Dans une lettre ouverte adressée au Maire de la ville de Dakar Barthélémy Dias, son collègue de Dakar-Plateau a émis des réserves sur le budget 2023 de l’institution municipale, qui s’équilibre en recettes et en dépenses, à la somme de 59 834 649 789 francs FCFA.
Par rapport à l’année 2022, le budget connaît une hausse absolue de 5. 880. 825. 949 francs FCFA, soit 9,82% en valeur relative. Alioune Ndoye de se poser des questions sur la sincérité du budget et évoque même sur certains aspects « une gabegie pour le seul confort du maire et de sa clientèle politique ». Il a demandé de reconvoquer le conseil municipal pour le vote du budget Voici la lettre in extenso.
Monsieur le Maire, L’article 253 du CCT précise qu’au moins un mois avant l’examen du budget d’une collectivité territoriale, un débat a lieu dans son conseil sur les orientations budgétaires. Vous avez ouvert ladite session budgétaire le vendredi 16 décembre 2022, pour escamoter le débat en le renvoyant à un séminaire qui débutait le même jour dans la commune de Saly du département de Mbour. Je vous rappelle que le conseil municipal qui ne peut pas déléguer ses attributions (a.156 du CCT), siège à l’hôtel de Ville, et que le maire peut décider de le réunir dans des locaux annexes de la mairie, lorsque l’ordre du jour le justifie (a.143 du CCT). N’ayant pas obtenu une convocation régulière comme précisé par le code (a.146), vous m’obligez à demander par écrit les réponses à ces interrogations qui mettent en doute la sincérité de ce budget que vous avez fait voter sans le respect du délai minimal d’un mois pour le débat d’orientations budgétaires, juste treize (13) jours après l’ouverture de la session, en vous assurant de l’absence de certains conseillers, rendant ainsi ce vote illégal.
A l’analyse, ce budget ne porte aucune ambition pour le développement socioéconomique de la ville, ne réservant que 31% à l’investissement (et lequel !), pour destiner 69% des 59,7 milliards à du fonctionnement fait de gabegie pour le seul confort du maire et de sa clientèle proche.
Sur la sincérité des recettes, il reste hasardeux de proposer une telle augmentation des impôts locaux qui représentent 79% des recettes propres de la ville, en extrapolant sur l’augmentation projetée par le gouvernement du PIB, sans aucune étude et analyse des secteurs de l’économie porteurs de cette création de richesses au niveau national. Nous aimerions dans cette logique connaitre vos critères de détermination d’une TOM de 4,5 milliards. Quels sont les équipements marchands exploités par la ville pour prévoir des recettes de 1,780 milliard après les modifications intervenues avec l’acte qui confèrent aux communes l’exploitation de ce type d’infrastructures ? Que recouvrent les deux (2) milliards de participation des communes ? Ces dernières ont elles voté ces participations dans leurs budgets 2023 ? Pourquoi les recettes d’une infrastructure aussi importante que la piscine olympique sont logées dans la rubrique des recettes éventuelles et imprévues et pour un si faible montant de 102 millions ? Est-ce l’aveu d’une gestion peu orthodoxe ? Quel est l’investissement concerné par le prêt BOAD ? et quel est son montant global en nous faisant tenir copie de la convention de prêt qui nous lie à cette banque, ainsi que les documents portant sur l’investissement financé ?
Pour les dépenses engagées non mandatées, vous voudrez bien nous préciser pour quelles structures ont été achetées les fournitures scolaires en 2022, en espérant qu’elles entrent dans les domaines de compétences de la ville. Avec l’avènement de l’acte 3, plus de 3,5 milliards de salaires ont été reversés aux communes, avec les structures dont la ville n’avait plus la gestion (écoles élémentaires, centres de santé, équipements marchands, etc.). Ce budget qui prévoit près de sept (7) milliards de salaires (28,37% des dépenses de fonctionnement), montre que ces charges salariales ont été reconstituées par la ville dans une démarche purement politicienne, puisque les structures d’accueil qui les justifiaient restent toujours à la charge des communes. En prenant au passage l’exemple des directeurs et chefs de services, combien sont-ils et combien sont dakarois, si l’on connait des exemples patents de directeurs qui ont utilisé les ressources de Dakar pour aller se faire élire dans leurs départements d’appartenance ? Les charges diverses de 7,550 milliards représentent 28,59%, et si on tient compte par exemple de l’absence totale d’implication de la commune de Dakar-Plateau où la ville tire près de 70% de ses recettes, on est tenté de dire sans risque de nous tromper que ces rubriques budgétaires abusivement dotées, serviront à des manipulations peu orthodoxes des fonds des dakarois. Que recouvrent les participations de 2,550 milliards et à quelles communes devront-elles servir concrètement ? Nous espérons que cette année, les 800 millions de secours aux indigents iront véritablement aux dakarois, et qu’il n’y aura pas deux guichets d’inscriptions, un quasi fictif pour faire croire aux populations que le système est équitable et démocratique, avec renfort de publicité, et un autre destiné aux réels bénéficiaires, géré sans lumière par des responsables politiques. Nous espérons aussi que les 500 millions prévus pour des denrées alimentaires feront l’objet d’un traitement conforme aux règles du code des marchés publics ! Il en est de même pour les 2,112 milliards prévus pour des bourses, les 200 millions pour les lieux de culte, les 500 millions pour les ASC. Vous voudrez bien nous rassurer aussi quant à la destination des 500 millions prévus en participations diverses dans le service 451. REPUBLIQUE DU SENEGAL Un Peuple – Un But – Une Foi ……… Commune de DAKAR-PLATEAU ______________________________
Enfin nous vous avions déjà demandé de nous fournir la convention de partenariat avec la SCI Fawzaini et Mafatihul Bichri pour l’exploitation de l’assiette foncière de l’exDAU et du parking du building communal, avant toute autorisation à vous donner pour sa signature, si l’on a en mémoire que vous avez mis à la disposition de la société Auchan les deux plus grands sites de la commune de Mermoz (boulangerie jaune et site occupé par les mécaniciens sur l’ancienne piste d’aviation), et les différents conflits avec les populations, sans parler de votre soutien aux initiatives politiciennes demandant le départ de ces mêmes investisseurs de notre pays. Nous vous avons demandé en même temps de nous fournir la preuve de la propriété de ce foncier par la ville avant de nous exposer à un autre conflit inutile. Vous comprendrez qu’un séminaire s’étalant du vendredi soir au lundi matin, avec un programme de travail qui ne dépassait pas 1h45, ne peut remplacer le débat d’orientation budgétaire d’un mois minimum imposé par la loi, et que tout vote sans ces prérequis ne fait que démontrer que ceux qui l’ont accepté ne se soucient pas véritablement des intérêts des dakarois.
En attendant les informations demandées ici, et en vous invitant à prévoir de reconvoquer le conseil municipal pour le vote du budget au bout d’un mois d’un véritable débat d’orientation budgétaire, nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, à l’assurance de notre considération distinguée. A/ M. Barthélémy DIAS Maire de la Ville de Dakar Alioune NDOYE
Copie : Préfet du département de Dakar
DAKARACTU