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Deux crashs en un an : L’armée face au casse-tête des hélicos lourds

Trois soldats sénégalais dont un officier-pilote, le capitaine Gorgui Foune, ont péri, vendredi dernier, dans un accident d’hélicoptère en République Centrafricaine (Rca). Ils revenaient d’une mission opérationnelle à bord de leur hélicoptère d’attaque de type MI-35 appartenant à l’Armée de l’air, mais opérant sous la bannière de l’Organisation des Nations-Unies (Onu). En moins d’un an, l’Armée nationale a perdu deux hélicoptères lourds après le MI-17 reliant Ziguinchor à Dakar qui s’était écrasé dans les mangroves de Missirah (Fatick). Ce crash avait fait huit (08) morts et il y avait eu treize (13) rescapés. Presque tous les membres de l’équipage avaient péri dans cet accident. À ce rythme, les hélicoptères lourds, acquis dernièrement par l’Armée de l’air, devraient se réduire comme peau de chagrin. En tout cas, ils deviennent un véritable casse-tête. L’atterrissage d’urgence de ces hélicoptères lourds est toujours difficile, contrairement à celui des hélicos légers. Le Témoin a enquêté.

En effet, du fait de leur poids, en cas de procédures d’urgence (détresse), ils tombent comme une pierre. Bien qu’ils soient des appareils modernes et faibles. Selon un ancien pilote de l’Armée, les hélicoptères lourds pèsent entre cinq (05) et vingt (20) tonnes. “Sans calculer aussi le poids des paniers à lance-roquettes sur les flancs lorsqu’il s’agit d’hélicoptères de combat. Donc, leurs procédures d’urgence ne peuvent être qu’extrêmement délicates. Et si le pilote ne réagit pas de façon rapide et immédiate, l’engin tombe comme une boule de pétanque ” indique notre interlocuteur qui a eu à piloter toutes sortes d’hélicoptères. Contrairement aux hélicoptères légers de type Alouette, Gazelle, Puma, Bell et Écureuil qui, dans les circonstances extrêmes, peuvent se poser en toute catastrophe comme une feuille d’arbre, les engins lourds, eux, sont plus difficiles à manier en cas d’urgence. “Ah oui ! Avec les hélicoptères légers, il y a plus de chance pour s’en sortir en cas de détresse”, insiste notre ancien pilote.

En tout cas, jusqu’à une époque récente, la flotte de l’Armée de l’air, outre les avions, n’était composée que d’hélicoptères légers réputés faire moins d’accidents que leurs cousins “lourds”. En 60 ans d’indépendance de notre pays, l’Armée de l’air ou l’ex-Groupement aérien sénégalais (Gas) a eu de rares accidents d’hélicoptères. Et la plupart de ces accidents ont été causés par de mauvaises conditions météorologiques ou des erreurs humaines de pilotage. Ce même si les pilotes et mécaniciens de l’Armée sénégalaise font partie des meilleurs au monde. En tout cas, leur professionnalisme et leur expertise sont certifiés par toutes les écoles de l’air. Un exemple parmi d’autres : le capitaine Gorgui Foune mort en service commandé en Centrafrique. Sorti de l’école de l’aviation légère de France, nous dit-on, il a fait une formation pointue de pilote qui lui avait donné l’aptitude de manœuvrer tout hélicoptère en vol de combat, en circulation aérienne militaire. De jour comme de nuit.

Moins d’accidents chez les hélicos légers…

Encore une fois, en 60 ans d’existence en tant que pays indépendant et souverain, le Sénégal n’a enregistré, à travers son armée de l’air, que quelques rares accidents d’hélicoptères légers. Il y a eu d’abord l’hélicoptère “Puma” perdu à Banjul par l’Armée lors de l’opération “Fodé Kaba”. Deux ans après, en1983, il y a eu un crash caché à l’opinion publique à une époque où la “censure” prévalait encore et où il n’existait que des médias d’État. Il s’agit de celui de l’hélicoptère de commandement de l’ancien président de la République Léopold Sédar Senghor. Un appareil de type “Gazelle” que le deuxième président sénégalais, Abdou Diouf, n’avait jamais utilisé à cause de sa grande taille qui ne lui permettant pas d’être à l’aise dans la cabine. Devant effectuer le vol d’initiation ou d’essai à bord de cet hélico, un nouvel équipage formé de trois pilotes de l’Armée, dont un mécanicien, avait pris place à bord de ce “Gazelle” de commandement.

Un ancien colonel pilote faisant partie des trois rescapés de ce crash, aujourd’hui retraité, le raconte avec effroi : “Après plusieurs rotations, l’hélicoptère s’est écrasé dans la zone du Lac-Rose (Malika). Tout est allé vite, très vite ! Un membre de l’équipage a appuyé par inadvertance sur un bouton, coupant ainsi le moteur de l’appareil. Malheureusement, nous n’avons pas pu redémarrer le moteur de l’hélicoptère qui s’est finalement écrasé au sol. Et, dès que l’appareil a touché le sol, nous ne savons pas par quel miracle, nous sommes parvenus à nous en sortir avant que l’avion ne prenne feu ! Des paysans sont venus à notre secours en nous éloignant du brasier avant l’arrivée des sapeurs-pompiers”. C’est après cet accident que le président Abdou Diouf a acquis par la suite un “Écureuil” plus spacieux. Il convient aussi de rappeler l’appareil léger de chasse “Fouga Magister” tombé, à la fin des années 90, à Pikine Tally Boumack. À l’époque, la responsabilité du pilote avait alors été engagée dans un rapport.

Le Témoin de conclure : “Si nous rappelons ces rares cas de crash, c’est pour montrer que l’Armée sénégalaise consacre d’énormes moyens techniques et financiers pour l’entretien et la maintenance de ses aéronefs. Ce qui explique que, fort heureusement, les problèmes techniques surviennent très rarement dans nos aéronefs militaires. Hélas, sous la bannière de l’Onu, les hélicoptères volent sans répit à cause des mille et une missions ou opérations à effectuer. Dans ce cas, il est permis de se demander si l’Onu a le temps de faire procéder à l’entretien et à la maintenance des aéronefs volant sous sa bannière. Encore que ce sont de très mauvaises conditions météorologiques qui sont à la base du crash de l’hélico de l’Armée survenu vendredi dernier en Centrafrique. Heureusement qu’en cas de perte de vies humaines ou de matériels (chars, véhicules, aéronefs…), l’Onu n’hésite pas à indemniser ou à rembourser hommes et bagages tombés au champ d’honneur. Ce que personne n’aurait souhaité”.

 

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