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Gaza dans l’attente d’un «flux continu» d’aide, alors que les frappes israéliennes s’intensifient

La bande de Gaza, assiégée par l’armée israélienne, va pouvoir bénéficier d’un « flux continu » d’aide humanitaire, ont promis le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui se sont parlés par téléphone quelques heures après l’entrée dans l’enclave d’un deuxième convoi d’aide dimanche. Ce lundi, un troisième convoi d’aide est entré lundi dans la bande de Gaza depuis l’Egypte.

« On ne dort pas, alors on compte les bombes par dizaines, par centaines ». C’est le message reçu à 3h ce lundi matin par notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Il est envoyé par Assia, une jeune grand-mère palestinienne qui veille sur ses enfants et sa petite-fille. Elle est dans le centre de la bande de Gaza, terrifiée par les frappes qui se sont encore intensifiées sur l’enclave palestinienne.
 
Il y en a eu 320 durant ces dernières 24 heures, selon l’armée israélienne. Ce dimanche, l’armée israélienne a également bombardé une position du côté égyptien de la frontière. Une « erreur » dont elle s’est dit « désolée ». Le ministère de la Santé du Hamas, a déclaré que les raids les plus meurtriers ont eu lieu à Deir al-Balah, où 80 personnes dont des femmes et des enfants ont péri et plusieurs immeubles ont été détruits. Des raids ont également visé Khan Younès et Rafah, dans le sud. Ces opérations menacent l’acheminement de l’aide humanitaire  qui a commencé samedi.

« La bombe qui nous tuera sera silencieuse »

Dans le nord de Gaza, Ahmed fait partie de ceux qui ont refusé de quitter leur maison malgré l’ordre d’évacuation émis par l’armée israélienne. Le jeune père de famille n’a plus accès à internet. Au téléphone, il décrit la fin du monde, « mais pas question d’être gagné par le désespoir : je dois tenir, survivre pour mes enfants », assure-t-il.
 
Tamer lui aussi est dans le nord de l’enclave. Il affirme que les bombardements ciblent Gaza depuis les airs, « les navires de guerre israéliens nous tirent également dessus depuis la mer, et au sol l’artillerie est en action ». Face à la tragédie, il emploie l’humour noir : « On se dit qu’entendre les déflagrations, c’est finalement rassurant, cela signifie que les bombardements sont autour de nous. La bombe qui nous tuera sera silencieuse, elle s’abattra sur notre maison, explosera et nous emportera avant qu’on ne l’entende », conclut-il. 
 
D’après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 4 651 Palestiniens, en majorité des civils dont près de 1 900 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza à cause des bombardements israéliens depuis le 7 octobre. Côté israélien, Plus de 1 400 personnes ont été tuées, la plupart des civils fauchés par balle, brûlés vifs ou mutilés le jour de l’attaque, d’après les autorités.
 

« Il y aura dorénavant un flux continu » d’aide à Gaza

Dans l’enclave administrée par le Hamas, les habitants, soumis à un « siège total » depuis le 9 octobre, manquent de tout : eau, nourriture, électricité… Dimanche, dix-sept camions d’aide humanitaire  sont arrivés à Gaza depuis l’Égypte : c’est trois de moins que lors du premier convoi de la veille. Un nombre loin d’être suffisant selon les Nations Unies, qui estiment qu’il en faudrait en moyenne 100 par jour pour venir en aide aux Gazaouis, démunis après plus de deux semaines de bombardements israéliens en réponse à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre dernier.
 
Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien ont « affirmé qu’il y aurait dorénavant un flux continu dans Gaza de cette assistance cruciale », lors d’une conversation téléphonique, selon un communiqué de la présidence américaine. Un troisième convoi d’aide est entré ce lundi dans la bande de Gaza depuis l’Egypte, comme l’ont constaté des correspondants de l’AFP des côtés égyptien et palestinien du terminal de Rafah.
 
Ce lundi 23 octobre, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui réclamé « plus d’aide, plus rapidement » pour la bande de Gaza. Il s’est dit à titre personnel, favorable au cessez-le-feu  humanitaire réclamé par le patron de l’ONU Antonio Guterres. « Personnellement, je pense qu’une pause humanitaire est nécessaire pour permettre à l’aide humanitaire d’être distribuée, en particulier pour apporter ce qui va permettre de restaurer les infrastructures de distribution d’eau et d’électricité », a-t-il déclaré, soulignant que ce sujet serait débattu par les ministres des Affaires étrangères des 27 réunis au Luxembourg ce lundi. 
 
Plusieurs pays tempèrent cette déclaration, comme l’Allemagne dont la ministre des Affaires étrangères affirme que si « le terrorisme de Gaza » se poursuit, il ne sera pas possible d’endiguer la catastrophe humanitaire. Son homologue tchèque va encore plus loin : il estime qu’une pause humanitaire, un cessez-le-feu, ne pourra être mis en place que s’il s’applique aux deux parties alors que le Hamas continue d’envoyer des roquettes.
 
Alors que les raids aériens se multiplient, Israël, qui proclame vouloir « éradiquer » le Hamas, n’a pas encore lancé d’opération terrestre dans l’enclave palestinienne. L’opération est pourtant pressentie comme imminente depuis plusieurs jours. Dès les attaques du 7 octobre, l’État hébreu a mobilisé des centaines de milliers de réservistes. Quelque 360 000 soldats ont désormais été rappelés. Le pays avait donné un délai de 24 heures aux habitants du nord de l’enclave pour évacuer vers le sud. L’ultimatum a expiré il y a plus d’une semaine déjà.
 
L’offensive terrestre semblait alors se préciser, mais l’armée israélienne poursuit ses préparations, rapporte notre envoyé spécial dans la région, Guilhem Delteil. Il lui faut d’une part armer et préparer ses soldats, mais aussi élaborer ses plans d’attaque pour mener une opération dont elle connaît la sensibilité. Elle risque d’enregistrer d’importantes pertes dans ses rangs et pourrait déclencher l’ouverture d’un front à ses frontières nord, libanaise et syrienne, où la tension est déjà très vive
 
Israël temporise aussi car l’activité diplomatique est forte. Après le président américain, les Premiers ministres britannique et italien, le chancelier allemand, tous venus la semaine dernière, le président français Emmanuel Macron est attendu ce mardi à Tel-Aviv. Toutes ces visites sont présentées comme des marques de soutien à Israël, mais elles représentent également l’occasion de peser sur les choix militaires israéliens. Les Occidentaux – et notamment les États-Unis, principaux alliés d’Israël veulent éviter l’embrasement au Moyen-Orient. 

PRESSAFRIK

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