Politique

Les élections au Mexique endeuillées par le meurtre d’une militante

Le meurtre d’une militante politique dimanche peu avant l’ouverture du scrutin présidentiel au Mexique a illustré l’un des enjeux principaux de l’élection, dont le favori est le candidat de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, qui promet d’en finir avec la violence et la corruption.

Flora Resendiz Gonzalez, militante du Parti des Travailleurs (PT, opposition), a succombé à ses blessures après “avoir été blessée par balles à 6h30 locales” dans la localité de Contepec, dans l’Etat du Michoacan (ouest), selon un communiqué des autorités judiciaires.

La campagne électorale était déjà considérée comme “la plus sanglante” de l’Histoire du Mexique, avec au moins 145 assassinats d’hommes politiques selon le cabinet d’études Etellekt.

Dans un pays en proie aux cartels de narcotrafiquants, un record de 25.000 meurtres a été enregistré en 2017 et la population a l’impression que la classe politique traditionnelle, minée par les scandales de corruption, ne fait rien pour enrayer ce fléau.

A 64 ans, “AMLO”, comme on le surnomme, a su capitaliser sur l’exaspération générale en se présentant comme le candidat anti-système qui chasserait “la mafia du pouvoir” en prenant la suite de l’impopulaire Enrique Peña Nieto. Résultat: il devançait de plus de 20 points ses principaux concurrents dans les sondages.

Dimanche matin, il est arrivé, tout sourire, à son bureau de vote de Mexico, faisant de la main le V de la victoire.

“C’est un jour historique” et “nous représentons la possibilité d’un changement véritable, d’une transformation, c’est pourquoi ce jour est important”, a-t-il déclaré à la foule de journalistes venus l’attendre.

“Nous allons réussir cette transformation sans violence, de manière pacifique” et”bannir du pays la corruption, le principal problème du Mexique”, a promis celui qui s’était déjà présenté deux fois à l’élection, sans succès, et se définit comme “têtu”.

Derrière lui, le jeune conservateur Ricardo Anaya, 39 ans, vante sa “modernité” à la tête d’une coalition de droite et de gauche, se voulant davantage inspiré par la Silicon Valley que par les caciques de la politique mexicaine.

Troisième dans les sondages, José Antonio Meade, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, droite), un indépendant choisi par le parti au pouvoir, souffre justement de l’image de corruption et clientélisme du parti du président sortant.

– 18.000 mandats renouvelés –

“Tout semble indiquer qu’Obrador sera le gagnant”, confiait à l’AFP Gustavo Félix, chauffeur de taxi de 56 ans. “J’espère seulement qu’il ne sera pas le grand gagnant aussi au Parlement, parce que sinon, nous vivrons en dictature”.

Outre le mandat présidentiel, les 89 millions d’électeurs mexicains renouvellent en effet plus de 18.000 mandats, dont les sièges de 500 députés et 128 sénateurs, ainsi que de nombreux postes régionaux ou locaux.

Les premiers résultats officiels sont attendus vers 04H00 GMT lundi, quelques heures avant un très attendu match de huitièmes de finales du Mondial de Russie, où le Mexique affrontera le Brésil, de quoi détourner l’attention de la population.

Pourtant, si les pronostics se confirment, les élections marqueront un tournant dans la vie politique du Mexique, avec un président de gauche pour la première fois de son histoire moderne.

En Bolivie, le chef d’Etat socialiste Evo Morales a appelé le prochain dirigeant du Mexique à “regarder vers le sud, pour que, unis sur la base de notre identité latinoaméricaine, nous luttions contre les assauts de l’empire” des Etats-Unis.

– “Gouvernement austère” –

AMLO, ancien maire de Mexico (2000-2005), promet de faire reculer la pauvreté qui fait le lit des cartels et de combattre la corruption pour financer des programmes sociaux.

Il propose un “gouvernement austère, sans luxe ni privilèges”, qui réduira de jusqu’à 50% les salaires des hauts fonctionnaires, dont le sien, et promet de transformer en centre culturel la résidence présidentielle de Los Pinos, “hantée” selon lui à cause des mauvaises ondes.

De nombreux Mexicains et analystes critiquent son manque de propositions concrètes et sa rhétorique “populiste”, craignant qu’il n’entraîne le pays sur la voie du Venezuela.

“Son discours et sa façon d’accéder au pouvoir ne sont pas très différents de Trump ou Chavez (…). Malheureusement, Lopez Obrador pourrait aussi exercer le pouvoir à travers ce type de discours”, commente à l’AFP l’analyste politique Fernando Dworak en faisant référence aux présidents américain et vénézuélien.

Beaucoup s’interrogent sur la relation qu’il pourrait avoir avec Donald Trump sur des sujets aussi cruciaux que la crise migratoire ou la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna).

Le président américain, dont l’une des principales promesses de campagne était d’ériger un mur à la frontière avec le Mexique, a d’ailleurs montré dimanche qu’il était attentif au scrutin. “On va va avoir une élection. Cela va être aussi intéressant”, a-t-il dit, prédisant que celui qui succèdera au président Peña Nieto “va être très bien, et la raison à cela, c’est que s’ils ne sont pas très bien”.

Assurant que Trump “a hâte de rencontrer” son futur homologue mexicain, son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a lui estimé sur Fox News qu'”une rencontre entre les deux dirigeants peut donner des résultats étonnants”.

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