Le Sri Lanka a connu un sanglant dimanche de Pâques avec une vague coordonnée d’attentats contre des hôtels de luxe et des églises remplies, qui ont tué au moins 207 personnes, dont plusieurs dizaines d’étrangers, et soulevé un émoi mondial.
En quelques heures, des bombes ont semé mort et désolation dans quatre hôtels et trois églises, en pleine messe de Pâques, en plusieurs endroits de l’île d’Asie du Sud, qui n’avait pas connu un tel déchaînement de violence depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans.
“C’était un torrent de sang”, a témoigné N. A. Sumanapala, un commerçant voisin de l’église Saint-Antoine de la capitale Colombo, frappée dans la matinée. “Je me suis précipité à l’intérieur pour aider. Le curé est sorti, couvert de sang.”
Huit explosions au total, non revendiquées, se sont produites dans cette île prisée des touristes étrangers pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, faisant aussi plus de 450 blessés.
Huit personnes ont été arrêtées, a annoncé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe. Il a reconnu qu'”il y avait des informations”, qui “doivent faire l’objet d’une enquête”, sur des risques d’attaques.
Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d’informations “d’une agence de renseignement étrangère” avertissant qu’un mouvement islamiste, le NTJ, projetait “des attentats suicide contre des églises importantes” et l’ambassade d’Inde à Colombo.
Le NTJ (National Thowheeth Jama’ath) s’était fait connaître l’an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhistes.
Six déflagrations très rapprochées sont survenues dans la matinée, et deux plusieurs heures après. Au moins deux d’entre elles sont le fait de kamikazes, selon des témoins.
En réponse, le Sri Lanka a décrété un couvre-feu immédiat et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d'”informations incorrectes et fausses”.
Gabriel, un chrétien sri-lankais d’une trentaine d’années, a eu son frère blessé dans l’attaque de l’église Saint-Sébastien de Negombo, localité située à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale et surnommée “la petite Rome” pour ses nombreuses églises.
“Mon frère était à la messe du matin, lorsque l’explosion s’est produite. Un bout du toit est tombé sur lui et il saignait abondamment de l’oreille”, a-t-il raconté à l’AFP.
“Nous sommes tous en état de choc. Nous ne voulons pas que le pays revienne à ce passé noir où nous devions vivre tout le temps dans la peur des attaques suicide”, a-t-il ajouté.