Immergé dans l’océan des lumières du monde Al-Khaychiya, il y a vécu trois cents soixante dix sept ans (377) ans au sein de la lumière du Prophète (saws), avec comme seule et unique préoccupation le zikr de la Salatoul Fatiha ou le Superlatif Absolu. Puis dans ce même univers, il y vivra dans la lumière de Mawlaya cheikh Ahmada Tijani (rta) pendant deux cents quarante quatre ans (244) longues années en y effectuant dix mille (10.000) Jawharatoul Kamal ou la Perle de la Perfection. Lui, c’est bien l’homme au ‘’bonnet carré’’ légendaire, l’homme à la noirceur diamantifère, l’homme à la carrure mystique : Serigne Babacar Sy (rta) qu’il s’agit.
Cheikhal Khalifa, comme on l’appelle affectueusement, est aussi le chef de file des Elus de Dieu de la catégorie des Khassiya. Personnage incontournable de la Tijania, il est l’un des quatre Pôles Secoureurs (Khoutboul Akhtaab) qui ont un degré de Sainteté que la raison ne saurait cerner tant leur suprématie dépasse l’entendement du sens commun. Seydi Aboubakrine Sy (rta) est aussi celui qui a à sa charge la supervision des âmes ayant été choisies pour être bénéficiaires du trésor inestimable qu’est la Tarikha Tijania. Ceci se passe dans les profondeurs de la mer rouge dans une salle qui, de par son importance, fait partie des sièges ou symboles de la tarikha.
N’est donc pas disciple de Cheikh Tijane qui veut, tout comme il est impossible d’être tijane sans ressentir un amour véritable à l’égard de celui qui a été gratifié par Mawlaya cheikh Ahmada Tidjani (rta) de son fameux « bonnet carré » alors qu’il n’avait vécu que deux années sur terre.
Le Sénégal tout entier est redevable à ce Khalifa sans conteste de Seydi Ahmad Tijani (saws) car à l’âge de quatorze (14) ans seulement, il avait formulé une prière; cette prière est la raison de l’existence d’une myriade de Pôles (khoutbou zamane) dans ce pays. Lui, qui est l’un des plus grands admirateurs de Cheikh Tijani (rta), est aussi très réputé pour les innombrables prodiges (karâma) qu’il réalisait. Cela s’explique par le fait qu’il ait été abreuvé de la liqueur contenue dans le bassin se trouvant au quatrième ciel et permettant de réaliser l’impossible. Ce qui fait que des prodiges, il en a réalisé durant sa vie terrestre comme il continue d’en réaliser jusqu’à présent. C’est d’ailleurs tout le sens de ses propos lorsqu’il disait : « Si ce n’était pas par égard à mon père, je répondrais à quiconque m’appelle à travers ma photo».
Ce parcours spirituel hors du commun, tiré des enseignements de Seydi Mouhamed El Cheikh (rta), aura des répercussions non négligeables sur la vie de Serigne Babacar Sy (rta).
Serigne Babacar Sy : Le continuateur de l’œuvre de Maodo
Natif de Saint-Louis, ville qu’il chérit particulièrement, Cheikhal Khalifa (rta) a dû prendre les rênes de la khilâfa de Seydil Hadji Malick Sy (rta) son père après la disparition de ce dernier. Succéder à Maodo n’est pas chose facile. C’est ce qu’a appris Serigne Babacar alors qu’il n’avait que 37 ans. Dans une société sénégalaise où l’on pense qu’un jeune ne peut être en mesure de tenir certaines responsabilités, cela n’était pas de tout repos pour lui de se faire accepter comme digne héritier de Maodo, d’autant plus que Seydil Hadji Malick Sy (rta) avait, de son vivant, formé des centaines de mouqadam qu’il envoya un peu partout à travers le pays et même dans la sous-région. C’est ainsi que d’aucuns ont pensé que pour lui succéder il fallait faire appel de l’un d’entre eux. Toutefois, Seydi Aboubakar Sy (rta) leur montra qu’il était capable d’assurer la relève de par sa sagesse légendaire, sa détermination et son courage à mener à bien cette mission des plus nobles. Ainsi, très vite il réussit à faire l’unanimité chez les mouqadam de son père.
