Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice et universitaire respecté, comparaît au fond devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Une audition redoutée, dans un dossier explosif mêlant argent liquide, foncier public et soupçons de corruption au sommet de l’État.
Inculpé et placé sous bracelet électronique, l’ex-Garde des Sceaux est accusé d’avoir perçu 50 millions FCFA en espèces dans des conditions troubles, selon les déclarations croisées de deux anciens collaborateurs : Cheikh Gueye, patron de l’entreprise TCS, et Mohamed Anas El Bachir Wane, ex-directeur des Constructions du ministère de la Justice.
De l’intégrité à la controverse
Tout est parti d’un projet ambitieux : la construction d’un centre de surveillance pour porteurs de bracelets électroniques, estimé à 576 millions FCFA, sur une assiette foncière de 9598 m² attribuée au ministère de la Justice. Faute de budget, un partenariat public-privé est envisagé entre le ministère, dirigé à l’époque par Ismaïla Madior Fall, et TCS, l’entreprise de Cheikh Gueye.
Un protocole est signé : TCS construit sur ses fonds, et reçoit en retour une portion du terrain. Mais l’accord capote. Selon Cheikh Gueye, cela fait suite à son refus de verser 200 millions FCFA supplémentaires après avoir déjà remis 50 millions en liquide, dans le bureau du ministre, en présence de Wane.
Accusations croisées et versions contradictoires
Devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC), Mohamed Anas El Bachir Wane confirme avoir assisté à la remise des fonds. De son côté, Ismaïla Madior Fall conteste formellement : il affirme que l’argent lui a été présenté comme un don gracieux — qu’il aurait refusé et restitué immédiatement.
DAKARACTU