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Sénégal : une justice aux ordres

 

« La justice manque d’indépendance, il y a une main mise sur son fonctionnement » Souleymane Téliko président de l’Union des Magistrats du Sénégal

 

Depuis l’avènement de la deuxième alternance on a constaté un réel malaise dans le pouvoir judiciaire au Sénégal. Avec un président qui manipule clairement la justice pour neutraliser ses adversaires politiques au vue et au su de tous.  Cela a commencé avec le procès de Karim Wade où le limogeage en plein procès et par décret présidentiel d’un procureur devenu  incontrôlable  selon les mots du Garde de Sceaux et la fracassante démission d’un assesseur pour incompatibilité d’éthique et de déontologie avec le président de la Cour. Tous ces manquements avaient finis de violer l’ensemble de la procédure. Karim Wade avait été condamné par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite à 6 ans de prison ferme. La liste des 24 autres accusés par la CREI a subitement disparu de la circulation après la condamnation de Wade fils.

 

 

Le verdict du procès de Khalifa Ababacar Sall avec l’indignation générale qu’elle a suscité montre clairement que les sénégalais n’ont plus confiance en leur justice. Ce qui est tout à fait normal car le président Macky Sall a lui-même dit lors d’une interview avec Jeune Afrique : « j’ai des dossiers sous mon coude, je peux les sortir » ceci en dit long sur l’état de la justice au Sénégal. Parce que tous les rapports qui ont épinglés les pontes du régime dorment dans les placards du président.  Le juge Ibrahima Amadou Dème qui a démissionné récemment de la magistrature la bien confirmé en disant : « Il faut néanmoins souligner que le naufrage de la justice, c’est non seulement un manquement du Président de la République à son obligation constitutionnelle de garantir l’indépendance de cette institution ; mais c’est avant tout la responsabilité d’une importante partie de la hiérarchie judiciaire qui a distillé dans le corps, une culture de soumission qui a progressivement remplacé une longue culture d’honneur, de dignité et d’indépendance. »

 

 

Cependant tout ceci  a été rendu possible par le fait que nous sommes dans un régime présidentiel où le président a des pouvoirs exorbitants à la limite monarchiques. Et parmi ces pouvoirs c’est le Président de la République qui préside le Conseil Supérieur de la Magistrature. Ceci est un obstacle majeur à l’indépendance de la justice. A ce titre l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) avait invité Macky Sall à quitter la tête du CSM, ce que ce dernier n’a pas l’intention de faire. Par conséquent tant que cette situation persistera, on aura toujours une justice à deux vitesses au Sénégal. C’est  plus un problème de système que d’homme et le prochain régime qui succédera à la coalition Benno Bok Yakaar doit carrément changer ce système pour rendre enfin à la justice sénégalaise son indépendance…

 

 

ALIOUNE ASSE SECK

 

 

 

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