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ASBEF: la Chambre d’accusation annule l’ordonnance de mise sous administration et remet à Mme Mingou les commandes de la Direction

Depuis plus de trois ans, l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef) est confrontée à une grave crise de gouvernance qui menace son existence même. Ce au détriment de la famille et de l’enfance pour le compte desquelles cette ONG a accompli des miracles dans notre pays depuis des décennies. Devant la gravité du contentieux opposant l’administratrice générale, Mme Myriam Makéba Mingou, aux agents et cadres de l’Asbef, « Le Témoin » quotidien comme la plupart des administrateurs et observateurs était d’avis que seul le président de la République ou le ministre de la Justice pouvait sauver cette structure privée d’une dissolution. Il fallait donc la mettre sous administration provisoire pour espérer la tirer de son coma.

En tout cas, le procureur de la République avait pris un réquisitoire très salutaire en demandant des mesures aux fins de désignation d’un administrateur provisoire. Il a été suivi dans sa requête par M. Samba Sall, doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande instance de Dakar. Après avoir inculpé Mme Myriam Makéba Mingou et consorts pour détournements de deniers publics, violences et voies de fait, le Doyen des juges a rendu une ordonnance en date du 08 juin 2020 pour nommer Mme Aïda Soumaré Diop aux fonctions d’administratrice générale de l’Asbef en remplacement de Mme Myriam Makéba Mingou.

Dans la même foulée, c’est-à-dire le 21 septembre 2020, le Doyen des juges a pris une autre ordonnance aux fins de désigner Mme Aïda Soumaré Diop comme unique signataire des comptes bancaires de l’Asbef ouverts dans les livres d’Ecobank. Pour preuve, le juge a fait convoquer Mme Diop à la Division des investigations criminelles (Dic) pour lui notifier les deux ordonnances clés. Deux décisions qui auraient dû entraîner la prise de fonction immédiate de la dame. Hélas ! Personne n’aurait imaginé que Mme Aida Soumaré Diop allait devenir l’administratrice provisoire la plus éphémère de l’histoire d’une structure sénégalaise.

En effet, c’est alors qu’elle s’apprêtait à démarrer les activités de l’Asbef qu’une décision de la Chambre d’accusation est tombée comme un couperet pour infirmer voire annuler l’ordonnance prise par le doyen Samba Sall. Autrement dit, Mme Aïda Soumaré Diop n’est plus administratrice provisoire de l’Asbef, c’est plutôt Mme Myriam Makéba Mingou qui reste aux affaires. Un spectaculaire retournement de situation qui sonne comme un vrai coup de théâtre judiciaire ! Il est vrai que la Chambre d’accusation a le pouvoir d’annuler des actes d’instruction. Mais, sauf à ce que des circonstances nouvelles, non prises en compte par le juge d’instruction, soient intervenues, elle confirme généralement la décision du juge d’instruction dont il a été fait appel.

Malheureusement, pour ce coup-ci, la Chambre d’accusation n’a pas confirmé la décision du Doyen des juges qui avait placé l’Asbef sous administration provisoire avant de la confier à Mme Aïda Soumaré Diop. Y a-t-il eu entre temps des circonstances nouvelles dans le dossier permettant au président de la Chambre d’accusation de prendre le contrepied du doyen des juges d’instruction ? Mystère et boule de gomme !

Face à cette nouvelle donne, Mme Aïda Soumaré Diop, que nous avons contactée, bien que semblant étonnée, se dit néanmoins sereine et réaffirme sa confiance à la justice. « D’ailleurs, c’est pourquoi j’ai formé un pourvoi en cassation par le biais de mon avocat. Car c’est la seule possibilité de contester cette décision… Je m’en arrête là ! », nous a-telle confié en substance. *

Comment Mme Myriam Makéba Mingou a-t-elle accueilli cette décision qui lui est favorable ? Pour avoir sa version, « Le Témoin » a fait une dizaine d’appels et de messages, mais en vain ! Au finish, Mme Mingou a refusé tout bonnement de nous prendre.

