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Dépression, racisme, indifférence… l’interview d’Harry et Meghan charge Buckingham Palace

Aux États-Unis, l’interview de Harry et Meghan par Oprah Winfrey a été diffusée ce dimanche 7 mars. L’occasion pour le couple de donner sa version sur les raisons qui les ont poussés à prendre de la distance, les raisons des tensions avec Buckingham Palace et la famille royale.

Durant deux heures, Harry et Meghan se sont confiés sur ce qu’ils ont vécu au cours des trois dernières années. Les campagnes anti-Meghan des tabloïds anglais, les tensions avec certains membres de la famille royale. Pour la première fois, Meghan raconte avoir fait une dépression l’année qui a suivi son mariage. « Je n’avais plus envie de vivre. Et c’était une pensée claire, réelle, terrifiante et constante », dit-elle.

La « guerre », raconte notre correspondante à LondresMuriel Delcroix, est déclarée entre le couple désormais installé à Santa Barbara et le reste de la famille royale, « la Firme » comme les Windsor ont été surnommés, une expression péjorative que reprend d’ailleurs Meghan durant l’interview et la duchesse de Sussex ne mâche pas ses mots. Parmi les accusations les plus graves pour le palais de Buckingham, celles de racisme : « Quelqu’un » que Meghan ne veut pas nommer au sein de la famille royale se serait inquiété de la couleur de la peau de leur futur bébé Archie lors de conversations rapportées par Harry. Autre révélation : l’ancienne actrice américaine explique donc avoir eu des pensées suicidaires quelques mois avant que le couple ne décide finalement de couper les ponts avec la famille royale. Harry révèle, de son côté, ses amers regrets de ne pas avoir été soutenu par sa famille face au déchaînement médiatique contre Meghan. Le prince évoque la déchirure avec son frère aîné, William, et surtout son père, Charles : il lui reproche de n’avoir rien fait pour le protéger et protéger sa femme, lui qui, pourtant, avait connu une situation similaire lorsque Diana était harcelée par la presse…

« Peur que l’histoire se répète » 

Le couple, rapporte de son côté notre correspondante à New YorkLoubna Anaki, a expliqué avoir une très bonne relation avec la reine, mais qu’ils ne voyaient pas d’autres solutions que de s’éloigner pour se protéger. « J’avais surtout peur que l’histoire se répète. Et c’est ce qui était en train d’arriver, peut-être même de façon plus dangereuse parce que, là, on ajoutait l’élément de la race et on ajoutait les réseaux sociaux. Et quand je parle d’histoire qui se répète, je pense à ma mère (Lady Di, NDLR) », estime Harry.  Harry et Meghan disent avoir trouvé une vie de famille plus joyeuse en Californie. Ils attendent un second enfant qui sera une fille, a annoncé le couple lors de cette interview.

Quelles réactions à Londres ?

À Londres, la plupart des Britanniques n’ont pas pu encore voir cette interview fleuve qui a été bloquée par la chaîne CBS, car la chaîne britannique ITV en a l’exclusivité au Royaume-Uni et elle ne sera diffusée que ce soir. Mais les journaux, notamment les tabloïds ont déjà modifié leurs Unes en ligne pour titrer sur les révélations les plus explosives et, encore une fois, ce sont les accusations de racisme de la part du palais qui font les gros titres. La grande question maintenant, c’est : est-ce que Buckingham va réagir publiquement ? Les membres de la famille royale viennent d’être décrits comme des êtres « piégés » au sein d’une institution froide et sans compassion, raciste et qui n’a pas voulu protéger Harry et Meghan ; à l’exception notable, donc, de la reine. Le couple a pris soin d’insister sur leur grande affection pour Elizabeth II, qui maintient d’ailleurs des liens avec eux. Mais pour la famille royale en général, dont l’image a été sérieusement écornée dans cette interview, la pression va être extrêmement forte pour une fois d’aller contre son instinct naturel et la tradition de la monarchie de « never complain, never explain » et donc de venir s’expliquer ou, en tout cas, apporter une sorte de réponse officielle à cette version de l’histoire…

Tour d’horizon de la presse britannique. Pour The Times, « quel que soit ce que la famille royale attendait de cette interview, c’était pire ». « Meghan a souffert de tendances suicidaires. Elle était inquiète pour son bien-être mental. Elle a pleuré à un engagement officiel. Et la famille royale n’a pas aidée », a développé le quotidien, évoquant des « allégations préjudiciables ». Lors de cet entretien accordé à la star de la télévision américaine Oprah Winfrey, avant sa diffusion lundi soir au Royaume-Uni, « l’image qui a émergé est celle d’un couple qui était vulnérable, qui s’est senti prisonnier de leur rôle et qui s’estimait laissé sans protection par l’institution », a-t-il poursuivi.

Le Daily Telegraph estime inutile pour la famille royale de « se cacher derrière le canapé »: c’est d’un « gilet pare-balles » dont elle avait besoin, face à une interview qui contenait assez d’« obus pour faire couler une flottille ». « Et possiblement, comme le craignent certains, pour infliger les mêmes dommages à la monarchie britannique ». « Il est juste de dire que cette interview de deux heures sans concession est le scénario du pire pour ce que le couple n’a cessé de mentionner comme “la Firme” », surnom de la monarchie, a ajouté le quotidien conservateur, évoquant notamment les réflexions racistes qui ont visé, selon Meghan et Harry, leur fils Archie avant même sa naissance.

« L’image d’individus insensibles perdus dans une institution »

L’imagerie militaire est de mise aussi sur la chaîne ITV: « Le couple avait effectivement chargé un bombardier B-52, l’a fait survoler le palais de Buckingham et a déchargé son arsenal juste au-dessus ». Pour la BBC, « c’est une interview dévastatrice » qui révèle « les pressions terribles au sein du palais » et dresse « l’image d’individus insensibles perdus dans une institution » qui l’est tout autant.

Le tabloïd Daily Mirror insiste lui sur l’« immense tristesse » du prince héritier Charles, père d’Harry, et de son frère aîné William, tandis que le Daily Express dénonce « une discussion télévisée avec Oprah qui sert le(s) propres intérêts » du couple, exilé aux Etats-Unis depuis sa mise en retrait, au printemps de 2020, de la monarchie. Comme d’autres journaux, bouclés avant l’interview-confession, le Daily Mail titre par contraste sur le « puissant » message de devoir partagé par la reine Elizabeth II, grand-mère d’Harry, lors d’une adresse diffusée à la télévision britannique quelques heures auparavant.

(avec AFP) et RFI

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