Sociétés et traditions

L’immigration clandestine : les causes d’une tragédie

Exclue du système mondial et marginalisée dans les échanges internationaux, l’Afrique semble ne plus savoir à quel sein se vouer. La pauvreté, les maladies endémiques et pandémiques, la sécheresse, la corruption ou encore les guerres, sont autant de facteurs à même d’expliquer le mal-être au sein du continent. C’est, probablement, dans un tel contexte que le problème de l’émigration clandestine trouve son explication la plus aboutie. Ainsi, s’agira-t-il dans notre analyse, de situer les responsabilités de ce fléau, qui rappelle le temps du commerce triangulaire avec son lot de morts et de victimes.

Dans une certaine mesure, l’émigration clandestine découle d’un ensemble de facteurs, les uns plus terribles que les autres. En effet, lorsqu’on analyse ce phénomène, on se rend compte aisément que le sous-développement dont souffre l’Afrique n’est pas seulement un problème d’ordre structurel et a comme conséquence le rôle minime que l’Afrique joue sur le plan international. Malgré les politiques d’ajustement structurel mises en place au cours des années 80, l’économie africaine ne cesse de battre de l’aile. Une situation dont l’impact est considérable aussi bien sur les mentalités, les comportements que les us et coutumes. La résultante de cette pauvreté, qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes, est le chômage qui touche une bonne frange des jeunes. Et il y a un paradoxe.

En réalité, la plupart de ces jeunes sont des diplômés dont la formation suivie ou la qualification obtenue n’est pas en adéquation avec les exigences du marché du travail. Celui-ci devient de plus en plus opaque. Trouver un travail est devenu un ‘parcours du combattant’ et pour ceux qui ont la chance d’en avoir, le conserver devient un supplice de Sisyphe. Une véritable bombe à retardement. Cela dans la mesure où les 2/3 de la population africaine ont entre 0 et 45ans. Dès lors, se pose la question de l’emploi des jeunes quand on sait que ceux-ci ont des préférences sur le type d’emploi qu’ils souhaitent occuper. En fait, la société africaine a des réalités qui lui sont propres et le travail que l’on exerce influence, façonne et conditionne le regard que la société porte sur l’individu. C’est ainsi qu’un bon nombre de jeunes diplômés, à la fleur de l’âge, ont emprunté la voix périlleuse qui mène à l’Europe, au grand dam de leurs pays d’origine et cela, à leurs risques et périls.

Toutefois, le malheur dans tout cela est que, les voies et moyens utilisés pour aller en Europe frôlent parfois l’inimaginable. Ainsi, la plupart des candidats à l’immigration clandestine le font par mer à l’aide de pirogues de fortune sous le commandement d’un soi-disant capitaine dont toute l’expérience se résume à des campagnes de pêches. Dès lors, des centaines de jeunes empruntent ces embarcations de fortune avec le rêve d’accoster sur un port situé de l’autre côté de la méditerranée. Hélas, ce rêve mirifique fini par devenir un cauchemar qu’on aurait souhaité ne jamais faire l’expérience. C’est ainsi que la mer est devenue un cimetière à ciel ouvert pour ces jeunes, pour leurs ambitions et pour l’espoir porté en eux par leurs familles. Aux risques de rouvrir des plaies béantes et encore sanguinolentes que sont la pauvreté et la misère que ces jeunes prétendent fuir. Mettre un terme à ce fléau est donc devenu une urgence dans l’urgence.

Egalement, le poids de l’Afrique dans les relations internationales explique à bien des égards la place qui lui est assignée dans la géopolitique mondiale. En effet, son image de nain économique, politique et militaire fait qu’elle se trouve en marge d’un monde en perpétuelle mutation. Hormis les causes historiques à savoir la traite négrière et la colonisation, le retard de développement accusé par ce continent s’explique en partie par le laxisme de ses dirigeants. En réalité, depuis l’obtention des indépendances, rares sont les pays africains n’ayant pas été confrontés à des conflits crypto-personnels au sommet de leurs Etats .Une situation qui est perceptible à travers les guerres civiles dont les principales victimes sont la population. Plus grave encore, notre chère Afrique se fait traire par les occidentaux et fait office de vache laitière pour les puissances en quête de matières premières et de produits énergétiques. Pendant ce temps, les politiques eux, marchent sur les cadavres de leurs concitoyens pour accéder à la magistrature suprême.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la main-d’œuvre africaine ne trouve pas preneur sur le continent. En fait, dans ce décor relativement apocalyptique marqué par l’absence d’opportunités pour une Jeunesse à la croisée des chemins, l’issue à prendre devient incertaine au moment où l’Europe fait rêver et attire. Cela est d’autant plus vrai que l’hostilité de la nature contraint les populations de l’Afrique centrale à migrer vers les cours d’eau. A cet effet, le quasi inexistence d’infrastructures de recherche incite une bonne frange des jeunes à emprunter le chemin de l’Europe qui, de loin, apparait comme un eldorado pour ces candidats à l’exil volontaire. En clair, ce fléau tire ses racines les plus profondes des crises contemporaines que traverse le continent africain.

Somme toute, le climat actuel qui prévaut en Afrique n’est propice ni au développement ni à l’épanouissement intellectuelle. Un assez triste sort qui débouche parfois sur un voyage périlleux et fatal de jeunes qui, souvent, terminent leur parcours dans les abysses de la mer.

                                       

Mouhamed Gueye El Cheikh

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