La complexité de la notion de temps a, depuis longtemps secoué le travail rationnel des présumés grands penseurs. Elle fut la charpente sur laquelle repose leurs activités intellectuelles. Déjà, dans ÉLÉMENTS DE PHILOSOPHIE, Alain pretendait: ” la médiation sur le temps est la véritable épreuve du philosophe “. Il s’ensuit alors que l’entreprise philosophique trouve son essence dans sa confrontation avec la réflexion sur la notion de temps. Considérant que ces réflexions ont laissé apparaître des failles malheureuses, leurs méthodes de pensée et la pensée elle-même semblent inopportunes pour édifier sur le temps; d’où le nécessaire recours à la spiritualité pour de plus amples éclaircissements.
Gaston Bachelard a prouvé une telle insuffisance dans L’INTUITION DE L’INSTANT en affirmant que le temps est resserré et suspendu entre deux néants. Ici, on entend par deux néants au passé et au futur. Selon sa conception, le passé est annulé par le présent et le futur reste illusoire parce qu’il n’est que la continuité du présent. C’est ce qui lui a fait penser que le futur n’existe pas, c’est toujours le présent qui continue.
SEYDI MOUHAMED EL CHEIKH, par contre, par sa démonstration spirituelle a fait état du futur et mieux, du temps même qui le régit en soutenant que si nous pensons que le futur ( le jugement dernier ) n’existe pas, c’est parce que le Créateur est patient et qu’il dispose de 50000 années pour juges des comptes de chacune de ses créatures. Sa conception est plus plausible dans la mesure où ce qui montre que le futur existe c’est qu’il est régit par une notion de temps différente de celle du présent. Ainsi donc, la raison a échu à expliquer le temps, les sens aussi ( voir partie 1).
Or, pour Imam Ghazali, les réalités qui ne peuvent être expliquées ni par la raison ni par les sens, relèvent de l’âme. Attendu que l’âme est la l’apanage du spirituel, seule la spiritualité permet de bien déterminer les contours de la notion de temps.
Moussa Fall.
