C’est à partir de sa page facebook que l’ex ministre s’est exprimé sur le scandale de la répartition de l’aide alimentaire aux plus démunis qui n’en finit pas de créer la polémique dans le pays.
Dès le début de cette Crise sanitaire, j’ai alerté les pouvoirs publics, pris position et réaffirmé mon engagement de soutenir les mesures prises par le Gouvernement afin d’endiguer la Pandémie Covid-19.
A la suite de l’allocution du Président de la République, j’ai lancé la plateforme citoyenne “CORONA-221” pour participer à la sensibilisation de nos compatriotes sans aucune arrière-pensée politicienne.
C’est dans ce cadre que du jeudi 9 au samedi 11, une mission dans le centre du pays (Kaffrine, Kaolack, Fatick) m’a permis de recueillir des témoignages selon lesquels la liste des bénéficiaires de la bourse de sécurité familiale (BSF) qui sert aussi de référence à la distribution de l’aide alimentaire de 69 milliards, est piégée car renfermant des personnes n’ayant pas le statut requis pour être considérés comme chefs de ménages en difficulté.
En lieu et place des véritables nécessiteux, on a privilégié le clientélisme politique et le népotisme dans le choix des BSF des dernières générations.
En effet, dans le département de Kaffrine plusieurs cas de fraudes m’ont été signalés. Des adjoints au maire ont inscrit leur femme ou frère. Dans un village du département de Birkelane, seuls les militants de l’Apr bénéficient de la BSF. Des chefs de quartier ont inscrit femme, frère ou fils célibataire qui habitent la même concession. Même des femmes d’employés municipaux ont été recensées pour tromper la vigilance des autorités administratives.
Dans le département de Nioro, c’est la même supercherie que des politiciens véreux, des imams ou des chefs de villages, ont utilisé pour inscrire leurs frères, leurs fils célibataires ou leurs militants parmi les bénéficiaires de la BSF. Un chef de village s’est même permis de comptabiliser tous les ménages de son quartier qui portent le même patronyme. Renversant!
Dans le département de Koupentoum, des listes des bénéficiaires sont établis par des chefs de villages sans aucun contrôle sur le terrain, laissant la porte à des abus.
Aujourd’hui, vient l’heure de tirer la sonnette d’alarme sur les risques de mauvaise gestion des deniers publics mobilisés dans le cadre du soutien aux ménages impactés par les contrecoups de la crise. Il urge de conjurer un scandale en perspective.
Fermer les yeux sur de tels travers, c’est cautionner la fraude et le détournement d’objectifs qui pourraient engendrer un désordre social aux conséquences imprévisibles. Ce que je refuse au nom de ma citoyenneté.
C’est pourquoi, pour plus d’équité et de transparence dans la gestion de l’aide alimentaire, nous tenons à dénoncer de tels manquements.
Ensemble, exigeons la publication par affichage devant les sous-préfectures, les mairies ou devant les bureaux de poste, des listes de tous les ayants-droits des BSF. Le cas échéant, permettre aux autorités administratives de corriger tout abus que doivent dénoncer les populations ainsi spoliées de leur dû.
Car, la solidarité au profit des plus démunis ne doit pas servir à entretenir une clientèle politique ou affecter nos maigres ressources aux membres d’une même famille et laisser sur le carreau les véritables nécessiteux.
Alors, je lance un appel au Président de la République afin que de tels travers soit jugulés pour préserver le consensus national réalisé autour de lui, contre le Covid-19. Tirer la sonnette d’alarme est aussi pour nous une forme de soutien qui ne saurait signifier licence à tout ou blanc-seing.
Par Babacar Gaye
