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Traque contre un ancien patron de l’armée bissau-guinéenne pour trafic de drogue : Comment Antonio Indjai s’est fait piéger par la DEA.

Ancien chef d’État-major des armées bissau-guinéennes, le Général Antonio Indjai est recherché par les États-Unis. Les américains offrent jusqu’à 5 millions de dollars (2,8 milliards FCFA) pour toute information menant à son arrestation ou à sa condamnation.

Son premier coup d’éclat remonte à avril 2010. Il est accusé par l’Onu d’avoir pris part à la planification et à la conduite de la mutinerie qui a abouti à l’arrestation du Premier ministre Carlos Gomes Junior dit Cadogo et de José Zamora Induta, alors chef d’État-major des armées.

En 2012, le Général Antonio Indjai est le meneur d’un coup d’État qui va interrompre le processus électoral poussant le Premier ministre Carlos Gomes Junior à l’exil. Néanmoins, des élections se tiendront en 2014. Indjai quitte son poste en septembre. Quelques mois plus tôt, il a été inculpé par la justice américaine pour avoir trempé dans le trafic de drogue et d’armes au profit des FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes).

« Il était considéré comme l’une des figures de déstabilisation les plus puissantes de Guinée Bissau, opérant librement dans toute l’Afrique de l’Ouest, utilisant des produits illégaux pour corrompre et déstabiliser d’autres gouvernements étrangers et saper l’état de droit de toute la région », décrit la note du bureau des Affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi.

En réalité, Indjai a attiré l’attention des États-Unis en trempant non seulement dans le trafic de drogue mais aussi à cause de ses liens avec les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), considérées comme une organisation terroriste par les américains.

Récolter des preuves irréfutables

Pour avoir le cœur sur les relations qu’entretenaient le militaire bissau-guinéen et les FARC, la DEA (Drug Enforcement Administration) monte une opération d’infiltration inédite. Il s’agira pour les américains de piéger Antonio Indjai qui vient de voler la vedette au contre-amiral Bubo Na Tchuto, alors chef d’État-major de la Marine. Il n’y verra que du feu ! L’officier supérieur bissau-guinéen est mis en relation avec des agents infiltrés de la DEA qui se sont fait passer pour des représentants des FARC.

Les deux parties ont eu des communications par téléphone, par courrier électronique et à l’occasion d’une série de réunions filmées, pendant plusieurs mois. Pendant ces réunions qui ont débuté en juin 2012 en Guinée Bissau et qui se sont poursuivies jusqu’en novembre de la même année, rapporte la DEA, Indjai, Manuel Mamadi Mane, Saliu Sisse, Gravito Garcia et Perez Garcia sont tombés d’accord pour recevoir et stocker des cargaisons de plusieurs tonnes de cocaïne appartenant aux FARC en Guinée Bissau.

D’après la DEA, les accusés ont accepté de recevoir la drogue au large des côtes de la Guinée Bissau et de garder la cocaïne dans des entrepôts dans le même emplacement avant son éventuelle expédition aux États-Unis où elle devait être vendue pour le bénéfice des FARC. Lors de ces mêmes réunions planifiées par les américains pour faire tomber ce beau monde, il a été convenu qu’une partie de la cocaïne serait utilisée pour payer des représentants du gouvernement de Guinée Bissau, y compris Indjai, pour avoir permis que la drogue transite en toute sécurité dans ce pays.

De même, il a été établi que c’est lors de ces réunions que Indjai, Mane, Sisse et Gravito Garcia ont décidé d’acheter des armes pour les FARC, y compris des missiles sol-air, en les important dans un premier temps en Guinée Bissau et en les faisant passer pour une commande de l’armée nationale.

Toujours dans le but de donner la preuve de l’implication d’Indjai dans ce trafic de drogue et d’armes au profit des FARC, les américains organisent une réunion le 30 juin 2012. À cette occasion, le chef des armées bissau-guinéennes et ses acolytes ont mis au point une stratégie pour transporter la drogue des FARC incognito. Ce, en passant par une société écran aux fins de pouvoir exporter la marchandise prohibée.

Traqué par les États-Unis 

C’est autant de preuves incriminant Indjai et qui expliquent son inculpation pour complot en vue de vendre des missiles à une organisation terroriste étrangère, de complot de narcoterrorisme, d’avoir apporté son soutien matériel à une organisation terroriste et de complot en vue d’importer des stupéfiants aux Etats-Unis.  

Munis de ces preuves irréfutables, les américains doivent maintenant procéder à l’arrestation de Indjai et du contre-amiral Bubo Na Tchuto. Le deuxième est intercepté le 3 avril 2013 dans un navire au large du Cap Vert, renseigne Jeuneafrique.com tandis que Antonio Nadja ne sera jamais pris. Extradé aux États-Unis, Bubo Na Tchuto plaide coupable et sera libéré trois années après.

De retour en Guinée Bissau en 2016, il a demandé sa réintégration dans l’armée au président Vaz, remplacé par Umaro Sissoco Embalo à l’issue des élections de décembre 2019. Sa tête mise à prix, Indjai doit quant à lui surveiller ses arrières pour éviter d’être « vendu » aux américains. 

DAKARACTU

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