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LE 23 JUIN 2011, UNE DECENNIE APRÉS : ACTUALITÉ DU PATRIOTISME CONSTITUTIONNEL SÉNÉGALAIS

La démocratie sénégalaise s’est habituée à relever le défi de l’usure du temps. Depuis l’ouverture de 1976, le parti unique ou unifié a laissé apparaitre un multipartisme limité puis intégral, condition sine qua non à la réalisation d’une démocratie pluraliste. Notre pays, c’est un truisme, incarne à cet effet, l’exemplarité démocratique malgré les succès et les résistances qu’il a rencontrés sur le chemin sinueux  de la démocratie en Afrique (Babacar Guèye, 2009). Dans un continent où une grande partie des crises politiques qui se sont cristallisées sont directement ou indirectement liées à la Constitution, la défense de celle-ci est d’une impérieuse nécessité aux fins de conjurer l’éclosion d’un mal africain : fraude à la Constitution, crise de représentativité, personnalisation et patrimonialisation du pouvoir politique. C’est dans cet esprit que la démocratie reconnait respectivement au chef d’Etat, au Conseil constitutionnel et au peuple, les rôles de gardien politique, juridictionnel et souverain de la Constitution.

La volonté de fraude à la Constitution facilitée par une crise de représentativité en vue d’une personnalisation et d’une patrimonialisation du pouvoir, marque le contexte de l’affirmation du patriotisme constitutionnel sénégalais record du 23 juin 2011. La première contestation que révèle la commémoration de cette date, est la logique de division qui a traversé le corps des acteurs politiques de l’opposition d’alors. Ayant formé un tout cohérent à l’époque devant une question qui engageait avec délicatesse le devenir de toute une nation, les héritiers supposés ou réels du patriotisme constitutionnel d’aujourd’hui se sont vus disperser entre la Place de l’Obélisque et le terrain HLM Grand Yoff ; chaque faction se revendiquant de l’esprit du patriotisme de ce mouvement instantané qui n’était point le fait d’un parti politique. D’une telle dispersion, transparait la vitalité du débat politique sénégalais, gage d’un espace d’idées ouvert à la liberté d’expression. Elle prouve à suffisance que nul ne dispose du monopole du patriotisme, même constitutionnel.

Les récents évènements de Mars ont donné un regain d’intérêt à la notion de patriotisme constitutionnel à travers l’expression « résistance à l’oppression » dont « l’impossibilité de protection juridique en fait un droit naturel et non une liberté publique » (Oumarou Narey, 2014) solennellement proclamée par la Constitution. Ces évènements auront porté sur les fonts baptismaux, un autre versant du M23 en l’organisation du M2D. Agonisant ou encore vivant, le premier autant que le second, doit rester sur un pied de guerre dans un contexte de velléité d’un troisième mandat anticonstitutionnel. La noblesse de la question commande de se débarrasser de toutes coordonnées politiques ou partisanes pour se retrouver autour d’une identité commune : protéger et promouvoir en toutes circonstances la Charte jurisprudentielle des droits et libertés des citoyens (Dominique Rousseau, 2010).

Rares sont les occasions où les forces politiques sénégalaises font taire à leurs divergences pour se retrouver autour de l’essentiel afin de mettre sur un piédestal l’intérêt supérieur de la nation. C’est le principal facteur explicatif de la crise de représentativité qui sévit dans nos assemblées délibérantes. « Député de l’opposition » moins que « député de la majorité » semblent des termes attentatoires à l’idée de démocratie représentative en ce sens que les parlementaires sont censés représenter le Peuple et non le parti politique les ayant investi. De la même façon, l’expression « député du peuple » semble redondante dans la mesure où le député doit cette appellation au mandat qu’il a reçu du peuple lui-même. Cette décennie du 23 juin s’est révélée comme une occasion manquée pour dire le contraire.

Moussa FALL master 2 Droit public général ugb-ufr-sjp

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