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Le monde attend la réponse de l’Iran après l’élimination du général Soleimani

Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi qu’il ne cherchait pas la guerre avec l’Iran, après avoir ordonné l’élimination à Bagdad du plus puissant des généraux iraniens, Qassem Soleimani. Téhéran a promis de venger sa mort en temps et en heure, plongeant la région dans l’incertitude.

De Paris à Moscou, les appels à la retenue se multipliaient pour prévenir une nouvelle escalade. Craignant pour ses soldats et ressortissants dans la région, Washington va déployer 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires au Koweït de façon préventive, a indiqué à l’AFP un haut responsable du Pentagone, ce qui s’ajoute à 750 soldats envoyés plus tôt cette semaine.

L’Irak a dit redouter “une guerre dévastatrice” sur son sol après le bombardement inédit qui a tué l’homme responsable de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et son premier lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, ces paramilitaires irakiens majoritairement pro-iraniens.

Mais la réponse iranienne pourrait n’être ni immédiate, ni conventionnelle, ni signée, préviennent de nombreux experts de la République islamique. Téhéran pourrait viser, peut-être via ses supplétifs, des bases américaines en Irak ou des tankers du Golfe, ou des alliés dont Israël.

“Les Iraniens ont toujours pratiqué l’art des représailles calibrées pour servir leurs intérêts, c’est-à-dire la survie du régime”, dit Suzanne Maloney, de la Brookings Institution, à Washington. “Historiquement, l’Iran a absorbé des coups et des revers sans succomber à la tentation de répondre de façon irréfléchie. Le pays sait très bien cultiver sa rancoeur et attendre le bon moment”.

La frappe nocturne de missiles a été ordonnée par le président américain Donald Trump après une attaque menée mardi par des partisans et des combattants du Hachd contre l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Ils avaient franchi une première enceinte mais n’avaient pas pénétré à l’intérieur du bâtiment.

Le “tir de précision d’un drone”, a indiqué à l’AFP un responsable militaire américain, a pulvérisé en pleine nuit deux véhicules dont celui où se trouvaient Soleimani et Al-Mouhandis, à la sortie de l’aéroport international de Bagdad.

Washington affirme que l’assassinat était préventif et légal. Selon le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, Soleimani préparait une “action d’envergure” menaçant des “centaines de vies américaines”, sans qu’on en sache plus.

Le “tir de précision d’un drone”, a indiqué à l’AFP un responsable militaire américain, a pulvérisé en pleine nuit deux véhicules dont celui où se trouvaient Soleimani et Al-Mouhandis, à la sortie de l’aéroport international de Bagdad.

Qassem Soleimani, chef de la Force Qods des Gardiens de la révolution, chargée des opérations extérieures de l’Iran, est mort sur le coup, tout comme Al-Mouhandis, homme de l’Iran à Bagdad et ennemi numéro un en Irak des Etats-Unis. En tout, dix personnes sont mortes selon le Hachd.

Washington affirme que l’assassinat était préventif et légal. Selon le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, Soleimani préparait une “action d’envergure” menaçant des “centaines de vies américaines”, sans qu’on en sache plus.

Dans une brève allocution depuis sa résidence floridienne de Mar-a-Lago dans l’après-midi, Donald Trump a déclaré avoir agi pour “arrêter” une guerre et non pour en commencer une, affirmant qu’une attaque contre des militaires et diplomates américains était “imminente”.

“Soleimani avait fait de la mort d’innocents une passion répugnante”, a-t-il déclaré, avant de lancer une mise en garde aux “terroristes” qui s’en prennent aux Américains: “Nous vous trouverons. Nous vous éliminerons.”

Il a aussi témoigné de son “profond respect pour le peuple iranien”, ajoutant: “Nous ne cherchons pas de changement de régime”.

Plus tôt, il avait tweeté: “Soleimani aurait dû être tué il y a des années!”

– “Amérique criminelle” –

En Iran, où Soleimani, 62 ans, était perçu comme intouchable, trois jours de deuil ont été décrétés. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi aux cris de “Mort à l’Amérique”.

“L’Amérique doit savoir que son attaque criminelle contre le général Soleimani a été sa plus grave erreur (…). Ces criminels subiront une dure vengeance au bon endroit et au bon moment”, a averti le Conseil suprême de la sécurité nationale, la plus haute instance sécuritaire d’Iran.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Hassan Rohani ont eux aussi appelé à la vengeance.

“L’Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle”, a menacé M. Rohani, alors que les autorités iraniennes ont rapidement nommé le successeur de Soleimani, Esmaïl Qaani.

Téhéran n’a pas évoqué les détails du rapatriement du corps de Soleimani. Le Hachd a annoncé qu’Al-Mouhandis serait enterré samedi dans la ville sainte de Najaf (sud) après une cérémonie à Bagdad.

Les commandants du Hachd ont appelé leurs combattants à se “tenir prêts”. Il faut, a exhorté Hadi al-Ameri, “serrer les rangs pour bouter les troupes étrangères” hors d’Irak.

Le Parlement irakien doit se réunir dimanche et pourrait dénoncer l’accord irako-américain qui encadre la présence de 5.200 soldats américains sur le sol irakien.

Le turbulent leader chiite irakien Moqtada Sadr a réactivé l’Armée du Mehdi, sa milice dissoute après avoir harcelé l’occupant américain en Irak (2003-2011).

Au Liban, le Hezbollah pro-iranien a promis “un juste châtiment” aux “assassins”. Et au Yémen, les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran, ont appelé à des “représailles rapides”.

L’assaut de l’ambassade américaine à Bagdad, qui a ravivé pour Washington le traumatisme de la prise d’otages à l’ambassade de Téhéran en 1979, a eu lieu deux jours après un bombardement américain meurtrier d’une base d’une faction du Hachd en Irak.

Ce bombardement était en représailles à des attaques à la roquette contre des installations abritant des Américains en Irak, dont l’une, attribuée par Washington aux paramilitaires pro-iraniens, a tué le 27 décembre un sous-traitant américain.

– Critiques aux Etats-Unis –

A Washington, la décision de M. Trump d’éliminer Soleimani a été applaudie comme courageuse par son camp, le parti républicain. Mais les démocrates ont vivement critiqué une décision jugée irréfléchie.

Loin de renforcer la sécurité des Américains dans la région, comme l’a assuré Mike Pompeo, la frappe les a transformés en cibles, disent les élus démocrates. Ils en veulent pour preuve que le département d’Etat a appelé les ressortissants américains à quitter l’Irak “immédiatement”.

“Le président Trump vient de jeter un bâton de dynamite dans une poudrière, et il doit au peuple américain une explication”, a réagi l’ancien vice-président Joe Biden, candidat aux primaires pour la présidentielle de novembre.

Dans les grandes capitales, l’inquiétude dominait.

Vladimir Poutine et Emmanuel Macron se sont appelés, et ont dit s’inquiéter du risque de “sérieusement aggraver la situation” au Proche-Orient et d’une “nouvelle escalade dangereuse des tensions”. Pékin et Londres ont appelé à la “désescalade” et l’ONU estime que “le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe”.

Côté économique, les cours du pétrole ont bondi, les marchés craignant des perturbations voire un blocage de pétroliers dans le détroit d’Ormuz.

Avec l’AFP

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