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Sommet UA-UE : quand la question de réparation des crimes historiques est occultée

La question des réparations pour les crimes commis pendant l’esclavage et la colonisation en Afrique est un sujet complexe et sensible. L’Union africaine (UA) a fait de cette question un thème central pour l’année 2025, mais l’Union européenne (UE) semble réticente à aborder la question des compensations financières.

À Luanda lors du 7e Sommet des dirigeants européens et africains, la question des réparations des crimes commis, contre l’Afrique, pendant plus de 04 siècles d’esclavage et de colonisation, n’a pas été évoquée.

En effet, l’UA et certains pays africains exigent des réparations pour les préjudices subis pendant l’esclavage et la colonisation. Cependant, l’UE reconnaît son rôle dans l’esclavage et la colonisation, mais est réticente à aborder la question des compensations financières. Certains parlementaires européens, comme Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen, soutiennent la nécessité de reconnaître la dette historique de l’Europe envers l’Afrique et de prendre des mesures pour annuler cette dette.

« Il ne faut pas se cacher derrière les masques et avoir une hypocrisie dans le discours, nous avons des intérêts en Afrique… J’ai entendu, ce matin, la première ministre italienne et le président Macron, également. Il y a une dette qui est une dette historique aussi. Nous devons, aujourd’hui, prendre le chemin d’une annulation de cette dette historique, parce qu’elle représente un fardeau, un poids considérable pour les pays africains. Nous-même, en Europe, nous savons combien l’endettement des États est un frein pour la croissance et le développement. Donc, il faut prendre ce chemin, nous n’avons que trop attendu. Je me souviens, à une autre époque, le président français de l’époque, François Mitterrand, avait pris un engagement extrêmement important, il faut aujourd’hui avancer », dira le parlementaire Européen.

Les arguments en faveur des réparations

L’esclavage et la colonisation ont causé des préjudices considérables aux populations africaines et ont contribué à la richesse de l’Europe. Ainsi, les réparations sont nécessaires pour reconnaître la responsabilité de l’Europe et pour aider les pays africains à se développer. Pour le peuple noir, la question des réparations est un impératif moral et politique qui nécessite une action urgente.

Dans les coulisses brouillant du 7e Sommet à Luanda, le président du Parlement panafricain, le Zimbabwéen Chief  Fortune Charumbira, a parfaitement souligné cette gêne de l’UE d’aborder la fâcheuse question de la compensation. « Nous en tant que parlement panafricain croyons en la nécessité des réparations, par rapport au passé et aussi pour la justice. C’est d’ailleurs le thème central à l’Union africaine pour l’année 2025. Le Parlement Européen semble dire que les œuvres culturelles collectées en Afrique doivent retourner sur le continent. Mais quand il s’agit de parler de la compensation, il semble très réactif, car cela entraînerait de lourdes compensations financières. Ils restent donc plutôt ouverts sur la question de la restitution des objets culturels. Pour ce qui est de la question des compensations, nous allons continuer à faire pression jusqu’à l’obtention d’un réel compromis », précise-t-il.

Les défis à relever

Les pays africains doivent renforcer leurs capacités économiques et juridiques pour négocier des réparations justes et équitables. Comment l’UE doit-elle reconnaître sa responsabilité et prendre des mesures concrètes pour réparer les préjudices causés?

Pour le Dr. Omar Alieu Touray, Président de la Commission de la CEDEAO, la question des réparations est un sujet de discussion entre nous en tant que partenaire, et qu’il faut approfondir les discussions. L’histoire, considère t-il, ne peut pas l’oublier. « Certains ont pensé qu’on était en train d’instrumentaliser l’histoire, mais ce n’est pas le cas, l’histoire à beaucoup à faire avec nos États actuels, nos relations actuelles et l’état actuel de notre continent. Nous devons nous mettre ensemble pour voir comment corriger les problèmes de l’histoire et du passé. »

Afin d’avancer, vigoureusement, sur la question des réparations, des élites africaines invitent l’UA à accentuer les recherches fragmentaires sur les préjudices subis par l’Afrique et les personnes d’ascendance africaine. Ce plan doit être complété par un plaidoyer stratégique, une action juridique et un renforcement des capacités économiques afin de parvenir à une justice réparatrice significative, présentée non pas comme une simple revendication financière, mais comme un impératif moral et politique.

DAKARACTU

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