La toute fin de l’organisation indépendantiste terroriste basque ETA est désormais achevée, consommée. Les pistoleros ont mis en scène leur dissolution, dans la commune française de Cambo-les-Bains. Et ce, après près de 60 ans d’existence, après 826 victimes et aucun résultat politique obtenu. A Madrid, on snobe cet événement qui clôt une page noire de l’histoire espagnole.
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Il n’y a pas eu de dissolution de ETA, ETA n’a pas choisi de disparaître. C’est la démocratie espagnole qui l’a vaincue, telle elle est la réalité. Ce sont les mots de Mariano Rajoy, après la cérémonie organisée dans la commune française de Cambo-les-Bains.
Le chef du gouvernement n’aurait voulu en aucun cas y participer, cela serait revenu, a-t-il dit, à cautionner la trajectoire sanglante et criminelle de l’organisation armée basque. Mariano Rajoy n’avait jamais prêté attention ni au désarmement d’ETA en avril 2017 ni à la demande de pardon partielle des séparatistes radicaux le mois dernier.
De la même façon, le chef du gouvernement espagnol n’a pas voulu accorder d’importance à cette rencontre internationale avec des médiateurs. Il a simplement reconnu que la disparition d’ETA était « une bonne nouvelle », et surtout, « cela signifie que ses 60 ans d’histoire ont été un échec ».
Reste à savoir désormais ce que le gouvernement Rajoy va faire sur la question cruciale des 297 prisonniers basques restants. Le président régional basque, le nationaliste modéré Inigo Urkullu, est très favorable, maintenant qu’ETA a disparu, à leur rapprochement dans des prisons au Pays basque ou proches du Pays basque.
Pour l’heure, Mariano Rajoy se montre intraitable. Pas question de céder et d’appliquer cette mesure humanitaire. Dans les semaines à venir, toutefois, il pourrait se voir obliger à faire cette concession.