Les Mauritaniens élisent samedi le successeur du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui devra à la fois préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel, en assurer le développement économique et y faire progresser le respect des droits humains.
Ce scrutin doit marquer la première passation de pouvoirs entre deux présidents élus dans ce pays secoué par de nombreux coups d’Etat de 1978 à 2008, date du putsch de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui était alors général.
Mais les cinq adversaires du candidat du camp présidentiel, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, lui aussi ex-général – M. Ould Abdel Aziz ne pouvant se représenter après deux mandats – dénoncent une volonté de perpétuation d’un régime “militaire” et des risques de fraude.
Ils se sont engagés à se soutenir en cas de second tour le 6 juillet.
Des files d’attente se sont constituées dès l’ouverture dans le quartier chic de Nouakchott où votent la quasi-totalité des candidats, une affluence inhabituelle à cet horaire.
M. Ould Ghazouani, qui a voté en début d’après-midi au stade de la capitale entouré par un imposant déploiement policier, a salué le déroulement du scrutin et félicité “le peuple mauritanien pour sa maturité politique”.
Auparavant, M. Ould Abdel Aziz a appelé à choisir un président qui conduise le pays “sur la voie de la sécurité et de la stabilité”. Il a prédit à plusieurs reprises un “retour en arrière” si son compagnon d’armes de toujours n’était pas élu.
L’ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007) Sidi Mohamed Ould Boubacar, considéré comme son principal rival, a voté dans la même école qu’un autre candidat, l’opposant historique Mohamed Ould Moloud.
“Nous restons vigilants, prêts à dénoncer toute tentative de fraude”, a prévenu M. Ould Boubacar, soutenu par une large coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale formation d’opposition, ainsi que par le puissant et richissime homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou.
Il a relevé des “indices inquiétants”, citant notamment l’absence d’observateurs internationaux et la composition de la Commission électorale.