais à espérer que les autorités étatiques et les responsables de la Fédération sénégalaise de football réagiront à temps. Faute de quoi, cette situation ferait figure de paradoxe, voire de contresens, au regard du message du président de la République, qui, lors de la cérémonie officielle de remise du drapeau aux Lions, avait salué et rendu un vibrant hommage à la presse sportive sénégalaise, reconnaissant son rôle essentiel dans l’accompagnement et la valorisation des performances de l’équipe nationale.
À Tanger, les journalistes poursuivent leur mission avec professionnalisme. Mais le fossé entre les discours et les actes reste béant.
BKD…

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