La matinée a été très chaude ce dimanche à Ziguinchor. Le sommeil des populations y a été perturbé par de violents tirs à l’arme lourde qui ont semé la peur et la psychose. Renseignements pris, il s’agissait d’une opération de sécurisation lancée par l’armée qui pilonnait les positions des combattants du chef de guerre du Mfdc, César Atoute Badiate. Lequel a ses quartiers à Kassolol, dans la zone sud.
Les détonations étaient telles qu’on a eu l’impression d’une réédition des attaques des éléments de Salif Sadio dans la périphérie de la ville. Toute la matinée a été marquée par des tirs nourris et des explosions. Bon nombre de Ziguinchorois et les populations des villages environnants ont préféré, par mesure de prudence, se terrer chez eux pendant une bonne partie de la matinée avant de reprendre le cours normal de leur vie quotidienne.
On a également entendu de fortes détonations en direction de la forêt de Bofa Bayote où avaient été tués 14 exploitants forestiers en janvier 2018 sans avoir s’il s’agissait toujours des tirs de l’armée ou des ripostes des combattants du Mfdc. Les riverains du boulevard des 54 mètres de Ziguinchor ont également observé un vaste mouvement de véhicules de l’armée qui transportaient des troupes armées jusqu’aux dents, la tension étant partout palpable.
Pour l’instant, on ne sait pas trop ce qui est à l’origine de ce regain de tension. Un officier qui s’est confié à nous indique que le plus important c’est de conduire cette opération jusqu’à son terme, après la communication suivra. Notre interlocuteur n’a pas voulu nous dire s’il s’agit d’une opération de ratissage comme ce fut le cas il y a quelques mois dans la zone de Sikoun vers Goudomp en Moyenne Casamance où des rebelles avaient alors été chassés de leurs bases. Mais, pour beaucoup d’observateurs, cette opération ressemble bien à celle de Sikoun il y a quelques mois.
À noter qu’avant l’opération de dimanche, un incident s’était produit dans la zone nord de la région. Des agents des Eaux et Forêts du secteur de Diouloulou qui avaient effectué une descente dans la forêt, non loin du village de Koudioubé, à quelques encablures de la frontière gambienne pour saisir du bois frauduleusement coupé, avaient été pris en chasse par un commando armé.
D’ailleurs, au cours de cet incident, un pisteur qui accompagnait les agents avait été tué. Ce bois, selon toute vraisemblance, devait être acheminé en Gambie. Au même moment, on a appris qu’une patrouille de l’armée a intercepté et saisi, dans la zone de Oulampane, un camion rempli de bois qui devait être envoyé en Gambie le samedi. Ce qui révèle que le combat contre le trafic de bois vers ce pays est très loin d’être gagné.
Pour l’instant, on attend une réaction éventuelle des négociateurs de la paix en Casamance. Surtout que les incidents de dimanche se produisent juste après la déclaration publique de responsables du Mfdc qui ont dit haut et fort qu’ils consentent pour un règlement politique du conflit en Casamance. C’était à l’issue d’un conclave qu’ils ont tenu au Cap-Skirring avec le soutien de certaines de ces bonnes volontés qui, à l’occasion de chaque rencontre qu’ils subventionnent, s’empressent de faire croire à l’opinion que la paix en Casamance n’est plus qu’une simple formalité, alors que nenni. Nous y reviendrons.
À signaler que le Mfdc, par la voix de Ahmed Apakéna Diémé, membre du Cercle des intellectuels et Universitaires du Mouvement, n’a pas tardé à réagir et parle de provocation du Président Macky Sall, rapporte Jean Diatta, Correspondant du journal Le Témoin en Casamance.
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