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Les meuniers prévoient de baisser la production de farine pour mettre la pression à l’Etat

Une baisse de production journalière de 3500 tonnes soit presque la moitié de ce que mettent sur le marché les 7 meuniers industriels locaux (GMD, NMA, FKS, OLAM, SEDIMA, MDS, BASMALA), voilà à quoi on risque d’assister les jours à venir. A leur corps défendant, ces meuniers risquent d’actionner ce levier économique la réduction de leur production — auquel ils ont jusqu’ici cherché à ne pas avoir recours.

Malgré les signaux d’alerte lancés à l’endroit du Gouvernement pour une vérité économique des prix dictée par une conjoncture économique où les prix du blé et du fret ont flambé littéralement, l’Etat continue de jouer au dilatoire. Certes, il a consenti des efforts en réduisant le taux de TVA de 18 % à 6 % dans un premier temps, avant de suspendre purement et simplement cette taxe pour le blé lorsque la situation s’est aggravée. En même temps, il a fait sauter la taxe douanière. Des efforts méritoires mais insuffisants face à l’étendue des pertes enregistrées par les meuniers.

Acculés et perdant de l’argent sur chaque sac sorti de leurs moulins, les meuniers vont donc limiter les frais. Les conséquences sociales et économiques risquent d’être dévastatrices : avec moins de farine sur le marché, bonjour la spéculation ! Les prix vont donc exploser. On n’ose pas imaginer ce que va coûter alors le prix du pain…

Dans ces mêmes colonnes, la semaine dernière, Frank Bavard, secrétaire général de l’Association des meuniers industriels du Sénégal (AMIS) dénonçait l’inertie des pouvoirs publics. « Parce qu’on était censés revoir le prix à la hausse du sac de 50kg début avril. On ne l’a pas fait. Puis il y a eu le ramadan qui s’est étalé du 15 avril au 15 mai. Qui ose augmenter le prix de la farine au mois de ramadan ? Nous avions prévu de le faire début juin. Le ministre du Commerce a été informé, mais depuis le début de juin on court après les augmentations. On nous dit qu’on ne peut pas nous recevoir et, pendant ce temps, on perd de l’argent. Certes il y a un côté pouvoir politique et un autre économique. Cette fin de non-recevoir des politiques, c’est que l’Etat n’a pas une politique pour stabiliser le prix de la farine. Si celui qui doit augmenter ne vous reçoit pas, on se retrouve coincés », alertait-il dans les colonnes du Témoin.

Chez les meuniers, on commence à se rendre à l’évidence que l’Etat ne veut pas accepter une hausse inévitable du sac de 50 kg de farine. Parce que la réclamation de la vérité des prix exigée le 18 septembre 2021 d’abord à 18.500 frs le sac de 50 kg, puis réévalué à 19.300 frs 15 jours découle du fait qu’entretemps, sur le marché mondial, le prix du blé est passé de 220 euros (143. 212 frs) à 325 euros (211. 546 frs) la tonne. C’est énorme car représentant 50 % de plus. C’est dire que la filière est profondément touchée par cette folle envolée des prix des matières premières.

Réduire ou fermer les usines
Alors aujourd’hui, une seule alternative s’offre aux meuniers. Le premier terme de l’alternative, c’est de mettre tout simplement la clé sous le paillasson. L’effondrement de la filière va envoyer 1000 emplois directs et près de 15.000 emplois directs au chômage, mais c’est surtout une filière de production industrielle qui injectait environ 3500 tonnes de farine par jour dans l’activité nationale — alors que les besoins journaliers sont de 1300 tonnes seulement — pour une production de 8.000.000 de baguettes et participait directement et indirectement à la sécurité alimentaire du pays, au paiement d’impôts divers qui va disparaître.

Un scénario catastrophique pour un pays qui a fini de se désindustrialiser. En rajouter deviendra la fin de l’industrie au Sénégal. Les meuniers s’écartent pour le moment d’une telle perspective, mais ils ne peuvent pas ne pas utiliser l’outil économique de la diminution de la production journalière pour amoindrir les dégâts. Une telle perspective aura pour conséquence économique l’installation d’une pénurie.

La farine n’étant plus accessible pour les boulangeries, les commerçants importateurs intermédiaires vont se frotter les mains puisqu’ils seront les recours pour les boulangers. Cela installera le secteur dans une situation d’inflation des prix, mais surtout une spéculation qui va faire flamber le prix du sac de farine. Les boulangers n’auront d’autre choix, de leur côté, que de répercuter le prix de la spéculation sur le pain.

Le prix du pain jusqu’ici faisant partie des prix homologués par l’Etat ne sera plus maîtrisé. Or, on le sait bien, beaucoup de régimes ont été déstabilisés par une augmentation du prix du pain. On nous dira certes : oui, mais si l’Etat accepte l’augmentation demandée par les meuniers, le résultat va être le même : le prix de la baguette va augmenter. Sauf que, le même Etat ayant homologué trois prix pour la baguette — à 100 francs, à 150 francs et à 200 francs, les boulangers vont tout simplement privilégier ce dernier format qu’ils réclament de toutes façons à cor et à cris depuis des mois.

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