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La question climatique, point de réchauffement entre la Chine et les États-Unis

La Chine avait promis de venir avec un « message positif » au sommet climat initié par Joe Biden, mais sans nouvelles propositions. Toutefois, c’est une participation remarquée du président chinois, Xi Jinping, à ce sommet virtuel. Le climat est désormais le seul point de réchauffement de la relation sino-américaine.La diplomatie chinoise n’a d’ailleurs pas manqué de féliciter Washington pour son retour dans les négociations multilatérales, avec une conférence de presse jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Avec le décalage horaire, la nuit américaine de ce sommet climat sur écran géant a duré très tard, jusqu’à 1heures du matin ce vendredi en Chine.

Pékin a soigné la communication, avec un concours de fonds d’écran – les boiseries du grand palais du peuple et le drapeau rouge derrière le président chinois, un fond bleu derrière le président américain – et puis cette conférence de presse post-discours donnée dans le bâtiment bunker du ministère chinois des Affaires étrangères annoncée à la dernière minute.

Conférence de presse à l’heure de cendrillon

De mémoire de correspondant, on avait rarement eu droit à une invitation aussi tardive. Il est en effet près de 23 h 15 ce jeudi soir, quand Ma Zhaoxu fait son entrée dans la salle réservée à la presse.  Sur les écrans entourant le vice-ministre des Affaires étrangères, d’autres intervenants font leur apparition en liaison vidéo depuis Shanghai, cela « en raison des mesures sanitaires » nous précise-t-on à l’accueil. Il y a là des têtes familières du dossier climat en Chine : Xie Zhenhua, l’envoyé spéciale de la Chine pour le changement climatique, Su Wei, le vice-secrétaire général de la Commission nationale du développement et de la réforme ainsi que Li Gao, le directeur général du département du changement climatique au ministère de l’Écologie et de l’environnement.

Une conférence de presse à l’heure de cendrillon et une explication de texte sur les « points importants » du discours du président chinois. À savoir que la Chine a objectif d’atteindre un pic d’émissions carbones avant 2030 et la neutralité avant 2060. Pékin se félicite du retour des États-Unis dans les négociations climatiques et le jeu multilatéral. Il y a cette phrase qui semble contradictoire dans le discours du président chinois : « Le principe des responsabilités communes mais différenciées est la pierre angulaire du climat mondial ».

Le vice-ministre des Affaires étrangères se lance alors dans l’explication de texte.« Nous devons reconnaître pleinement la contribution des pays en développement à l’action climatique et tenir compte de leurs difficultés et préoccupations particulières », précise Ma Zhaoxu.

Ce dernier, comme les autres intervenants, insiste sur le fait que Pékin ferait de gros efforts sur le climat et que sur ce dossier comme sur d’autres, la deuxième puissance économique se considère aussi comme un… pays en développement.

Dépendance au charbon

Une autre phrase a été surlignée dans le discours du président chinois par les journalistes présents. Xi Jinping s’est engagé à « contrôler strictement » les centrales électriques au charbon lit-on en mandarin et en anglais. Ce qui entraîne une vague de soulèvement de sourcils. Sur cette question en particulier, Pékin doit rassurer celles et ceux qui doutent du réalisme de la longue marche dé-carbonnée d’une Chine qui compte parmi les premiers pollueurs de la planète.

« La Chine fait face à d’énormes difficultés pour réduire sa consommation de charbon et parvenir à la neutralité carbone, confie de sa voix rocailleuse Xie Zhenhua. Nous les Chinois, nous tenons paroles martèle ce dernier avant de sortir un exemple pour essayer de convaincre de ce qui ne semble pas aller de soi. Si on dit qu’on peut le faire, on le fait ! Notre objectif 2020 a été atteint, celui du pic d’émissions carbones avant 2030 le sera donc aussi, je vous le garantis. »      

Le monsieur climat du gouvernement chinois a le sourire. Dans un contexte de critiques internationales renouvelées sur la répression au Xinjiang et à Hongkong, cette pause environnement dans la guerre commerciale et diplomatique est une séquence positive pour la diplomatie chinoise. Elle devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. Pékin soulignant qu’en échange de cette participation de Xi Jinping au sommet climat organisé par la Maison-Blanche, les États-Unis se sont engagés à soutenir la COP 15 sur la protection de la diversité à Kunming en Chine, en octobre prochain.

 Des relations climatiques entre Pékin et Washington coopérative, plutôt que compétitive ou conflictuelle ? Peu importe qui l’emporte des « 3 C » écrit en substance Li Shuo sur son compte Twitter. Ce qui compte d’abord, c’est que « l’engagement » de chacune des parties soit préservé face à l’urgence climatique, indique ce responsable de Greenpeace Asie.

RFI

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