Religions et spiritualité

Elhadj Omar Foutiyou Tall, conquérant et disciple de Cheikh Tidjani

Né à Halwar près de Podor au Fouta, Omar Seydou Tall a vu le jour dans un foyer de Torobé « nobles pieux », entre 1794 et 1797, correspondant aux années 1210 et 1213 de l’hégire. Son père Seydou Tall était un fervent musulman et maître coranique. Sa mère n’était nulle autre que la pieuse Sokhna Adama Aïssé, très célèbre dans les récits des femmes de référence. On rapporte que lorsque son mari fût réveillé la nuit par des tambours annonçant la venue de sa deuxième épouse, consciente qu’il n’y avait qu’une seule chambre dans la maison, la vénérée Adama Aïssé, lourdement enceinte de Cheikh Elhadj Omar, se leva pour aller passer la nuit au niveau de l’enclos externe sur les amas de poussière. Un acte semblable ne pouvait être récompensé que d’un enfant béni dont l’étoile brillerait de partout à travers le globe. C’est pourquoi on cite souvent les célèbres propos d’Elhadj Omar : « J’ai laissé beaucoup d’hommes, semblables à mon père dans le Fouta, mais je n’ai pas laissé de femmes comparables à ma mère ».
La naissance d’Omar Seydou est faite de miracles et il est relaté à ce propos que sa mère n’a pas versé de sang, ni fait couler de larmes et cela ne l’a pas empêché de prier Fajr. Elle était complètement propre, on entendait nulle part les cris du bébé et Omar Seydou Tall serait né une nuit de mardi à mercredi, veille du premier jour de Ramadan. A sa naissance, le lac Diallolol qui était auparavant salé, devient doux et buvable comme l’eau du ruisseau.
Les miracles réalisés par Omar Seydou durant son enfance pourraient constituer un article à part entière tellement ils sont nombreux, à l’exemple de son passage à l’école coranique où il stupéfia ses maitres.
Périple Méditerranéen et Pèlerinage
A 23 ans, il n’avait plus d’égal au Fouta en matière de sciences religieuses. Il partit ainsi en Mauritanie, ensuite au Fouta Djallon d’où il entreprit son pèlerinage à la Mecque.
En 1823, il séjourna à Sokoto au Nigéria chez le souverain Mouhamadou Bello, fils d’Ousmane Danfandio, fondateur de cet état musulman en 1804. II fut bien accueilli et comblé d’honneur. Poursuivant sa route vers l’Orient où il passa plusieurs années, le Cheikh traversa savanes et rivières, villages et cités historiques. Ainsi, depuis le Fouta Djallon, Kangari, Sukuta, il passa par Kanem, Burnu, Gandu, le pays des Haoussa, Fezzan en Lybie, Egypte, Jérusalem et Jiddah. C’est durant ce pèlerinage qu’il séjourna aussi chez Seydi Mouhamed Ghâli, compagnon et khalife du fondateur de la Tarîqa Tidjâniya. Le Cheikh s’est aussi rendu à Jérusalem.
Les auteurs ne s’accordent pas sur la durée du pèlerinage d’Elhadj Oumar. Certains disent que ce pèlerinage a duré environ vingt (20) ans ; pour d’autres (18) et 16 ans mais il fit trois pèlerinages durant cette période.
Ce périple a été aussi marqué par une démonstration scientifique unique qui lui a valu le nom de « prophète noir » chez les arabes de l’Orient. Devant la convocation des éminents savants de l’université des sciences islamiques d’Al Azhar, le Cheikh avait fait taire tout prétendant par une science mystique qui lui été particulière.
La Propagation De l’Islam Par La Guerre Sainte
Après son voyage en Orient et sa rencontre avec Mouhamadou Ghâli, le khalife de Mawlâya Cheikh Ahmad Tijane Chérif (rta), il fut élevé officiellement au rang de khalife de la Tidjaniya en Afrique de l’Ouest où il retourna s’installer, d’abord à Diégounko puis à Dinguiraye. C’est d’ailleurs là qu’il érigea son célèbre édifice : le tata (forteresse) de Dinguiraye et y édifia la première Zawiya populaire d’Afrique noire qui verra des disciples affluer de tout le Soudan vers ce centre d’éducation islamique et tidjane. Cette période correspond à la poussée des colons qui ont fait tomber tellement d’empires noirs. Les débuts apparents de sa lutte armée relatent les attaques et provocations dont il faisait l’objet de la part du souverain animiste Yimba Sakho. Le Cheikh fera face à d’autres adversaires qui ont voulu stopper sa ‘déferlante mission islamique’.
