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THIÈS : LES CLASSES PRÉPARATOIRES S’APPRÊTENT À RECEVOIR LA VISITE DU CHEF DE L’ETAT

De part et d’autre de la route menant au portail de l’Ecole polytechnique de Thiès (EPT), un peu au Nord-ouest de la ville, des hommes s’affairent au désherbage et à l’élagage des arbres, dont les branches sont transportées par des camions.

A l’intérieur, telle une fourmilière, la vaste cour de l’EPT grouille de monde, notamment des ouvriers qui s’attèlent à différentes tâches, pour parfaire le toilettage de l’École à la veille de la visite du Président Macky Sall.

Non loin du bâtiment administratif de l’EPT, un grand chapiteau est en train d’être installé. Ici, un maçon donne les derniers coups de truelle pour cimenter la dernière rangée de pavés au bâtiment abritant les classes préparatoires aux grandes écoles.

Le chef de l’Etat vient constater de visu, jeudi, le démarrage effectif des Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et poser la première pierre d’un complexe dédié, dans l’enceinte de l’EPT.

Il sera composé de 15 salles de classe, cinq laboratoires, de logements pour étudiants et professeurs, ainsi que des infrastructures sportives, afin de porter les effectifs à 300 dans les deux premières années et 800 dans les cinq ans, selon Magaye Diop, coordonnateur des CPGE.

Ce projet est issu des recommandations des concertations sur l’enseignement supérieur en 2016, pour pallier les faibles effectifs dans les filières scientifiques. ’’Le président a pris la balle au rebond’’, se réjouit M. Diop, qui voit dans la visite du Chef de l’Etat la preuve qu’il ’’tient à ce projet’’.

Comme il l’avait demandé, les classes préparatoires ont démarré début octobre. Cinq professeurs sénégalais ont été recrutés. Ils sont encadrés par deux professeurs français agrégés en maths et en physique chimie et un professeur tunisien en science de l’ingénieur.

Lamine Sokhna, professeur de Maths, physiques et sciences de l’ingénieur (MPSI), est revenu de la France pour faire bénéficier son pays de son expérience dans cette nouvelle aventure. Un projet de classes préparatoires aux grandes écoles dans lequel s’est lancé le gouvernement sénégalais.

Il a démissionné en France, où il enseignait dans les classes préparatoires jusqu’en fin septembre dernier, pour rentrer au pays. Pour lui, c’est un moyen de rendre la monnaie au gouvernement qui lui avait octroyé une bourse d’excellence pour aller poursuivre ses études en Hexagone. En deux semaines de cours, il voit des élèves ’’très motivés et travailleurs’’.

Son collègue, Alain Ehemba, n’a pas le même parcours. Assistant vacataire pendant sept ans à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il a été aussi étudiant, il a enseigné dans les classes préparatoires privées depuis 2012. Déjà, il note des différences avec ces prépa privées.

Les colles, des interrogations orales auxquelles sont soumises chaque groupe d’étudiants une fois par semaine, sont une nouvelle donne ici. Les laboratoires ’’super bien équipés’’ et le profil des étudiants font aussi la différence. ’’On a les meilleurs du Sénégal, et ça se ressent pendant les cours’’, dit Ehemba, dont la spécialité à la base est l’énergie solaire.

Il vient de laisser ses étudiants pour quelques minutes dans la salle de travaux pratiques, le temps de se retirer dans son bureau et corriger des copies.

Quand il revient dans la salle très spacieuse, l’ambiance est à la fois studieuse et bon enfant.

Assis devant quatre longues tables, sur lesquelles sont posés des oscilloscopes, des appareils servant à visualiser les tensions, les étudiants se concertent pour mettre en pratique leurs cours théoriques. ‘’C’est les circuits de base’’, explique le prof.

’’Ici, le rythme est infernal, il faut tenir, toujours être à jour’’, dit Ehemba. Rien qu’en physique, le programme est composé de 22 chapitres. ’’Ce qu’on fait à l’université en première et en deuxième année, on le fait ici en une année’’, souligne-t-il.

Les maths sont le dénominateur commun en classe de physique chimie, sciences de l’ingénieur (PCSI) comme en MPSI, 12 heures de maths dans la première et 10 heures dans la seconde.

S’y ajoutent, en MPSI, la physique chimie, l’anglais, le français, la philosophie et l’éducation physique.

Certains exercices proposés au concours d’entrée aux grandes écoles, leur sont déjà soumis en deux semaines de cours.

De 25 étudiants initialement prévus, la classe de MPSI s’est retrouvée à 23 aujourd’hui, relève-t-il. Il y a eu des départs et des arrivées. ’’Le dernier venu se débrouille tant bien que mal pour s’intégrer dans le groupe’’.

Avec ce programme, ils auront les bagages pour intégrer toutes les écoles d’ingénieur au Sénégal où à l’étranger, pour devenir des ingénieurs, des professeurs ou des chercheurs. Pour Magaye Diop, le pays a besoin d’ingénieurs dans le contexte actuel avec la perspective d’exploitation de pétrole.

’’Les comptes-rendus, vous les rendez avant 15 heures, ceux qui ont une colle, c’est avant’’, lance-t-il aux étudiants.

L’heure de la pause approche. La technicienne, Mme Diop, s’affaire à ranger les câbles dans les armoires en fer. Formée à l’ESP de Dakar, l’ancienne employée du laboratoire de contrôle qualité de Dakar est chargée de l’entretien des appareils très sophistiqués et chers utilisés par les étudiants. Elle aide à la mise en place du dispositif, à la préparation des solutions et à la gestion du stock.

Parlant des conditions d’études, Ibrahima Diallo, 18 ans, étudiant en MPSI, les juge ’’parfaites’’.

Les étudiants logent en internat dans des chambres à deux. Un réfectoire, une piscine et des aires de jeu qu’ils partagent avec leurs camarades de l’EPT.

La journée d’un étudiant en classe préparatoire se déroule comme suit, raconte Alassane Dia, venu du lycée scientifique de Diourbel : petit déjeuner à 7 heures, cours de 8 heures à 12 heures, repas et reprise à 13 heures 30, sauf les mercredis.

Les cours se poursuivent encore jusqu’à 15 heures 30 ou 17heures 30. Ceux qui ont une colle, peuvent être sur la brèche jusqu’à 19 heures.

Le soir, ce sont les études libres, qui peuvent se dérouler dans les chambres ou les salles de classe.

En raison du nombre réduit – près d’une cinquantaine au total, répartis entre deux classes, des liens presque familiaux se sont déjà tissés entre eux.

S’ils peuvent être considérés comme la crème du système éducatif sénégalais, Pape Alioune Wane ne se prend pas pour autant la tête. Il relativise : ’’ils ont pris les meilleurs parmi ceux qui ont déposé’’ leur dossier, dit-il, ajoutant qu’il y a des élèves très intelligents qui n’ont pas fait ce choix.

Ehemba voit l’avenir des CPGE en grand. Selon lui, avec la décision des autorités d’augmenter les effectifs, l’année prochaine, avec l’informatique comme troisième filière, qui sera certainement suivie par d’autres, l’Ecole passera à six classes.

Il estime qu’à côté du Maroc et de la Côte d’Ivoire qui ont déjà des classes préparatoires, le Sénégal peut, à travers les CPGE, se positionner pour la ’’formation des futures cadres de l’Afrique de l’Ouest’’.

A terme, l’idée est de faire un maillage du pays en classes préparatoires, selon le coordonnateur.

APS

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