C’est une affaire pour le moins troublante qui agite depuis quelques jours les quartiers de la Médina et de la Gueule-Tapée. Deux ressortissants nigériens, Kader Aboubacar (26 ans) et Issa Abibou (24 ans), ont été déférés hier vendredi au parquet, après leur arrestation dans des circonstances pour le moins macabres : ils détenaient le cadavre d’un chat tué dans un sac. Selon les informations rapportées, les deux hommes sont poursuivis pour mise à mort sans nécessité d’un animal domestique et abattage clandestin.
Les faits remontent à la nuit du 14 mai, lorsque la brigade de recherches du commissariat de la Médina reçoit des informations faisant état d’individus qui « chassaient » des chats dans le secteur de la Gueule-Tapée. Une patrouille est alors déclenchée. Rapidement, Kader Aboubacar est appréhendé, un sac à la main contenant le corps sans vie d’un félin. Issa Abibou, son complice présumé, est arrêté peu après.
Les deux jeunes hommes, qui se présentent comme tailleurs domiciliés dans une chambre louée à la Médina, ont été confrontés aux soupçons d’un usage douteux de la viande de chat, notamment dans la confection de ce que l’on appelle communément les « brochettes haoussa » – une rumeur persistante dans certains quartiers populaires de Dakar.
Mais face aux enquêteurs, les mis en cause ont vigoureusement nié toute commercialisation de la viande. À la place, ils avancent une explication plus ésotérique. Selon Kader Aboubacar, il s’agissait de récupérer la graisse du chat pour la fabrication d’amulettes. Son acolyte, Issa Abibou, corrobore cette version : « Nous avons sillonné le quartier à la recherche d’un chat. Une fois capturé, nous l’avons tué dans le sac. Nous comptions mélanger la graisse avec un médicament traditionnel. »
L’enquête devra désormais déterminer si cette justification relève d’une pratique réelle ou si elle vise à masquer un trafic de viande à destination de la restauration de rue. Dans tous les cas, les faits ont choqué l’opinion, tant par leur cruauté que par les soupçons qui les entourent.
À la suite de leur déferrement au parquet, les deux prévenus pourraient faire face à des poursuites pénales pour actes de cruauté sur un animal domestique et abattage illégal, des délits de plus en plus pris au sérieux par les autorités en raison de leur lien potentiel avec des risques sanitaires et des pratiques interdites.
Une affaire à suivre, alors que les autorités entendent renforcer la traque contre les dérives en matière de consommation et d’usage d’animaux domestiques.
DAKARACTU