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Les Kosovars aux urnes pour élire leurs députés et tourner une page de leur histoire?

Recouvert par la neige qui tombe sans discontinuer depuis samedi matin, le Kosovo vote ce dimanche 14 février pour des élections législatives qui devraient entériner la mise à l’écart définitive des anciens commandants de la guérilla de l’UÇK et l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération politique. Et l’on s’attend à une victoire sans appel du mouvement Vetëvendosje.

Le mouvement de gauche souverainiste Vetëvendosje caracole en tête des sondages, rêvant même d’emporter la majorité absolue. Mené par son charismatique leader Albin Kurti, qui se présente en « ticket » avec Vjosa Osmani, une dissidente de la Ligue démocratique du Kosovo, qui est actuellement présidente de la République par interim, Vetëvendosje incarne les espoirs de changement.

partagés notamment par les urbains, les jeunes ou encore les électeurs de l’importante diaspora qui, pour la première fois, se sont massivement inscrits sur les listes électorales.

La fin de l’instabilité politique ?

Ceux qui s’apprêtent à déposer dans l’urne un bulletin de vote Vetëvendosje mettent l’accent sur les promesses de lutte contre la corruption, ils dénoncent la « privatisation » de l’État par les « vieux » partis, notamment le Parti démocratique du Kosovo, la formation des anciens commandants de la guérilla, dont le chef, Hashim Thaçi, attend d’ailleurs depuis novembre son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant les nouvelles Chambres spécialisées de La Haye. Ils dénoncent aussi l’instabilité chronique qui fait tomber les gouvernements tous les six mois, fragilisant le petit pays dont l’économie est exsangue.

Ces élections anticipées devraient clore une longue séquence de crise politique. Vetevendosje était déjà arrivé en tête des élections d’octobre 2019, mais le gouvernement de coalition formé par Albin Kurti était tombé au mois de mars suivant en raison de fortes pressions américaines, l’administration Trump voulant imposer un accord territorial avec la Serbie dont les Kosovars ne veulent pas. Le fragile gouvernement alors formé par Avdullah Hoti était largement perçu comme « illégitime », et il est à son tour tombé en décembre.

Conquérir une plus large majorité

Albin Kurti espère obtenir la majorité absolue, mais le pari sera difficile à tenir, car seuls 100 des 120 députés du Parlement du Kosovo sont élus à la proportionnelle, les vingt sièges restants étant réservés aux Serbes et aux autres minorités du Kosovo, Bosniaques, Roms ou Turcs. Vetevendosje devra donc certainement s’entendre avec ces élus des minorités, alors que la liste Srpska, téléguidée par Belgrade et quasi-hégémonique chez les Serbes, fera tout pour empêcher le mouvement d’accéder au pouvoir.

La marge de manœuvre d’Albin Kurti dépendra donc de l’ampleur de sa victoire mais, même si celle-ci est large, le plus difficile sera peut-être encore à venir. La communauté internationale mettra sans doute l’accent sur la reprise du dialogue avec Belgrade, tandis qu’Albin Kurti entend privilégier le « dialogue interne » avec les Serbes qui vivent au Kosovo pour favoriser leur intégration dans la société.

Surtout, le nouveau gouvernement devra tenter de répondre aux immenses attentes sociales d’une population frappée par un chômage massif, alors que la très fragile économie du pays a été laminée par les conséquences de la pandémie de Covid-19. La lutte contre la corruption fera peut-être taire l’arrogance des très riches mais ne donnera pas du pain à l’immense majorité des très pauvres et, faute de réponses rapides, les Kosovars continueront massivement à s’expatrier.

RFI

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