Religions et spiritualité

Charia et haqiqah : les revers d’un rapport incompris

La religion est au prime abord une subjectivité. Elle suppose à la fois des antinomies de croyances entre différentes religions et un mosaïque d’opinions au sein d’une même religion. L’islam ne constitue pas l’exception qui justifie cette règle. Il a nourri deux sciences souvent conflictuelles au gré d’interprétations fallacieuses et superficielles. C’est la coexistence de la charia et de la haqiqah. Cette dualité de science a été à l’origine de débats autant houleux que controversés.

La charia s’intéresse à la généralité c’est-à-dire l’ensemble des règles impersonnelles régissant le rapport entre la créature et Le Créateur. Elles représentent le legs du prophète au profit de la nation musulmane. Celle-ci use de cet héritage pour mieux conforter les cinq piliers de la religion avant de se réclamer musulmans ou amoureux du meilleur des êtres. La charia soulève, à cet effet, une volonté de soumission et d’application des directives émanant de ce legs prophétique. Sa mise en exécution conforme aurait ainsi pour conséquence, une prolifération de bienfaits lesquels serviront d’éléments de sauvetage dans l’au-delà. La charia est donc une base incontestable de la religion islamique.

Par contre, la haqiqa renvoie à une redécouverte d’une réalité préexistante traduisant l’existence d’une dimension supérieure à l’apparence banale du Seigneur. L’emploi du terme « redécouverte » n’est pas fortuit. Il explique la réminiscence de la période « halamoul Alwar » (lieu de rassemblement des âmes) où chacun avait confirmé l’obligation de s’assujettir à La Volonté divine « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes: « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent: « Mais si, nous en témoignons… » -afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection: « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention »; (s.7; v.172). Ce rappel de la période de rouhaniyou (l’être en tant qu’âme) se fait par le biais d’une accession à la haqiqah. Cette accession nécessite une élévation spirituelle dont on ne saurait acquérir en dehors du chevet des maitres mystiques au sens spirituel du terme. Elle est l’orifice de la lumière qui sert d’éléments de sauvetage dans ce monde ci et dans l’au-delà. Sa limite est difficilement mesurable dans le contexte où elle est continuelle ; elle fait passer l’aspirant d’une étape divine à une autre. 

Force est d’admettre que dans cette perspective, la haqiqah ne s’oppose point à la charia. Elle est plutôt sa continuité. Cheikh Al Hajj Omar (rta) avait donc raison de comparer la charia à une graine ayant germé la haqiqah. Le rapport charia/haqiqah apparait, de ce fait, comme le lien entre le contenu et son contenant en ce que la haqiqah est une couverture pour la charia. Science de perpétuels acquis, la haqiqah ne se restreindrait alors à de simples prescriptions des lois d’adoration du Tout-puissant. Elle explique la raison des différences des façons d’appréhender les réalités par les élus de Dieu. L’exemple du hadaratoul hilahiya (assemblée divine) en est une illustration parfaite. Dans cette salle, chaque élu a une vision singulière de la séance. Chaque vision est relative au statut spirituel de l’élu. A ce stade, la haqiqah pourrait désigner le « fourqâne » (critère) ou le fondement particulier d’interpréter et de vénérer Le Miséricordieux, conçu par les détenteurs de la science de l’intellect comme un Ami et un complice des « dérogations » à la charia.

 Ainsi donc, la charia ne lie pas les élus. C’est ce qui ressort des déclarations de Serigne Cheikh Tidiane Sy (rta) selon lesquelles on ne devrait pas juger un « maftouh aleyhi » (quelqu’un qui se réctifie lui-même) suivant les textes. En effet, les élus ne sont pas soumis au contrôle des gardiens honorés ( Kirâmane Kâtibina ) ou les anges supposés surveiller la régularité des actes de la créature conformément à la réglementation préconçue de la charia. Ils pourraient d’ailleurs accéder à des mondes totalement verrouillés aux anges. Leurs rapports avec L’Omniscient sont alors régulés par des normes plus abstraites que la charia à savoir la haqiqah spécifique à chaque élu et la haqiqah supérieure élaborée et mise en œuvre par les initiés à la science du waladounyati suprême.

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