Sociétés et traditions

LA TABASKI DANS TOUTES SES DIMENSIONS AU SENEGAL

Au Sénégal, on célèbre dans quelques semaines inchallah la fête de la Tabaski, plus communément appelée l’Aïd el-Kébir ; l’un des évènements majeurs dans l’islam qui rappelle le sacrifice du prophète Abraham As.
Dans ce pays, où plus de 90% de la population est de confession musulmane, cette fête religieuse mobilise tous les ménages et est célébrée chaque année dans les familles par le sacrifice d’un mouton qui favorise un bon environnement des affaires.
Ainsi, à l’approche de cette fête, les villes se métamorphosent par l’omniprésence des moutons et des marchés, par les embarras souvent inextricables de la circulation causés
par les mouvements d’une population pressée de passer la Tabaski en famille. Les transporteurs en profitent alors pour transgresser les règles sur les prix et dictent leur loi ce qui se traduit par une hausse du tarif des transports, avec les embouteillages, la réduction des trajets avec des déviations inopportunes faites par les chauffeurs, etc. Enfin, par toutes les inventions pour faire face aux dépenses parfois considérables occasionnées par la fête. Cette fortune n’est pas toujours à portée de main, mais beaucoup iront la chercher jusqu’en Coré, quitte même à s’endetter.
Ainsi, à Dakar, à quelques jours de la Tabaski, c’est l’effervescence : vendeurs de moutons et de tissus se bousculent dans les rues. Cette fête met donc cette capitale sénégalaise sens dessus dessous. Ainsi, elle se vide de ses habitants qui regagnent leurs régions tandis que les embouteillages restent le calvaire des usagers de la route à l’approche de cette fête. Ainsi, c’est comme si le monde s’arrête. Et, la vie, comme seul et unique horizon, la Tabaski.

Cette fête religieuse connaît donc une ampleur et un éclat particuliers au Sénégal, où la majeure partie de la population est musulmane. Elle mobilise tous les secteurs de l’économie et de la vie sociale.

Donc, la fête de Tabaski crée d’habitude, chez les familles musulmanes, une grande effervescence.
Cependant, cette année, nous sommes loin de l’ambiance habituelle. Du moins, c’est le constat fait à Dakar, dans la capitale sénégalaise.
A quelques semaines de la fête, tout semble morose dans cette ville, contrairement à ce qui se passait d’habitude. Ainsi, cette situation s’explique, selon la dame Nafissatou Sow, par la conjoncture difficile : « Les temps sont durs et avec la conjoncture économique, nous ne pouvons plus nous permettre de faire certains sacrifices pour les fêtes. L’essentiel, c’est de pouvoir acheter un mouton et de s’acquitter de son devoir de musulman », dit-elle.

Le père de famille Modou WANE aborde dans le même sens : « c’est très difficile de joindre les deux bouts. Mon souci est d’acheter avant tout mon mouton. Pour ce qui est des habits et autres astuces, je pourrai vraiment m’en passer », lance-t-il avec un ton désolant.
Les explications de ces Sénégalais semblent se vérifier au marché Hlm. Certes, il y a une grande affluence, mais la majeure partie des personnes présentes sur ces lieux n’est venue que pour le plaisir des yeux. Ils veulent bien acheter, mais les poches sont « trouées ».
« Cette année, pour le moment, les clients n’ont pas pris d’assaut les magasins. La plupart d’entre eux font juste la navette, mais n’achètent rien », constate la sexagénaire Aminata Fall, commerçante de tissus. Pourtant les commerçants ont renouvelé les stocks pour appâter les acheteurs. Ils ont même revu à la baisse le prix de certains tissus prisés par les clients pour mieux les servir. Mais ces efforts semblent vains.
« Les choses ne vont pas bon train », indique le grossiste et détaillant de tissu, Alassane Ly.
« Je n’ai pas encore atteint le chiffre d’affaires que j’atteignais d’habitude à la même période. Pourtant, il y’en a pour tous les goûts et à tous les prix », déplore Alassane Ly.
« Les acheteurs donnent souvent comme prétexte la cherté des tissus pour ne pas acheter, mais cet argument est facilement battu en brèche », renchérit Soda Faye, commerçante de tissus en tous genres qui soutient qu’à part le coût élevé du tissu des «jezner autriche, tous les autres tissus ont été revus à la baisse pour ne pas dire que nous sommes même en train de les brader ». Elle explique qu’en effet, les prix de certains tissus ont chuté mais malgré les rabais faits sur certains tissus, les vendeurs guettent toujours les clients à longueur de journée.

« Pour le moment, nous notons avec surprise peu d’affluence dans le marché », indique Modou Guèye. Parmi les clients présents dans le marché, la majeure partie d’entre eux ne font que des va-et-vient incessants sous prétexte d’être à la recherche d’une marchandise moins chère, alors qu’en réalité ils viennent juste assouvir leur désir visuel », explique-t-il.

Du côté des clients, les avis sont très partagés. Si pour certains la marchandise que leur propose les vendeurs est à la hauteur de leur bourse, d’autres, la majorité quasiment, par contre, trouvent que les tissus sont chers. Pour ces derniers, il y a que les tissus peu valeureux qui ne le sont pas.

« La Tabaski est la plus grande fête pour les Musulmans, je trouve que c’est l’occasion pour nous de bien se saper », lance Saly Diop, une jeune fille à la vingtaine, très coquette. Elle poursuit : « Pour moi s’habiller bien ne veut pas dire acheter des tissus à 800F Cfa ou 1000F Cfa le mètre, mais c’est plutôt de me payer des tissus en soie, ou de la broderie high class ou encore le « jezner autiche ». Il faut reconnaître que ces tissus se vendent à des prix exorbitants.

Cependant, Dada Baldé n’est pas du même avis. Pour cette quadragénaire, seule la conjoncture explique le fait que les gens ne peuvent pas s’octroyer le plaisir d’acheter des tissus et certaines astuces pour la fête. Mais qu’en réalité les prix sont très abordables et les tissus sont très beaux. « Chaque acheteur trouve son compte au marché Hlm, car les prix varient en fonction de la qualité des tissus. Mais l’argent, devenu introuvable pour les Sénégalais, constitue la seule entrave pour la gent féminine de bien se saper », rétorque-t-elle.

Les couturiers trinquent

La conjoncture difficile n’a pas aussi épargné les couturiers. En ces périodes, ils étaient souvent très sollicités, mais a en croire certains d’entre eux, par rapport aux années précédentes, l’affluence n’a pas été aussi grande.
Selon N.D, couturière à Geule tapé, elle n’a pas reçu beaucoup de commandes. « Cette année, il y a eu moins d’affluence. Mon chiffre d’affaires n’a pas augmenté », confie-t-elle. Elle lie cette situation à la crise économique qui sévit actuellement au Sénégal. « L’argent est devenu introuvable en ces temps qui courent », dit-elle.
Même son de cloche chez beaucoup de couturiers du marché Hlm.
Mais malgré tout cela, les sénégalais espèrent de faire quand même de bonnes affaires lors de cette fête malgré cette conjoncture économique avec ces nombreux aléas.

Sokhna Rama Guissé DIAGNE

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