Aux origines d’un éternel bras fer …
Pour avoir une idée de l’éternel bras de fer engagé entre l’actuelle administratrice générale Mme Myriam Makéba Mingou et l’éphémère administratrice provisoire, Mme Aïda Soumaré Diop — ancienne journaliste au défunt hebdomadaire satirique « Le Cafard Libéré » —, il est bon de rappeler que l’Asbef est née en 1968, de l’initiative de feu le président Léopold Sédar Senghor. De retour d’une visite officielle en Tunisie, le président Senghor a fortement recommandé la création d’une Association œuvrant pour la promotion du bien-être des populations. C’est ainsi que grâce à la mobilisation d’éminentes personnalités comme feue Mme Caroline Faye (la première présidente nationale de l’Asbef), feue Mme Maïmouna Kane, Mme Tamaro Touré, Mme Seynabou Ndao, feu Pr Paul Corréa, gouverneur Sény Maal, Mme Léna Fall Diagne etc., sans oublier Mme Aminata Touré Mimi qui y fut la responsable du marketing, l’Association a vu le jour.

Au fil des années, bien d’autres personnalités ont assuré la relève tout en la préservant comme organisation non gouvernementale (Ong), certes, mais d’utilité publique. Un établissement situé à Castors (Dakar) et animé par des volontaires, femmes et hommes, soucieux de la protection et de l’amélioration de la santé maternelle et infantile. Sur ce plan, l’Asbef a eu la chance de bénéficier de l’appui des meilleurs spécialistes du corps médical et paramédical ainsi que de l’expertise d’anciens ministres, d’officiers-généraux à la retraite, de professeurs d’université, de hauts fonctionnaires, d’ambassadeurs, de magistrats, de fonctionnaires internationaux etc.

Ces compétences multidimensionnelles ont permis à l’Asbef d’acquérir très vite une notoriété sur le plan national et une reconnaissance internationale. L’Asbef déploie sans relâche d’énormes efforts pouvant contribuer à l’épanouissement de la famille sénégalaise, réduire la mortalité maternelle, néonatale et lutter contre les violences basées sur le genre. Elle est également pionnière dans l’offre de services en santé de la reproduction. Son rôle a été déterminant dans le relèvement du taux de prévalence contraceptif dans notre pays et qui se situe à 26 % aujourd’hui. Malheureusement depuis trois ans, rappelons-le, l’Asbef est en proie à des conflits incessants et nombreux contentieux judiciaires suite à des licenciements abusifs et accusations de malversations financières. Une crise qui a poussé son principal bailleur financier, l’Ippf basé à Londres, à geler tous les fonds. Ce, au grand malheur des malades démunis.

L’arbitrage de l’Etat sollicité…
Devant la gravité de la crise provoquée par des conflits d’intérêt personnel en violation des textes, seul l’Etat pouvait prendre ses responsabilités quitte à mettre l’association sous administration provisoire. Une mesure conservatoire destinée à maintenir une situation de fait ou de droit afin de sauver l’Asbef d’un dépôt de bilan plus que probable au vu de la situation. Justement, pour sauver cette maison du bien-être familial, le doyen des juges avait rendu une ordonnance aux fins de désignation d’un administrateur provisoire en la personne de Mme Aïda Soumaré Diop finalement…éjectée.

Au vu des symptômes de cette crise profonde que traverse l’Asbef, il y a lieu de redouter que la structure soit à l’article de la mort. Donc, le président de la République Macky Sall et le ministre de la Justice, Me Malick Sall, sont suppliés de faire valoir leur droit de regard pour une sortie de crise. Toujours est-il que la disparition voulue et programmée de l’Asbef constituerait une grande perte pour le système de santé national. Surtout pour une structure qui s’active à l’échelle du territoire tout entier avec efficacité et abnégation auprès des populations les plus défavorisées de notre pays en leur assurant un accès aux soins de santé de qualité à des tarifs dérisoires qui frisent presque la gratuité. Une réplique légale à…Serigne-bi ! 

AVEC Le Témoin

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