Ainsi vers 1851, le khalife marche sur les royaumes de Tamba et du Ménien, proclame le Jihad par refondation de l’état de Dinguiraye. En 1854 c’est dans la région de Ségou, puis Kaarta (1855-1857) où il sera confronté aux guérillas des Bambaras et des Diawara. Luttant contre l’armée coloniale française, il fait construire un tata (une fortification) à Koniakary (77 km à l’ouest de Kayes) ; il attaqua Ségou en 1859, Macina en 1862. Sur une période de 12 ans, Elhadj Omar a pu s’asseoir sur le plus grand empire que l’Afrique ait connu, un terroir qui s’étendait, en 1863, sur 300 000 km² de Dinguiraye au désert du Sahara et du Sénégal à Tombouctou. En tout, plusieurs chiffres sont proclamés sur ses nombres de batailles allant d’une centaine à plus de 200 et pour la plupart contre les empires païens.
Toutefois, c’est à l’issue du douloureux siège de Hamdallaye, que Elhadj Omar entra dans la grotte de Bandiagara le 12 février 1864, soit à l’année 1280 de l’hégire pour ne jamais en ressortir. Ses disciples ayant accédé dans la grotte n’y ont vu aucune trace de lui. Ce repos, il l’avait prédit 11 mois auparavant, à l’occasion de la disparition de son plus fidèle compagnon et général Alpha Oumar Baïla Wane. Devant la tristesse du décès de celui-ci, il rendit grâce à Dieu, Le loua et dit : ‘’Je suis au repos.’’ Ses partisans lui demandèrent la signification de cette parole et il leur répondit : ‘’si quelqu’un a une hache, qu’il l’utilise pour couper les arbres en vue de cultiver son champ et s’il la perd, alors qu’il se repose.’’
Elhadj Omar a parcouru des terres parsemées de guerres fratricides où l’animisme et un islam hybride (mi musulman, mi animiste) y dominaient. Il y a répandu l’islam, refondu les sociétés sur un modèle basé sur les nobles comportements prophétiques. Cheikh Elhadj Omar, comme le dit si bien le professeur Massamba Coulibaly dans son poème écrit en wolof en l’honneur du Saint Homme et intitulé « Way Cheikh Omar » ou « Chanter les louanges de Cheikh Omar ». En effet, il y dit : « Cheikh Omar a sorti la religion (l’islam) des ténèbres et nous a sauvé de l’obscurantisme » car il ne faudrait pas oublier qu’en dehors du fait qu’il fut un conquérant hostile au colonialisme qui a répandu l’islam à travers l’Afrique, il a consacré la majorité de son action à l’expansion de la Tarikha tidjane. Elhadj Omar est l’exégète de « Rimâh fî hifz jawâhir al-ma’âni ou flèches pour la sauvegarde des perles des sens ». Il a formé des disciples qui ont poursuivi ses œuvres et des mouqaddams tels que Alpha Oumar Thierno Mollé et Alpha Abbass du Bosséa (thilogne dans le Fouta), Thierno Ahmadou Dieyla du Nguénar qui ont propagé les enseignements de la confrérie dans leurs provinces d’origines.
L’épopée de ce grand défenseur de l’islam est parmi les plus connues et racontées au Sénégal mais aussi en Afrique. On ne compte plus le nombre de publications littéraires et lyriques dont il fait encore l’objet. Sa grande dimension religieuse mais aussi mystique nous laisse encore perplexe sur la grandeur de son Maître, car malgré tout ce que l’on a pu dire et écrire sur Elhadj Omar, ses exploits, ses miracles, ses connaissances religieuses, il n’en demeure pas moins qu’il reste « disciple » du Grand Pôle Caché, Mawlâya Cheikh Ahmad ibn Mouhammad At- Tidjâni Chérif (rta).

Desk Tarikha Tidjane

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