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Afghanistan: les talibans prennent Mazar-i-Sharif, Ashraf Ghani appelle à la remobilisation

Selon des habitants joints par l’AFP, les talibans auraient pris Mazar-i-Sharif, la dernière grande ville du nord de l’Afghanistan encore sous contrôle gouvernemental. Les talibans commencent à appliquer la charia dans les villes conquises. Le président Ashraf Ghani promet de remobiliser ses troupes.

Les talibans se sont rendus maîtres, sans réellement combattre, de Mazar-i-Sharif, l’une des dernières importantes villes de province qui était encore sous contrôle du gouvernement. Les forces afghanes n’auraient pas opposé de résistance et auraient quitté la ville. Cela faisait plusieurs jours que les talibans tentaient de s’emparer de la capitale de la province de Balkh.

Avant elle, ce sont les villes d’Asadabad, à l’est du pays et de Gardêz, un peu plus au sud, que les insurgés ont prises. Selon les témoignages obtenus par notre correspondante à Kaboul, les talibans font régner la terreur à travers les territoires qu’ils arrachent, et la vie a déjà changé pour les femmes. Elle a réussi à joindre une militante de la société civile d’une de ces villes reprise par les talibans, que nous appellerons Amina.

Prise au piège

Amina n’a pas réussi à partir avant que la ville ne tombe aux mains des talibans. Effrayée, cette employée d’une organisation des droits de femmes, est prise au piège et se terre chez elle.

« Quand les talibans ont pris la ville, raconte-t-elle, j’ai quitté mon travail et je suis restée à la maison. Ils ont mis en place des lois spéciales contre les femmes. L’une d’elles est que nous ne pouvons pas sortir sans être accompagnées d’un membre masculin de notre famille. Nous devons porter une burqa quand on sort ; si une femme n’est pas vêtue de façon décente elle est battue. Les filles ne peuvent aller à l’école après l’âge de 9 ans.»

Amina nous explique que les combattants talibans forcent les jeunes femmes à les épouser, menaçant de tuer leurs pères si ces derniers refusent. Elle connaît d’ailleurs une victime. « Cette jeune femme était la voisine de mes collègues, raconte-t-elle. Elle avait 18 ans. Son père a eu peur des talibans et il a cédé. Il leur a donné sa fille. »

Dans d’autres villes, comme à Hérat, la grande ville de l’Ouest, ils ont interdit aux étudiantes d’entrer dans l’université ce samedi 14 août, leur ordonnant de rentrer chez elles.

Rapatriements

Désormais, seules trois villes d’importance ne sont pas entre les mains des Talibans. Il s’agit de Jalalabad, à l’Est, Khost, au Sud-Est, et Kaboul, la capitale.

Mais les talibans se rapprochent de la capitale afghane. Des combats ont été signalés dans la ville de Maydan Shahr. Ce n’est qu’à 50 km de Kaboul. D’après l’agence de presse Associated Press, certains insurgés auraient même atteint le district de Chahar Asiab, à 11 kilomètres seulement de Kaboul. Et, signe que les talibans se rapprochent, le personnel de l’ambassade américaine à Kaboul a reçu l’ordre de déchiqueter et brûler les documents sensibles, avant d’être évacué.

Le président américain Joe Biden a néanmoins fait porter à 5 000 le nombre de soldats américains à Kaboul, et a averti les talibans d’une réponse militaire « rapide et forte » en cas d’attaques contre les intérêts américains. Il a également promis de ne pas « léguer cette guerre » en Afghanistan au prochain président américain.

Alors que des dizaines de milliers de familles afghanes, qui ont fui les combats, cherchent de la nourriture dans les rues de la capitale, les Marines américains ont commencé l’évacuation des employés de l’ambassade de son personnel afghan. La Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Suède, l’Italie et l’Allemagne sont en train de faire de même. L’objectif : réduire au strict minimum le personnel diplomatique sur place. D’autre pays, comme la Norvège et le Danemark, ont préféré fermer provisoirement leurs ambassades à Kaboul.

Ghani promet la « remobilisation »

Sans faire d’allusion aux conquêtes récentes des talibans, le président Ashraf Ghani a promis, dans une allocution télévisée ce samedi 14 août de remotiver ses troupes. « La remobilisation de nos forces de sécurité et de défense est notre priorité numéro un et d’importantes mesures sont prises à cet effet », a-t-il promis.

Par ce discours, Ashraf Ghani veut démontrer qu’il tient toujours les rênes du pays. Hors de question d’évoquer une possible démission. Au contraire, le président parle de « consultations » entre la classe politique afghane et les partenaires internationaux. Des consultations qui visent, selon lui, à trouver « une solution politique dans laquelle la paix et la stabilité » soient préservées.

Ces déclarations laissent pourtant perplexe. On ne voit notamment pas comment Ashraf Ghani pourrait réussir à remobiliser l’armée afghane, ces mêmes troupes qui ont fui ces derniers jours les champs de bataille. Ce qui a permis aux talibans de mener leur offensive en un temps record.

RFI

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