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La visite de Xi Jinping à Vladimir Poutine à Moscou, coup de pouce et médiation

Le président chinois est arrivé ce lundi 20 mars à Moscou. Cette visite d’État de trois jours en Russie, la première depuis quatre ans, est son premier déplacement depuis sa reconduction à la tête de l’État chinois. Un geste qui marque donc l’importance de la relation Pékin-Moscou et une bouffée d’oxygène aussi pour un président russe qui, il y a 48 heures, a été le premier chef d’État d’un pays membre du Conseil de sécurité de l’ONU à être visé par un mandat d’arrêt de la CPI.

L’avion du président chinois a atterri, il y a deux heures, à l’aéroport de Vnukovo. Son arrivée a été retransmise en direct, un traitement médiatique réservé aux hôtes importants. Ce n’est pas Vladimir Poutine qui l’a accueilli sur le tarmac, mais le vice-Premier ministre Dmitry Chernyshenko. La dernière fois que le chef de l’État russe a accueilli un dirigeant étranger à sa descente de l’avion, c’était Gerhard Schröder en 2004. À l’heure de l’arrivée de son homologue chinois, le président russe faisait un discours devant les cadres du ministère de l’Intérieur, selon l’agence de presse officielle Tass.

Les télévisions russes ont également retransmis les images du passage du cortège officiel dans les rues moscovites. Dans la capitale russe, les symboles du conflit commencent à s’installer. Ils étaient très rares jusqu’ici. Mais on commence à voir, en plus des portraits de soldats qualifiés de héros de la Russie, des affiches comme celle, récente, pour la célébration du printemps, qui représente un bouquet de pivoines juste au-dessus d’un canon d’artillerie.

Les deux chefs d’État ont chacun publié un article. « Voyage d’amitié, de coopération et de paix », écrit Xi Jinping dans la Rossiskaya Gazeta. La Chine veut se présenter comme un médiateur neutre dans le conflit en Ukraine. Le texte de Vladimir Poutine, lui publié, dès hier soir sur le site du Kremlin, salue bien « la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement du conflit » et en même temps le président russe vante la qualité des liens entre Moscou et Pékin, « supérieure à celle des unions politiques et militaires au temps de la Guerre froide ».

« Pour moi, c’est aussi une excellente occasion de revoir un bon vieil ami avec qui nous entretenons les relations les plus chaleureuses », a également écrit le président russe. Juste avant l’arrivée de son homologue chinois à Moscou, la Chine, par la voix d’un des porte-parole de sa diplomatie, a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à éviter le « deux poids deux mesures », après l’émission par cette juridiction d’un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine.

Les deux leaders vont « parler du plan chinois pour régler le conflit en Ukraine », a confirmé le Kremlin ce matin. Plan accueilli de manière mitigée en Russie. Mais le quotidien Izviestia, soulignait lui ce lundi 20 mars : « Un peu plus d’une semaine avant la visite négociée par la Chine, l’Arabie saoudite, proche partenaire des États-Unis, et l’Iran, son ennemi de longue date, ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques. Cela (..) a mis en évidence l’influence politique et économique croissante de la Chine dans une région longtemps façonnée par l’influence américaine. Dans ce contexte, cette image de médiateur dans le conflit ukrainien (bien que la Chine ne prétende pas particulièrement en être un) est probablement devenue encore plus agaçante pour les États-Unis ».

Xi Jinping a toujours critiqué ce qu’il appelle « les sanctions unilatérales contre la Russie ». Elles ont en tout cas eu pour conséquence l’explosion des échanges commerciaux russo-chinois.

Symbole de l’augmentation des investissements chinois en Russie, Xi Jinping loge à Moscou à l’hôtel Soluxe, fleuron moscovite d’une chaîne d’hôtellerie chinoise ouvert l’année dernière. Le commerce bilatéral a d’ailleurs doublé en 2022 et atteint presque 190 milliards de dollars, selon les douanes chinoises.  La part du yuan dans les devises extérieures pour le commerce russe insignifiante il y a un an ( 0,5 %) s’est envolée à 16 %. Certains analystes ici osent parler de « vassalisation ». Le Kremlin, dès vendredi, insistait sur une relation d’égal à égal.

RFI

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