Des munitions pour lance-roquettes, des armes M203, des lances grenades, des fusils d’assaut et roquettes RPG constituent le butin saisi dans les bases rebelles reprises par l’armée le long de la frontalière avec la Guinée-Bissau, a constaté un reporter de l’APS.
“Nous avons récupéré un armement dans les bases reprises des mains des rebelles. Il s’agit de munitions composées de canons B10, de roquettes RPG, de munitions de 7-62 sur bande et en vrac, de munitions 12-7, de armes M203, des lances grenades, de fusils d’assaut entre autres”, a révélé mardi le lieutenant-colonel Mathieu Diogoye Sène,
Le lieutenant-colonel Sène, commandant du groupement tactique “Charlie” composé notamment d’éléments du troisième bataillon d’infanterie de Kaolack, s’entretenait avec des journalistes, en marge d’une visite de terrain dans les zones reprises par l’armée sénégalaise.
Il s’agit des bases de Bamoune-Bilass, Boussoloum, Badiong et Sikoune, considérées comme des bastions historiques du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
Depuis le 25 janvier passé, la zone militaire numéro 5 menait une grande opération dans ces zones occupées par des bandes armées en vue de créer des conditions favorables à un retour des populations dans leurs villages abandonnés depuis quelque trois décennies.
Un important détachement de l’armée sénégalaise composé du troisième bataillon des commandos de Thiès, du troisième bataillon d’infanterie de Kaolack, d’un détachement du Génie militaire de Bargny, du cinquième bataillon d’infanterie de Ziguinchor et d’un bataillon de parachutistes opérait dans la zone depuis plus de 10 jours.
Sur la route nationale numéro 6 menant à Kolda via le Balantacounda, à hauteur du village d’Agnack Petit, une piste latérite traverse les villages de Niabina, Mawa et Camaracounda. Là débute le calvaire des passagers qui veulent s’aventurer un peu plus loin dans cette zone.
Le détachement du Génie militaire a balisé un sentier pour ouvrir une voie d’accès qui traverse la zone de tampon avant l’arrivée dans les bases des combattants du MFDC. La poussière, les cliquetis d’arbres et autres entrelacs des branches d’arbres deviennent autant d’obstacles naturels pour le conducteur obligé d’adapter sa vitesse et de la ramener au minimum.
Samick et Niadhiou, deux villages victimes de récentes exactions des bandes armées, rendent compte d’une présence humaine dans la zone.
Au milieu d’une forêt luxuriante et dense apparaissent des débris d’habitations de fortune. Des pans de palissades jaunies par le temps, des matelas usés, des morceaux d’habits délavés, des bidons vides, quelques pierres, des grenades, des rangées de munitions, de vielles mallettes, des trous, des bunkers forment le décor de ce qui est devenu depuis dix jours l’ancienne mythique base rebelle de Badiong.
Plusieurs motos de type “Jakarta”, un quinzaine de vélos, cinq charrettes, du bétail, des poules éparpillées dans la nature, du matériel d’intendance, de la logistique et des médicaments d’un poste de santé virtuel ont été aussi saisis par l’armée nationale au cours des opérations de sécurisation entamées depuis plusieurs jours dans la forêt de Bilass.
Après la reprise effective des quatre bases du “front sud” que sont Bamoune-Bilass, Boussoloum, Badiong et Sikoune, le colonel Souleymane Kandé, le commandant de la zone militaire numéro 5, a mis en garde les bandes armées du MFDC, les invitant à “ne plus franchir la ligne rouge”.
“Il y a des lignes rouges déjà tracées. Nous ne permettrons plus à aucune bande armée de la franchir parce que toute exaction sur la population sera considérée comme une déclaration de guerre à l’armée sénégalaise”, a-t-il déclaré.
“Nous serons intransigeants. Nous n’accepterons plus qu’aucune bande armée touche à un seul cheveu d’un citoyen. Nous allons pleinement remplir notre mission de sécurisation des personnes et de leurs biens”, a assuré M. Kandé.
Plusieurs hectares de chanvre indien ont été “récupérés” au terme des opérations conduites par l’armée sénégalaise. “Il y a au moins une bonne dizaine de champs de chanvre indien. Ils s’étendent à perte de vue (…)”, a poursuivi colonel Souleymane Kandé.
“Notre engagement s’inscrit dans un contexte particulier marqué par une ferme volonté des populations de retourner à leurs terroirs qu’elles ont quittés depuis près de trois décennies. Les bandes armées avaient fini de créer des zones d’interdiction pour mieux se livrer à des activités illicites”, a renchéri le lieutenant-colonel Clément Hubert Boucal, commandant du bataillon des commandos, une unité venant de Thiès.
Il assure que l’armée a mis la main “sur toutes leurs bases, surtout la base historique de Sikoune considérée par le MFDC comme un sanctuaire important”.
APS