Sociétés et traditions

Appels au calme à Nantes après la mort d’un jeune tué par la police

Les autorités ont appelé au calme mercredi et condamné les violences qui ont secoué des quartiers de Nantes après la mort mardi soir d’un jeune homme de 22 ans tué par un policier lors d’un contrôle, dans des circonstances qui ulcéraient des habitants.

Trottoirs jonchés de cendres, vitrines de magasins brisées, centre commercial à demi calciné… les trois quartiers du Breil, Dervallières et Malakoff, qui jouxtent le centre-ville de Nantes, étaient sonnés et leurs habitants indignés, après qu’un jeune originaire de Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise) est mort dans la nuit, touché par le tir d’un policier.

Le contrôle de police s’est déroulé vers 20H30 dans le quartier du Breil. “Le conducteur n’avait pas de ceinture ni de pièce d’identité et a donné un faux nom”, indique-t-on de source proche du dossier. “Les policiers s’aperçoivent que le véhicule est surveillé par la police (…) dans le cadre d’un trafic de stupéfiants. Le conducteur tente de prendre la fuite en reculant sur un fonctionnaire de police. Son collègue tire”, explique-t-on de même source.

Le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès a déclaré à l’AFP qu’un mandat d’arrêt avait été délivré contre ce jeune homme en juin 2017 par un juge d’instruction de Créteil des chefs de “vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs”.

Touché à la carotide, il est décédé à l’hôpital vers 22H30. Le SRPJ de Nantes et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été saisis de l’enquête. Le policier qui a tiré “est en suivi psychologique”, selon la préfète de Loire-Atlantique Nicole Klein.

Mercredi matin, devant le 68 rue des Plantes, où s’est déroulé le contrôle, le muret d’une maison était complètement défoncé et des restes de grenades tirées par les forces de l’ordre jonchaient le sol.

Interrogés par l’AFP, les habitants remettaient fortement en question la version de la légitime défense donnée par la police. Selon une femme ne souhaitant pas être nommée qui a filmé la scène, en bas de chez elle, il n’y avait “pas de CRS derrière la voiture, il n’a écrasé personne. Il y a eu un seul coup de feu”. Une autre assure qu’il “était à l’arrêt” et “a donné ses papiers”.

– “inadmissible” –

“Dans tous les quartiers de France, c’est comme ça. La facilité pour la police, c’est tirer. C’est inadmissible”, lâche une habitante, les larmes aux yeux, tirant une poussette.

Une autre habitante, Fabiola, se dit “très choquée”. “Il n’était pas armé. On a peur, ça peut nous arriver à tous”, confie-t-elle.

Aussitôt après les faits, au Breil, les policiers ont essuyé des tirs de projectiles et de cocktails Molotov. Au total, une trentaine de voitures incendiées et huit locaux et bâtiments, dont une mairie annexe et deux centres commerciaux, selon la préfecture. Le calme est revenu vers 3H00.

En déplacement au Breil, la maire PS de Nantes Johanna Rolland a estimé que la priorité était “le retour au calme”, ajoutant que la ville organisait cet après-midi des “temps d’échanges” dans les trois quartiers.

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a condamné “avec la plus grande fermeté” ces violences tandis que la ministre de la Justice Nicole Belloubet appelait “absolument au calme”. La préfète de Loire-Atlantique a également lancé un appel au calme et précisé à l’AFP qu’un dispositif “conséquent” de forces de l’ordre était “mis en place 24H/24H”.

Le député de Loire-Atlantique François de Rugy a estimé sur Radio Classique qu’on ne pouvait “que regretter la mort d’un homme, quel que soit (son) pedigree”. “Il y a des témoignages contradictoires” sur les circonstances du tir, a-t-il ajouté.

Lors de la présentation de son rapport 2017, l’IGPN avait la semaine dernière mis en lumière une plus grande utilisation de certaines armes par les policiers, comme le pistolet automatique, avançant pour la première fois le chiffre des personnes tuées ou blessées lors d’interventions policières, avec 14 tués recensés depuis juillet 2017.

Selon la cheffe de l’IGPN Marie-France Monéger-Guyomarc’h, cette augmentation des usages d’arme trouve son origine dans l’augmentation “préoccupante” du nombre de conducteurs refusant les contrôles, et non dans un assouplissement des règles encadrant la légitime défense.

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