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L’UE et le Royaume-Uni concluent in extremis un accord sur l’après-Brexit

L’Union européenne et le Royaume-Uni ont conclu jeudi un accord sur leurs futures relations commerciales, sept jours seulement avant la sortie effective du Royaume-Uni du bloc communautaire qui marque le virage le plus important de la politique étrangère britannique depuis des décennies.

Conclu plus de quatre ans après le référendum de 2016 lors duquel les Britanniques se sont prononcés en faveur du Brexit, l’accord permet d’éviter un épilogue chaotique dans le feuilleton tortueux du divorce entre l’UE et le Royaume-Uni, qui a porté un rude coup au projet d’unité européenne né sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale.

L’accord va permettre de préserver l’accès sans quotas ni droits de douane du Royaume-Uni au marché unique européen, qui compte quelque 450 millions de consommateurs, mais n’empêchera pas des perturbations et des effets économiques indésirables pour le Royaume-Uni ou pour des Etats membres de l’UE.

De nombreux aspects des futures relations entre les deux blocs restent à définir, et ce processus pourrait s’étaler sur des années.

“Nous avons repris le contrôle de notre destinée”, a déclaré Boris Johnson lors d’une conférence de presse, après avoir diffusé sur Twitter une photo de lui-même à sa résidence de Downing Street sur laquelle on peut le voir lever les bras et les pouces en signe de victoire.

“Les gens ont dit que cela était impossible, mais nous avons repris le contrôle”, a ajouté le Premier ministre britannique devant les journalistes.

Si le Royaume-Uni a formellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, il est resté depuis lors intégré au marché unique et soumis aux normes européennes dans le cadre d’une période de transition qui prendra fin le 31 décembre à 23h00 GMT.

“JUSTE ET ÉQUILIBRÉ”

Boris Johnson, figure des “Brexiters” en 2016, a clairement affiché depuis son arrivée au pouvoir l’an dernier sa volonté de rompre avec les normes du marché unique et de l’union douanière à compter du 1er janvier prochain.

L’UE ne voulait pas accorder de privilèges illimités au Royaume-Uni par crainte d’une économie britannique dérégulée une fois sortie du bloc communautaire et pour éviter que d’autres membres soient éventuellement tentés de faire de même – d’où la difficulté des négociations entre Bruxelles et Londres.

“Ce fût un chemin long et difficile. Mais nous avons un bon accord”, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. “C’est un accord juste, équilibré (…) Nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et regarder l’avenir. L’Europe avance”, a-t-elle ajouté.

“L’unité et la fermeté européennes ont payé”, a quant à lui réagi Emmanuel Macron, jugeant cet accord “essentiel pour protéger (les) citoyens, (les) pêcheurs et (les) producteurs français”. “Nous nous assurerons que c’est bien le cas”, a ajouté le président français.

Le Parlement britannique a été appelé à se réunir le 30 décembre pour voter un projet de loi de mise en oeuvre de l’accord conclu avec l’Union européenne. L’opposition travailliste a indiqué jeudi qu’elle soutiendrait l’accord.

A Bruxelles, les chefs de file des groupes politiques du Parlement européen se réuniront le 28 décembre pour discuter de l’issue des négociations entre l’UE et le Royaume-Uni, a fait savoir sur Twitter un porte-parole. Ursula von der Leyen et le négociateur européen en chef, Michel Barnier, ont été conviés.

Boris Johnson a décrit l’accord de dernière minute comme un accord de libre-échange “énorme” dans la lignée de celui entre l’UE et le Canada. Il a aussi appelé les Britanniques à laisser derrière eux les divisions causées par le référendum de 2016 sur le sortie de l’UE.

L’accord va aussi contribuer au maintien de la paix en Irlande du Nord – une priorité annoncée par le président élu des Etats-Unis, Joe Biden, qui a prévenu Boris Johnson qu’il devait préserver les accords de paix de 1998.

Un représentant du département d’Etat américain a salué la conclusion d’un accord et déclaré que Washington voulait des bonnes relations avec le Royaume-Uni et l’UE.

L’Irlande a déclaré que l’accord, dont le contenu devrait être publié sous peu par la Commission européenne, protégeait ses intérêts autant qu’elle pouvait l’espérer.

Il reste toutefois de nombreux points à finaliser.

DES POINTS À FINALISER

L’accord officialisé jeudi ne concerne pas le secteur des services, qui représente 80% de l’économie britannique, dont les services financiers qui font de Londres la seule place à rivaliser avec New York. L’accès au marché européen des banques et assureurs basés à Londres est une question traitée en parallèle.

Même avec un accord, les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne feront l’objet de davantage de régulations et seront plus coûteux. Des perturbations sont à attendre dans les ports, alors que les normes de sécurité alimentaire et les critères d’exportation vont changer.

Tony Danker, directeur général de la Confédération de l’industrie britannique, a déclaré que le temps était désormais grandement compté. “Il est vital que les deux camps prennent des mesures immédiates pour maintenir le flux des échanges et des services”, a-t-il dit, soulignant le caractère tardif de l’accord.

Quand, de manière inattendue, les Britanniques se sont majoritairement prononcés en faveur du Brexit en juin 2016, nombreux étaient ceux en Europe à espérer que le Royaume-Uni puisse rester étroitement aligné sur les normes européennes.

L’UE perd sa principale puissance en matière de défense, 15% du produit intérieur brut (PIB) du bloc, l’une des principales capitales financières au monde et un chantre des marchés libres qui agissait comme un régulateur des ambitions de l’Allemagne et de la France.

“Il n’y a pas de gagnant dans le Brexit. C’est perdant-perdant. C’est un affaiblissement que de se séparer”, a déclaré Michel Barnier jeudi soir sur France 2, après avoir fait part dans la journée d’un “soulagement teinté d’une certaine tristesse”.

Une issue aux négociations commerciales semblait imminente depuis près d’une journée mais, dans la matinée, la conclusion d’un accord avait encore achoppé sur l’épineuse question de la pêche – un enjeu plus politique que véritablement économique entre Londres et Bruxelles.

Les deux camps se sont entendus sur une période de transition “raisonnable” de cinq ans et demi pour l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, a déclaré Boris Johnson.

Le président du Parlement européen, David Sassoli, a déploré pour sa part que l’accord commercial n’ait pu être conclu qu’in extremis, repoussant ainsi à “la nouvelle année” son examen par les parlementaires.

L’accord doit être approuvé par le Parlement européen et par tous les Etats membres. Les ambassadeurs des Vingt-Sept se réuniront vendredi à 10h30 pour commencer à examiner l’accord.

AVEC REUTERS

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