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Combats meurtriers au Karabakh L’Azerbaïdjan et l’Arménie au bord de la guerre

Les belligérants ont fait état de victimes militaires et civiles. Selon la partie arménienne, une femme et un enfant ont été tués.

Un conflit majeur impliquant l’Azerbaïdjan et l’Arménie pourrait entraîner l’intervention des puissances en concurrence dans la région du Caucase, la Russie et la Turquie. Le conflit autour du Nagorny Karabakh, qui a fait sécession de l’Azerbaïdjan avec le soutien arménien, nourrit les tensions régionales depuis 30 ans.

Un porte-parole du ministère azerbaïdjanais de la Défense a affirmé à l’AFP que Bakou avait conquis une demi-douzaine de villages sous contrôle arménien lors de ces affrontements, des informations démenties par Erevan.

Après l’annonce des premiers combats dimanche matin, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a décrété « la mobilisation générale » et l’instauration de « la loi martiale », tout comme les autorités du Karabakh.

« Le régime autoritaire [azerbaïdjanais] a de nouveau déclaré la guerre au peuple arménien », a dit M. Pachinian dans un discours télévisé, estimant que Bakou et Erevan étaient au bord d’une « guerre d’envergure » aux potentielles « conséquences imprévisibles ».

Il a appelé la communauté internationale à prévenir une « ingérence » turque dans le conflit.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a convoqué une réunion de son conseil de sécurité et dénoncé une « agression » de l’Arménie, promettant de « vaincre » contre Erevan.

Sur Twitter, le président turc Recep Tayyip Erdogan, allié traditionnel de Bakou, a promis un soutien « avec tous nos moyens » à Bakou, après un entretien téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais.

Moscou a appelé dès dimanche matin « à un cessez-le-feu immédiat » et à des pourparlers, alors que les deux camps se rejettent la responsabilité des hostilités.

La France, médiatrice du conflit avec la Russie et les États-Unis dans le cadre du Groupe de Minsk, a aussi appelé à cesser les hostilités, de même que Bruxelles et Berlin.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s’est entretenu avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, convenant de la « nécessité d’un cessez-le-feu ».

Victimes civiles et militaires

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a indiqué avoir lancé une « contre-offensive sur toute la ligne de front » du Karabakh, afin de « mettre fin à des activités militaires des forces armées de l’Arménie ».

La présidence azerbaïdjanaise a signalé « des morts et des blessés » parmi les civils et les militaires, tandis que le médiateur public du Karabakh a déclaré qu’il y avait « des victimes civiles ».

Aucun bilan chiffré n’a été avancé.

Le ministère de la Défense du Karabakh a indiqué de son côté avoir détruit quatre hélicoptères, 15 drones et 10 chars azerbaïdjanais.

Une vidéo publiée par Erevan montre deux chars ennemis frappés par des tirs soulevant des volutes de fumée à côté de trois autres chars.

Bakou a indiqué qu’un de ses hélicoptères avait été abattu mais que son équipage était sain et sauf, précisant avoir détruit 12 batteries anti-aériennes.

L’armée azerbaïdjanaise a aussi publié une vidéo montrant, depuis les airs, la destruction de trois engins militaires ennemis.

Un « conflit négligé »

Le Nagorny Karabakh a été le théâtre d’une guerre au début des années 90 qui a fait 30 000 morts, et depuis lors, Bakou veut en reprendre le contrôle. Des pourparlers de paix sont dans l’impasse depuis des années.

Des combats opposent régulièrement séparatistes et Azerbaïdjanais, mais aussi Erevan et Bakou.

En 2016, des heurts avaient failli dégénérer en guerre au Karabakh, et des combats meurtriers ont aussi opposé en juillet 2020 Arméniens et Azerbaïdjanais à leur frontière nord.

Olesya Vartanyan, experte du International Crisis Group, a soutenu à l’AFP que cette nouvelle escalade s’expliquait notamment par l’absence d’une médiation internationale active.

« Depuis le coronavirus, le conflit a été négligé, sans que des diplomates se rendent à Bakou et à Erevan même après les affrontements de juillet », a-t-elle regretté.

Ces dernières années, Bakou a profité de ses réserves de pétrole pour dépenser largement en matière d’armement et bénéficie du soutien d’Ankara.

L’Arménie, bien plus pauvre, est toutefois plus proche de la Russie, qui y dispose d’une base militaire. Erevan appartient à une alliance politico-militaire dirigée par Moscou, l’Organisation du traité de sécurité collective.

Le Kremlin, qui se positionne en arbitre régional, livre des armes aux deux pays.

avec Lapresse.ca

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