Dans un climat déjà chargé de suspicion autour du projet d’électrification rurale confié à Aee Power, le député et président du parti La République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, a livré des déclarations au parfum de scandale après son audition par la Section de recherches de la gendarmerie. Contacté par L’Observateur, il affirme sans détour : « Si on entend toutes les parties prenantes concernées par cette affaire, des têtes vont tomber. »
Un message clair, lourd, et qui résonne comme un ultimatum adressé à la justice sénégalaise.
Une audition minutieuse devant des enquêteurs « très professionnels »
Selon les informations recueillies par L’Observateur, Thierno Alassane Sall, initiateur de la plainte déposée au niveau du Pool judiciaire financier, a été interrogé longuement hier par les enquêteurs.
Il décrit une équipe « très professionnelle », dotée d’un sens aigu de l’écoute et ayant « bien préparé leur dossier ».
Les questions, assure-t-il, étaient « pointues » et ont permis d’entrer dans le cœur du scandale :
• Une présomption de détournement de 37 milliards FCFA,
• Une avance de démarrage déjà versée depuis le 11 juin 2024 à Aee Power,
• Une suspension des décaissements décidée par la banque espagnole Santander, qui exige des justificatifs clairs sur l’usage des fonds.
Dans la région de Louga, qui devait accueillir près de 70 % des chantiers, Sall affirme n’avoir constaté « pas l’ombre d’un début de chantier ».
Un constat lourd qui renforce les soupçons entourant ce marché stratégique pour l’électrification rurale.
« Entendre tous les acteurs » : l’exigence de Sall pour faire éclater la vérité
Le député ne mâche pas ses mots :
« Si on entend toutes ces personnes-là… des têtes vont tomber. »
Il appelle à l’audition exhaustive d’une longue liste d’acteurs clés :
• Anciens et actuels directeurs généraux de l’Arcop,
• Membres du comité règlement,
• Anciens et actuels DG de l’Aser,
• Responsables d’Aee Power EPC et Aee Power Sénégal,
• DG de l’assurance,
• Représentants de la banque Santander.
Pour lui, ne laisser aucun maillon de côté est la seule voie pour éviter une explosion publique du scandale.
« Si la justice sénégalaise ne va pas jusqu’au bout, l’Espagne le fera »
Le dossier comporte une dimension internationale :
une partie des opérations s’est déroulée en Espagne.
Thierno Alassane Sall avertit :
« Ce serait regrettable que la justice espagnole illustre la question à la place de la justice sénégalaise. »
L’implication potentielle de la justice espagnole rend le dossier encore plus sensible.
Selon lui, si Dakar tarde, Madrid ne manquera pas de s’y pencher.
Une confiance limitée mais un espoir dans les enquêteurs
À la sortie de son audition, le député se dit « relativement confiant » :
il salue la détermination des enquêteurs rencontrés, tout en rappelant que l’enquête dépend d’une chaîne institutionnelle plus large, où les blocages ne sont jamais à exclure.
Le spectre d’un scandale inévitable si rien n’est fait
Pour Thierno Alassane Sall, le blocage imposé par Santander est un « piège » qui pourrait retourner la situation contre ceux qui chercheraient à étouffer l’affaire.
Il estime que :
• Le marché pourrait être annulé,
• Des mises en demeure croisées sont prévisibles,
• Le scandale pourrait éclater au grand jour si rien n’est fait.
« Autant prendre le taureau par les cornes maintenant et éclairer l’affaire. »
Le député prévient : il est impossible d’étouffer ce dossier, car l’incapacité manifeste d’exécuter le marché finira par être constatée publiquement.
DAKARACTU
