l’Africain européanisé penserait qu’en Afrique la femme ne représente ni ne pèse rien en dignité et en respect. La société africaine, contrairement à ce que pense nombre d’étranges venu d’au-delà des mers, n’est pas le lieu géométrique à partir duquel s’est construit et entretenu l’inégalité entre Homme et Femme. Cette dernière a été honorée avant même la Charte mandingue du Kouran Kan Fouga de Soundiatta Keita. La femme avait droit d’accès à la terre et participer pleinement à la conquête et l’exercice du pouvoir politique: Aline sitoe diatta, Ndatté yalla sans citer Lat Dior qui a pris les rênes du Cayor par sa lignée maternelle.
L’ordre féminin doux d’apparence n’a point autant mis mal à l’aise le désordre masculin dont la folie a fait dire “tous les hommes sont malades”.
Le traité de Djaw signait le 08 mai 1819 imposait au royaume animiste du Walo une colonisation agricole. Le mardi 07 mars 1820, alors que les hommes quittaient le village pour les champs, des hommes Maures animés d’une volonté de nuire pénètrent le village NDER, alors capitale du royaume du walo, pour soumettre des femmes, dont l’écho de la dignité se fait encore ressentir, à l’esclavage.
Prenant l’allure d’hommes de bravoure, les femmes battérent les hommes qui capitulérent à la fin. Manifestant la joie d’un courage féminin qui prit le pas sur une folie masculine, les femmes laissèrent tomber les habits trompeurs dont elles portaient ; ce qui a levé l’excitation d’hommes battus prêts au pire pour venger contre des femmes porteuses de victoire et vibrant au plaisir de gagner. Préférant le respect à l’esclavage, les femmes s’immolérent par le feu , sous l’autorité de la linguére Fatim Yamar Khouryaye Mbodji.
Ce 07 de NDER précède ce 08 de la communauté Internationale qui célèbre, précisons-le, non pas la femme, mais ses droits. Le 08 mars n’est pas, en effet, contrairement à ce que pense l’opinion, la journée internationale de la femme. Elle est plutôt la journée internationale des droits de la femme. Une précision terminologique commande de tracer la ligne de démarcation entre la femme et les droits de la femme.
En droit, la femme est dotée de la personnalité juridique. Or, la personnalité juridique implique que la femme soit sujet de droits et redevable d’obligations. Les droits prennent en compte et en charge les prérogatives et exclut de son champ les obligations. Il n’existe pas alors une réelle correspondance entre la femme et ses droits. Déclarer une journée consacrée à ses droits comme une journée célébrant la femme elle-même relèverait d’une pure extension extensive.
La journée du 08 mars est l’occasion pour la communauté Internationale d’analyser la situation de la femme dans le monde pour apprécier les inégalités et les préjudices que subissent les femmes partout. Elle devrait donc pas être pour la femme, l’occasion d’afficher sa nudité et sa richesse corporelle. Elle doit la pousser à faire comprendre qu’elle est vie pour l’homme et vitalité pour la société.
MOUSSA FALL, M1 DROIT PUBLIC UFR_SJP/UGB