Santé et bien-être

Artemisia et paludisme : la santé entre les mains des Africains

L’Artemisia, une plante de la famille des armoises, serait une bombe contre le paludisme. Capable de le prévenir, de le guérir, et peut-être même de l’éradiquer. Bien que l’Organisation mondiale de la santé déconseille cette phytothérapie, l’Afrique s’empare du remède pour lutter contre le fléau qui l’enferme dans la pauvreté. Notre enquête. 

 

Une première en Afrique ! En République démocratique du Congo, les autorités de santé vont peut-être autoriser une phytothérapie comme traitement médical du paludisme. L’Artemisia, une plante originaire de Chine dont plusieurs variétés poussent aujourd’hui un peu partout sur le globe, serait une aubaine pour les populations pauvres et isolées de l’Afrique subsaharienne : un remède efficace, pas cher, dont on dispose facilement. Un retour à la médecine traditionnelle ? Plutôt un rebond de la tradition alliée à la modernité. Et peut-être un immense espoir pour le continent africain qui assume, selon les derniers chiffres, 90% des 445 000 décès annuels dus au paludisme dans le monde. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont les premières victimes.

 

Ignorée du monde alors qu’elle est utilisée en Chine depuis plus de 2000 ans dans la médecine traditionnelle, l’Artemisia annua a vécu une renaissance dans les années 70, lorsque la scientifique chinoise Tu Youyou est parvenue à isoler son principe actif, l’artémisinine. Après l’accord passé entre l’Occident et la Chine, les ACT (thérapies combinées à base d’artémisinine), très efficaces sur le paludisme à falciparum (le plus courant et mortel) sont devenus les traitements recommandés par l’OMS depuis les années 2000. Une grande nouvelle pour la lutte mondiale contre le paludisme car l’infection véhiculée par le moustique était devenue résistante à la chloroquine.

Pourtant, depuis une dizaine d’années, un réseau de chercheurs et de médecins dans le monde valorisent l’usage de la plante naturelle pour lutter contre le fléau endémique. Le manque d’accès au soin ravage les populations isolées de l’Afrique subsaharienne (un tiers seulement des enfants accèdent aux traitements) et des résistances aux ACT ont émergé dès 2008. Si l’OMS les circonscrit à l’Asie du Sud-Est, des médecins africains signalent qu’elles apparaissent aussi sur le continent. Avec «La maison de l’Artemisia», une association française qui promeut l’étude et la culture de la plante depuis 2012, le réseau de scientifiques souhaitent que les institutions «légalisent» l’Artemisia. La plante serait plus efficace contre le paludisme que le médicament qui contient son principe actif. Mais à Genève, l’OMS n’est pas convaincue par leurs travaux. Craignant que la phytothérapie fasse émerger des résistances qui menacent les traitements pharmacologiques, l’institution mondiale met officiellement en garde contre l’utilisation et la promotion de l’Artemisia depuis six ans.

«L’Artemisia a toute sa place dans la lutte contre le paludisme», juge au contraire le Dr Jérôme Munyangi en République démocratique du Congo. Il en veut pour preuve les résultats spectaculaires de l’étude clinique (en cours de publication scientifique) qu’il a conduite en 2015 sur 1000 patients. La phytothérapie a été testée comme une molécule de l’industrie pharmaceutique, dans un essai randomisé en double aveugle. Après 28 jours, 99,5% des patients qui ont pris les tisanes d’Artemisia annua et afra (la variété africaine) ont guéri, contre 79,5% chez ceux qui ont pris l’ACT. Avec la plante, aucun effet secondaire n’a été observé et la température des patients a plus rapidement chuté qu’avec l’ACT.

Convaincue que l’Artemisia est une voie thérapeutique adaptée aux pays en développement, la biologiste américaine étudie l’action d’un traitement oral qu’elle a mis au point en 2008. Les «DLA» (comprimés ou gélules de poudre de feuilles sèches d’Artemisia), ont sauvé 18 patients, en RDC, tombés dans un paludisme grave résistant aux traitements de première ligne. Après cinq jours de phytothérapie DLA, tous ont complètement récupéré, y compris un enfant de moins de 5 ans qui était dans le coma. […].

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