Le syndicat des travailleurs de la Société de Télédiffusion du Sénégal (TDS-SA), opérateur public de la TNT au Sénégal, a publié une lettre pour dénoncer des limogeages de certains piliers de la boîte, suite à une série de décisions prises par la directrice générale Aminata Sarr. Dans la lettre, les auteurs ont également signalé que la boîte a changé récemment de président de Conseil d’administration. « Monsieur El Hadj Ndiaye patron de 2STV en poste depuis des années, a finalement été limogé et remplacé par Abdou Aziz Zoularou, militant de Pastef à Guédiawaye ».
Ci joint la lettre :
Cela fait plus d’un an que l’entreprise publique est minée par une série de décisions prises par la directrice générale Aminata Sarr. Des décisions qui ont notamment mené aux limogeages de certains piliers de la boîte, dont le directeur général adjoint, Papa Malick Sarr, le directeur des ressources humaines, Alassane Diop ainsi que d’autres cadres. Dernièrement, les syndicalistes de la boîte sont entrés dans la danse.
Des faits de malversations
Si jusque-là le contentieux concernait uniquement des mesures administratives discutables, cela fait quelques semaines que des faits graves de malversations sont venus s’ajouter aux griefs, polluant encore davantage le climat social. Les travailleurs n’ont pas manqué de s’en saisir en interpellant directement la directrice générale.
Déjà, le 8 juillet 2025, rapportent nos sources, documents à l’appui, le Syndicat des professionnels de l’audiovisuel public (Synpap) avait écrit officiellement à la directrice générale à propos de ces accusations devenues publiques, parce que largement diffusées sur certains réseaux sociaux. Le 17 juillet, le syndicat a adressé un courrier physique à la direction générale pour le même objet.
Face au silence de la direction, le secrétaire général de l’organisation a jugé utile d’adresser une note interne aux travailleurs, le 23 juillet, pour alerter sur la situation qui, pense-t-il, peut nuire à l’image de l’entreprise.
“Le rôle d’un syndicat, indique-t-on dans la lettre dont « EnQuête » détient copie, est d’assurer à la fois une mission de veille et d’alerte en plus de son rôle de sentinelle d’une bonne gouvernance de nos maigres ressources financières. C’est pourquoi nous en appelons, encore, au respect des partenaires sociaux que nous sommes. Nous vous invitons à rester mobilisés pour, ensemble, sauver l’image et la crédibilité de l’entreprise”.
‘. L’organisation syndicale de réitérer son engagement sans réserve à œuvrer pour la bonne marche de l’entreprise axée sur le “Jub, Jubal,Jubanti”
La réaction de la directrice générale ; jusque-là muette aux interpellations, la directrice générale n’a, cette fois, pas tardé à réagir, en adressant le même jour, un courrier au secrétaire général du syndicat. Ce n’était pas pour répondre aux interpellations concrètes sur les présumés faits de malversations, mais pour regretter la note informative aux travailleurs.
Pour elle, le SG doit faire preuve de plus “de rigueur et de professionnalisme” dans ses “prochaines adresses destinées au personnel, elle l’invite, dans le même sillage, à se rapprocher davantage de la direction générale, qui sera en mesure de (lui) fournir des éléments de clarification ou d’échanger de manière plus approfondie sur le sujet évoqué dans sa réponse aux travailleurs, la DG a estimé que ces accusations sont dénuées de tout fondement. Mais elle n’a pas donné plus de précisions.
Pourtant, les questions étaient bien précises. Il s’agissait de répondre à des accusations graves portées contre sa gestion et susceptibles de porter atteinte à la crédibilité de l’entreprise. Le syndicat n’en démord d’ailleurs pas.
Parmi les interpellations portées à la connaissance de la DG pour clarification, il y a le fait d’avoir demandé et obtenu une avance sur salaire sur la période allant de juin à décembre 2024; la location d’un véhicule alors que la passation de service n’avait pas encore été effectuée, le bénéfice
d’une indemnité kilométrique, aluro qu’elle bénéficiait déjà du véhicule en location, entre autres griefs.
Aussi, le Synpap a interpellé la directrice générale sur une dépense de plus de 20 millions F CFA engagée pour une prestation de communication pour les besoins d’un atelier organisé par la société en début novembre 2024 ; l’allocation d’une enveloppe de 50 millions F CFA pour l’achat d’un véhicule ; des frais de missions versés à des agents pour des missions qu’ils n’ont pas effectuées.
De l’avis du SG du syndicat, voilà les vraies questions. “Nous avons l’intime conviction qu’éclaircir les points énumérés plus haut permettrait de maintenir intacte l’intégrité de l’entreprise, son mode de gestion et permettra de défendre, un tant soit peu, l’ambiance tendue née des accusations graves portées à votre endroit. Les agents de TDS-SA, très inquiets de l’avenir de leur société, sont présentement en attente de voir ce grave discrédit levé par des réponses sans équivoque”.
, avertit le secrétaire général du syndicat qui n’entend pas déroger de cette pos-ture, mettant en avant l’intérêt de l’entreprise.
À en croire le responsable syndi-cal, seules des réponses claires à ces interrogations seront en mesure de préserver l’image de TDS-SA et permettre aux travailleurs de “défendre ardemment l’image de leur outil de travail sur la base d’éléments circonstanciés”. Outre ces accusations graves, nos sources font état d’une gestion peu orthodoxe des ressources humaines, avec plusieurs cas de licenciement déférés devant le tribunal du travail.
Parmi les plus emblématiques, il y a, outre le cas de Nafissatou Diouf dans lequel l’entreprise a déjà connu un premier revers, les cas du directeur général adjoint et celui du directeur des ressources humaines. Tous ces dossiers sont pendants devant la justice et pourraient valoir à la boîte de préjudices financiers non négligeables dans un contexte de raréfaction des ressources.
Cela fait plusieurs semaines que nous sommes en possession de ces informations. Par souci d’équilibre et de respect des règles qui régissent notre métier, nous avons essayé par tous les moyens d’entrer en contact par la direction générale pour avoir sa version, mais sans succès. Cette guerre interne, il faut le rappeler, vient s’ajouter au dossier lié au protocole signé avec une entreprise malienne dans le cadre d’un marché de fournitures de 16 000 décodeurs.
À noter également que la boîte a changé récemment de président de Conseil d’administration. Monsieur El Hadj Ndiaye – patron de 2STV en poste depuis des années, a finalement été limogé et remplacé par Abdou Aziz Zoularou, militant de Pastef à Guédiawaye.
PRESSAFRIK