Dos au mur et respectivement menés 2-1 par les Sixers et les Bucks, les Raptors et les Celtics s’apprêtent à disputer un match 4 décisif. Avec presque déjà une interdiction de perdre. Surtout qu’avec les décisions à venir de Kawhi Leonard et Kyrie Irving cet été, l’enjeu dépasse le cadre d’une qualification pour les finales de Conférence à l’Est.
Masai Ujiri et Danny Ainge, les dirigeants à la tête des Raptors et des Celtics, sont considérés parmi les plus fins stratèges du championnat. Implacables dans les affaires, quitte à parfois sacrifier des figures de la franchise, ils rêvent de grandeur pour leur organisation : ils rêvent de titres. Et pour ça, ils ont tous les deux été prêts à prendre des risques. Ils ont tous les deux misé sur une superstar mécontente dans son ancien club, en fin de contrat, et ce malgré le fait que les joueurs en question – Kawhi Leonard et Kyrie Irving – n’avaient pas inclus Toronto et Boston sur la liste de leurs destinations préférentielles au moment de manifester leurs envies de départ. Ujiri et Ainge ont à chaque fois osé se séparer d’un All-Star très populaire – DeMar DeRozan et Isaiah Thomas – pour mettre le grappin sur un basketteur qu’ils imaginent capables de mener l’équipe encore plus loin.
Léger retour en arrière, en juillet dernier. Coup de tonnerre dans l’univers NBA avec le transfert de Kawhi Leonard. On savait qu’il voulait quitter les Spurs. C’est la prise de risques des Raptors qui a surpris tout le monde. Ujiri a inclus DeMar DeRozan, l’icône de la franchise, dans l’échange. Il l’a expédié à San Antonio un an seulement après lui avoir filé un contrat maximum, époque où DeRozan parlait de finir sa carrière sous la tunique de Toronto. Un choc. Surtout que Leonard était à quelques mois de l’expiration de son contrat et qu’il ne jurait alors que par son Los Angeles natal. Une décision sacrément culottée de la part du dirigeant de l’équipe canadienne. Mais avec une ambition derrière, celle de mener enfin l’organisation en finales NBA. Ce qu’elle ne serait probablement jamais parvenu à atteindre avec DeRozan, un excellent joueur qui a montré ses limites en playoffs.
Leonard est monstrueux… mais les Raptors sont catastrophiques sans lui
Jusqu’à présent, Leonard a plus que justifié les espoirs placés en lui. Il a été fantastique depuis le début des playoffs. Au point de faire une plus forte impression en sept matches que DeRozan en trois ou quatre campagnes. Il est le deuxième meilleur marqueur de la compétition avec 31 points par match, juste derrière un Kevin Durant stratosphérique. Sauf que voilà, sa formation est tout de même dos au mur. Les Sixers ont pris l’avantage 2-1 contre les Raptors, et ce malgré trois performances de mammouth de Kawhi. Le prochain match, disputé ce soir, aura lieu à Philadelphie. Avec donc une occasion pour Joel Embiid et les siens de faire le break et de mener 3-1. Un score traditionnellement quasiment insurmontable (même si l’histoire récente – le titre des Cavaliers en 2016 par exemple – prouve que ce n’est pas impossible).
Plus que la désillusion d’une sortie au second tour, c’est aussi la manière qui peut décourager Kawhi Leonard de rester dans l’Ontario. Il est parfois complètement esseulé ! Paradoxal, quand on lit les noms qui peuplent l’effectif de la franchise. Il y a une statistique abyssale qui illustre à quel point les Raptors sont dépendants de ses cartons offensifs. Quand il est sur le terrain contre Philadelphie, Toronto marque 110 points sur 100 possessions et n’en encaisse que 101. En revanche, quand il est sur le banc, le rating offensif n’est plus que de 56 points sur 100 possessions (!), pour 110 encaissés ! Ridicule. Alors, certes, les échantillons sont faibles – 27 minutes sans Leonard – ce qui explique les chiffres un peu déroutants. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les Raptors sont complètement à la ramasse dès que leur meilleur joueur n’est pas sur le terrain.