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Le président catalan destitué par la justice espagnole

« Je n’abandonne pas ni ne me résigne », a-t-il dit dans un discours en catalan au siège de la Generalitat (gouvernement autonome de la Catalogne) à Barcelone, entouré des membres de son gouvernement.

Il a ajouté qu’il n’acceptait pas la sentence prononcée quelques heures plus tôt à Madrid par le Tribunal Suprême, la plus haute instance judiciaire espagnole, qui a confirmé sa condamnation à un an et demi d’inéligibilité pour un délit de désobéissance.

« Un nouveau plébiscite » pour l’indépendance

Ce verdict « veut renverser le gouvernement de la Catalogne », a-t-il dit, annonçant que de nouvelles élections régionales auraient lieu et appelant les électeurs à en faire « un nouveau plébiscite » pour l’indépendance.

La confirmation par le Tribunal suprême de la condamnation en première instance de M. Torra à un an et demi d’inéligibilité entraînait automatiquement sa destitution de ses fonctions de président de la Catalogne, une riche région du nord-est de l’Espagne aux compétences élargies qui a été le théâtre en 2017 d’une tentative de sécession.

M. Torra a été condamné en décembre par le tribunal supérieur de Catalogne pour avoir refusé d’obéir aux ordres de l’autorité électorale qui l’avaient sommé de retirer une banderole au contenu séparatiste de la façade du siège du gouvernement régional avant les élections législatives d’avril 2019.

Je porterai [la cause de] la liberté d’expression et la cause de l’indépendance au niveau de l’Europe et nous gagnerons.

Quim Torra, président indépendantiste régional catalan

La destitution de M. Torra risque de raviver les tensions en Catalogne, où la condamnation en octobre 2019 de dirigeants séparatistes à la prison pour la tentative de sécession de 2017 avait entraîné de nombreuses manifestations, dont certaines avaient dégénéré en violences.

« Défendons le président »

Immédiatement après la décision du Tribunal suprême, les puissantes associations indépendantistes ANC (Assemblée nationale catalane) et Omnium Cultural ont appelé les indépendantistes à se rassembler dans la soirée devant les mairies de la région.

« Défendons le président, luttons pour l’indépendance », a lancé l’ANC.

Le prédécesseur de M. Torra, Carles Puigdemont, a, pour sa part, fustigé sur Twitter « un État corrompu depuis la Couronne jusqu’à la magistrature », qui « continue de décider au nom des Catalans ».

« Une fois de plus, l’État espagnol interfère dans nos institutions démocratiques », a ajouté la principale figure de la tentative de sécession de 2017, qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires.

La décision du Tribunal Suprême risque aussi d’avoir des répercussions politiques majeures en Espagne, où le gouvernement central de gauche dirigé par Pedro Sanchez pourrait avoir besoin des voix des indépendantistes catalans pour faire approuver son budget, destiné à relancer une économie en grandes difficultés en raison de la crise de la COVID-19.

Le dialogue ouvert entre les gouvernements central et régional sur la crise catalane depuis la reconduction au pouvoir du socialiste Pedro Sanchez en janvier pourrait aussi être mis à mal.

Ce dialogue, condition du soutien d’une partie des indépendantistes catalans à son investiture par le parlement, a été interrompu de longs mois en raison de la pandémie, mais devait reprendre prochainement.

Le parlement régional a maintenant environ deux mois pour choisir un nouveau président, mais M. Torra a d’ores et déjà annoncé que de nouvelles élections régionales seraient convoquées, sans indiquer de date.

Ces élections se dérouleront dans un contexte de profondes divisions au sein du mouvement indépendantiste.

En janvier, M. Torra avait déjà annoncé la convocation d’élections en raison des tensions au sein de sa coalition, mais ce scrutin n’avait pu avoir lieu en raison de la pandémie.

Par ailleurs, le Football Club de Barcelone a, lui aussi, réagi à la destitution de M. Torra, en exprimant dans un communiqué sa « solidarité » avec celui-ci et en qualifiant de « disproportionnée » la peine d’un an et demi d’inéligibilité.

Avec Lapresse.ca

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