International

Biélorussie Manifestation dispersée à Minsk contre l’investiture surprise de Loukachenko

Des États européens ont dénoncé l’obstination de M. Loukachenko, Berlin déclarant « ne pas le reconnaître », faute de « légitimité démocratique ».

Selon des correspondants de l’AFP, jusqu’à 5000 personnes ont défilé dans la soirée contre le chef d’État sur l’avenue des Vainqueurs, dans le centre de la capitale biélorusse.

Des canons à eau sont ensuite entrés en action et des policiers antiémeutes encagoulés ont procédé à des dizaines d’arrestations. Au moins deux personnes ont été blessées par des coups de matraque, selon des témoins interrogés par l’AFP. Du gaz lacrymogène a également été utilisé.

L’ONG de défense des droits de la personne Viasna a recensé au moins 33 interpellations.

Couronne en carton

De nombreux protestataires portaient de fausses couronnes en carton sur la tête, dans une allusion à la prestation de serment du président Loukachenko.

« Nous ne t’avons pas choisi ! », « Tu n’as pas pris tes fonctions, tu es juste devenu complètement sénile ! », pouvait-on lire sur des affiches portées par des protestataires.

Fait exceptionnel, la cérémonie d’investiture de M. Loukachenko n’a été annoncée mercredi qu’une fois terminée, par l’agence de presse d’État Belta puis la présidence.

Dans la matinée, le cortège présidentiel avait défilé à toute vitesse sur l’artère principale de Minsk, fermée au public, et les forces de l’ordre avaient été déployées en nombre autour de la présidence.

« Cette prétendue investiture est évidemment une farce », a dénoncé Svetlana Tikhanovskaïa, la principale rivale de M. Loukachenko, qui s’est exilée en Lituanie et qui a une nouvelle fois revendiqué sa victoire à la présidentielle d’août.

Le gouvernement allemand a quant à lui jugé que « le secret » entourant la cérémonie d’investiture était « révélateur » des faiblesses du régime et que faute de « légitimité démocratique », Berlin ne reconnaissait pas la réélection de M. Loukachenko.

Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a aussi affirmé ne pas reconnaître la réélection de M. Loukachenko.

Le chef de la diplomatie lituanienne, Linas Linkevicius a raillé « une investiture frauduleuse », tandis que le porte-parole de la diplomatie lettonne a soutenu qu’elle ne faisait qu’« aggraver » la crise politique en cours.

« Révolution de couleur »

Pour l’opposition, cette cérémonie, qui devait avoir lieu légalement avant le 9 octobre, a été organisée en catimini de crainte d’une nouvelle grande manifestation.

Dans son discours, M. Loukachenko a affirmé que son pays avait résisté à une « révolution de couleur », surnom donné en ex-URSS aux mouvements populaires ayant fait s’effondrer plusieurs régimes autoritaires depuis le début des années 2000.

« Notre État était face à un défi sans précédent […], mais nous sommes parmi les seuls, sinon les seuls, chez qui la “révolution de couleur” n’a pas fonctionné », a-t-il assuré.

Sur des images diffusées par des médias d’État, il est ensuite apparu en uniforme militaire dans un discours devant des soldats au garde-à-vous.

« Vous avez sauvé la paix sur ce bout de terre, vous avez défendu la souveraineté et l’indépendance de notre pays », a lancé M. Loukachenko.

Selon lui, les Occidentaux voulaient le renverser pour se servir de la Biélorussie comme tremplin pour une guerre contre la Russie.

M. Loukachenko est confronté depuis la présidentielle du 9 août à une contestation inédite, des dizaines de milliers de personnes descendant dans la rue chaque dimanche à Minsk, malgré la répression policière, pour dénoncer sa réélection jugée frauduleuse.

Les premiers jours, les manifestations avaient été réprimées très violemment et des milliers de personnes arrêtées.

Les figures de l’opposition ont été soit incarcérées, soit contraintes à l’exil. De nombreux journalistes ont aussi fait l’objet d’arrestations et de pressions.

M. Loukachenko, qui accuse les Occidentaux d’avoir orchestré la protestation, a promis une vague révision constitutionnelle pour répondre à cette crise. Mais il a exclu tout dialogue avec les détracteurs du régime qu’il pilote depuis 1994.

La Russie l’a assuré de son soutien, bien que dans les semaines ayant précédé la présidentielle il ait accusé Moscou de chercher à le chasser du pouvoir pour pouvoir vassaliser son pays.

L’UE menace quant à elle de sanctionner Minsk, mais n’a pas décidé de mesures, en raison de divergences internes.

avec Lapresse.ca

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