Les gendarmes qui l’ont arrêté, en pleine rue et en pleine journée, se sont présentés comme des membres de la brigade territoriale de Faladié, un quartier de Bamako, et du Camp 1 de la gendarmerie. Selon les témoins interrogés par Human Rights Watch, les gendarmes n’ont fourni aucune explication avant d’emmener Cheick Oumar Diallo dans leur voiture. Depuis près de deux semaines, malgré leurs démarches, ses proches ignorent toujours où il est détenu et ce qui lui est reproché.
« Diallo avait travaillé pour un service public, la Société malienne pour la gestion de l’eau potable, la Somagep, explique Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel à Human Rights Watch. À l’époque, il était membre du syndicat autonome de la Somagep. Il avait dénoncé publiquement, en juillet 2024, la mauvaise qualité de l’eau. Il était un lanceur d’alerte. D’après les collègues de Diallo, il était un farouche critique de la junte. »
Déjà brièvement arrêté puis libéré
Après avoir dénoncé la qualité de l’eau, Cheick Oumar Diallo avait déjà été brièvement arrêté puis libéré, avant d’être finalement renvoyé de la Société nationale de gestion de l’eau. Cette énième disparition forcée s’inscrit dans un contexte particulièrement délicat pour le Mali et pour les autorités de Transition.
« Le Jnim [groupe jihadiste lié à al-Qaïda.- NDLR] impose un blocus sur le carburant, la capitale est asphyxiée, rappelle Ilaria Allegrozzi. Dans ce contexte, la junte intensifie la répression contre les voix dissidentes. Face à l’incapacité d’adresser [de résoudre, NDLR] les défis sécuritaires, la junte cherche à consolider son autorité par la répression et par la peur. »
Les autorités maliennes de Transition ont régulièrement recours aux disparitions forcées, ou aux procédures judiciaires, contre les personnalités qui osent s’écarter de la ligne officielle.
RFI
