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DÉGUERPISSEMENT À TERME SUD : RETOUR SUR LA FOLLE JOURNÉE À OUAKAM

L’ambiance est électrique à Terme-Sud, quartier sis à Ouakam, derrière le camp de l’Armée de l’air. Les enfants des 79 familles qui doivent être délogés ont envahi la rue pour protester contre cette décision. Ces derniers ont brûlé des pneus partout où ils sont passés, obligeant les véhicules à faire mille et un détours avant d’arriver à destination. En plus, ils avaient des lance-pierres pour affronter les forces de l’ordre. Lesquelles, armées, jusqu’aux dents ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les jeunes qui étaient très en furie.


CHAMP DE BATAILLE À OUAKAM

L’odeur âcre des lacrymogènes mélangée aux fumées que dégagent les pneus incendiés, rendent l’atmosphère irrespirable. Plusieurs jeunes ont été arrêtés. Là où deux gendarmes ont été blessés. Ouakam est transformé en un véritable champ de bataille le temps d’une journée. Le panorama est désolant. Malgré la tension de guerre qui prévaut sur les lieux, les éléments de la Direction de surveillance et de contrôle de l’occupation des sols à Dakar sont plus que déterminés à déloger les 79 familles qui refusent de partir. Ils jettent tous les bagages dehors, sous l’œil impuissant de leurs propriétaires. Des femmes pleurent par ci, des hommes rouspètent et insultent en l’air, par là.

Matelas, lits, frigos, canapés armoires, ustensiles de cuisine, tous les objets sont jetés à l’extérieur. Sokhna Diagne, mère de famille, est désemparée. Elle n’a que ses yeux pour pleurer son sort. La cinquantaine consommée, elle ne sait pas encore où elle va passer la nuit avec ses enfants d’autant que toute leur maison a été complètement vidée. Même les photos, qui étaient sur les murs, ont été arrachées. « J’habite ici avec ma coépouse et nos enfants. Notre époux est décédé au Libéria, les armes à la main. Il ne doit pas être tranquille aujourd’hui dans sa tombe. Nous sommes meurtris. Cela fait plus de trente ans que nous sommes ici. Aujourd’hui, on nous chasse comme des malpropres. Et celui qui est derrière nous connait. On méritait un autre sort que celui que nous sommes en train de vivre », dénonce la dame avec tristesse. A l’en croire, depuis hier (Ndrl : Mardi 29 septembre), ils n’ont pas fermé l’œil parce que, justifie-t-elle : « On savait qu’à tout moment les gendarmes pouvaient nous surprendre ».

« Mon fils ne sera jamais militaire »

A quelques pas d’elle, une jeune dame, Khady Fall, vêtue d’un pantalon blouson et d’un tee-shirt maculé, la tête nouée par un foulard gris, les pieds poussiéreux, débite des insanités sur le Chef d’Etat major de l’armée qu’elle considère comme responsable de la toute la situation. Ce, en lançant des regards provocateurs aux militaires qui avaient quadrillé la zone. Mais, ces derniers l’ignoraient. Elle est l’épouse d’un militaire. « Ceux qui nous font subir ça n’ont pas de cœur. Mais, Dieu nous jurera. Ceci n’est rien d’autre qu’un abus de pouvoir. Mon fils ne sera jamais un militaire », crache-t-elle, avec virulence.

Assis sur une chaise, Ibrahima Seck, en sous vêtement, regarde les bagages qui sont amassés devant le portail de sa maison. Il semble être serein mais explose sa colère quand le micro lui est tendu. « Je vivais ici mais j’ai quitté quand je me suis marié. Ce sont mes parents et mes frères et sœurs qui vivent dans cette maison. Ils y sont tous nés et y ont grandi. Cette situation est injuste. Comment peut-on traiter de la sorte d’anciens militaires qui ont tout donné à la Nation sénégalaise. Même si ces terres ne nous appartiennent pas, l’élégance voudrait qu’on nous traite avec déférence mais pas nous chasser. Je vais essayer de loger ma famille le temps de leur trouver une maison », informe-t-il.

« Ce n’est pas l’ennemi qui nous déshonore mais… »

Debout à l’entrée de sa maison, Ousmane Sadio à les yeux rouges, témoins de ses nuits blanches. Militaire ayant perdu son pied gauche en opération de guerre, il regrette aujourd’hui ce qui l’a fait entrer dans l’armée. ” On nous dit que ces logements appartiennent à Comico et nous devons sortir. C’est un abus de pouvoir. J’ai perdu mon pied en zone d’opération dans le sud du pays. On me remet 80 mille francs par mois. Avec ce montant, je suis incapable d’avoir une maison. On nous sacrifiés. On a sacrifié ma carrière. Je suis un militaire humilié. On nous déshonore. Ce n’est pas l’ennemi qui nous déshonore mais c’est l’Etat que nous avons rendu service qui nous déshonore », regrette-il.

A l’en croire, il y a même des militaires en activité qui font partie des victimes. Le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, présent sur es lieux, n’a pas voulu se prononcer. Le calme est revenu en début d’après-midi. Les échauffourées ont cessé mais les opérations de déguerpissement se poursuivent au détriment des occupants des lieux.

avec E-Media.sn

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