Toutefois, ceci ne doit en aucun cas occulter le fait qu’en sa qualité de Pôle Secoureur (khoutboul akhtaab), Serigne Babacar Sy (rta) ne tient pas son statut de Khalifa de par son appartenance à la famille Sy. En réalité, son parcours spirituel, son vécu dans la lumière de Seydi Ahmad et dans celle de Mawlaya Cheikh Ahmada Tijani (rta), aurait largement suffi à faire de lui un Calife de Cheikh Tijani (rta). C’est d’ailleurs tout le sens de ses propos lorsqu’il disait : « Même si j’été issu du règne végétal, cela ne m’aurait pas empêché d’être le Calife de Dieu et le Calife de Cheikh Tijani ».
Une discipline sans commune mesure
Seydi Aboubakar Sy (rta) était en lui-même la personnification de la discipline. En effet, de par son savoir-vivre, il est possible de dire que si la décence était une montagne, il en aurait été le point culminant tant la discipline était le maître mot de son existence si vertueuse. Et lorsque l’on s’intéresse aux témoignages de ceux qui l’ont côtoyé de près, la remarque est unanime. En effet, Serigne Babacar Sy (rta), de par ses habitudes, avait déjà montré qu’avoir un pouvoir spirituel était une chose mais vivre en conformité avec les règles de la bienséance en était une autre. C’est ce qui fait que ses habitudes comportementales avaient comme seul et unique soubassement la discipline. En réalité, le comportement de ce digne Khalife de Cheikh Tijani (rta) témoigne de l’existence d’une civilisation céleste qui fait que les Khalifes du Grand Pôle Secoureur (ils sont au nombre de douze) soient en avance dans ce domaine par rapport à leurs contemporains.
Ainsi, on raconte que Serigne Babacar Sy (rta) avait pour habitude de ne jamais se retourner lorsqu’il marchait dans la rue, ce qui est très normal pour un Saint de sa trempe car pour eux il n’y a aucune différence entre ce qui est devant ou ce qui est supposé être derrière eux. Leur vision n’est pas subordonnée à une direction ou à un point cardinal car elle est globale et ils n’ont pas besoin de se retourner parce qu’étant informés de tout. Jamais il ne crachait ou se grattait, il n’avait pas pour habitude de s’adosser à quelque chose, et il donnait une attention toute particulière à la préservation des liens entre les personnes. Sa démarche était singulière et caractéristique de celle du Prophète. Cette bienséance dont il faisait montre en public n’était rien comparée à celle dont il faisait preuve en privé. Et lorsqu’on lui demandait pourquoi cela, il disait : « C’est par égard au regard du Tout Puissant qui me suit partout ».
Khalifa Babacar, L’Amoureux incontestable de Cheikh Tijani Cherif
L’amour de Serigne Babacar envers son maître est incommensurable. Cet attachement tout particulier au Grand Pôle Secoureur, transparaît à travers tous les écrits de ce dernier. En effet, lorsqu’on se penche sur son recueil de poème, on se rend compte que le premier Khalife de Maodo a consacré sa vie à faire l’apologie ou à chanter les louanges du Fils Spirituel de Seydi Ahmad (rta). Lorsque Serigne Babacar Sy (rta) chantait Mawlaya Cheikh Ahmada At Tijani (rta), il ne tarissait jamais d’éloge. Les qualificatifs lui manquaient. Les langues devenaient trop pauvres pour exprimer son ressentiment. La parole, les mots et les lettres ne suffisaient plus pour décrire cet amour unique. Ceci s’explique d’abord et avant tout par la grandeur de Cheikhou Tijani Cherif (rta) la source de tous les bienfaits, le détenteur de la grandeur et la manifestation de la générosité divine.
Dans un de ses poèmes intitulé ‘Hal mine sabiiline’ ‘Existe-t-il une issue (à l’amour que je porte), il étale au grand jour et de façon on ne peut plus majestueuse son amour pour son maître spirituel, en lui donnant entre autres appellations « Le Tabernacle de la Sainteté » ‘ Baytoul Wilâyati’, « LE Phare de la Guidance » ‘ Misbâhouz-zalâmi’. A la fin de ce poème, Seydi Aboubakar Sy (rta) affirme que son seul souhait était « d’être disciple de Cheikh Tijani en quittant ce bas monde ». Ce qui n’était que formalité, en raison de la place prépondérante qu’il occupe dans le cœur de ce dernier.
DESK TARIKHA TIDIANE
