Politique

Affaire Khashoggi: Trump se défend de couvrir son allié saoudien

Le président américain Donald Trump a nié mercredi chercher à « couvrir » ses alliés saoudiens dans l’affaire Jamal Khashoggi, en disant s’attendre à ce que la vérité soit connue « d’ici la fin de la semaine » sur le sort de ce journaliste qui aurait été assassiné à Istanbul par des tueurs envoyés par Riyad.

« Non, pas du tout, je veux juste savoir ce qui se passe », a dit M. Trump à des journalistes à la Maison-Blanche. « Je ne couvre pas du tout » les Saoudiens, a-t-il insisté.

Signe de la complexité du dossier pour les Américains, il n’a pas pour autant cherché à masquer les énormes intérêts stratégiques qui lient les États-Unis à l’Arabie saoudite, indiquant qu’il ne souhaitait pas prendre ses distances avec le royaume.

Il a souligné que les États-Unis avaient besoin de l’Arabie saoudite dans la lutte contre le terrorisme et insisté une nouvelle fois sur la coopération militaire et sa dimension économique.

« Franchement, nous avons un énorme contrat [d’armement] de 110 milliards », a-t-il dit.

 « Des sénateurs viennent me voir et me disent que nous ne devrions pas prendre ce contrat. Mais à qui allons-nous faire du mal ? Cela représente 500 000 emplois », a-t-il affirmé, en allusion à des contrats annoncés en mai 2017, mais dont une grande part ne s’est cependant pas encore concrétisée.

Les deux premières années du mandat de Donald Trump ont été marquées par un resserrement des liens avec l’Arabie saoudite dans une alliance face à l’Iran, accusé de continuer à nourrir des ambitions nucléaires et de déstabiliser le Moyen-Orient.

Sous une pression croissante, les autorités saoudiennes nient avoir connaissance du sort du journaliste, qui s’est installé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour. Mais de nouveaux indices accréditent la thèse de l’assassinat de Jamal Khashoggi au consulat saoudien.

Des informations du New York Times, photos à l’appui, renforcent en effet les soupçons à l’encontre de Riyad : selon le quotidien, l’un des hommes identifiés par les autorités turques comme faisant partie de l’équipe soupçonnée d’avoir perpétré l’assassinat appartient à l’entourage du prince hériter saoudien Mohammed ben Salmane, dit « MBS », et trois autres appartenaient aux services de sécurité rattachés au prince.

« Nettoyage diplomatique »

Washington continue malgré tout de ménager Riyad. Le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est entretenu mardi dans la capitale saoudienne avec le roi Salmane et le prince héritier, considéré comme l’homme fort du royaume.

Le quotidien Washington Post, pour lequel écrivait parfois Jamal Khashoggi, a accusé Donald Trump et son gouvernement de mener une « opération de nettoyage diplomatique » pour préserver Riyad et Mohammed Ben Salmane, en épinglant « le large sourire » de M. Pompeo lorsqu’il a rencontré le prince.

« Pourquoi l’administration Trump fait-elle le ménage pour le compte de l’Arabie saoudite ? », s’est demandé le journal.

Mercredi, M. Pompeo a rencontré à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’est lui aussi à ce stade gardé d’incriminer ouvertement Riyad. Le secrétaire d’État américain a ensuite rencontré son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, et est reparti d’Ankara sans faire de déclaration à la presse.

Les autorités turques ont effectué une fouille au consulat lundi et ont entamé mercredi après-midi des recherches dans la résidence du consul Mohammad Al-Otaibi qui, selon les médias turcs, était présent au consulat quand l’assassinat supposé a eu lieu.

M. Al-Otaibi a quitté Istanbul mardi après-midi à destination de Riyad.

« Torturé » et démembré

La presse turque a publié de nouvelles révélations accablantes pour Riyad, selon lesquelles Jamal Khashoggi a été torturé et assassiné dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre.

Le journal pro-gouvernemental turc Yeni Safak, affirmant s’appuyer sur des enregistrements sonores réalisés à l’intérieur du consulat, rapporte mercredi que le journaliste y a été torturé avant d’être « décapité » par des agents saoudiens.

Les États-Unis ont demandé à avoir accès à cet enregistrement « s’il existe », a assuré Donald Trump.

Le site Middle East Eye, se basant sur les mêmes bandes sonores, a affirmé que l’assassinat avait duré sept minutes et que les agents saoudiens avaient commencé à découper en morceaux le corps du journaliste alors qu’il était encore en vie.

Des responsables turcs avaient indiqué quelques jours après sa disparition que M. Khashoggi avait été assassiné au consulat par une équipe de 15 agents spécialement dépêchés par Ryad, qui dément.

Lundi soir, des médias américains avaient rapporté que l’Arabie saoudite envisageait de reconnaître que le journaliste était mort lors d’un interrogatoire qui aurait mal tourné.

Selon CNN, Ryad envisagerait de publier un rapport concluant que l’opération a été menée « sans autorisation ni transparence », dédouanant ainsi l’État saoudien, et que « les personnes impliquées seront tenues pour responsables ».

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