Sociétés et traditions

LA CRISE DES VALEURS, L’ENNEMI NUMERO UN DES SENEGALAIS ?

Dans un monde en profondes mutations, nous assistons de plus en plus à une dégradation des mœurs ou pratiques socio culturelles qui sont des leviers d’éducation, en vue de transmettre aux enfants les compétences nécessaires à leur développement et au développement de leur communauté.
Notre époque est caractérisée par une crise des valeurs. Quand plus rien ne semble avoir de sens, c’est que nos valeurs ont cessé de faire l’unanimité et sont à la dérive. Le phénomène de la perte des valeurs explique le comportement de cette jeunesse en mal de repère. Nous assistons à la déconstruction des valeurs de notre société incompatible à nos besoins de développement.
Aujourd’hui, les pressions du monde contemporain forcent de nombreux adultes, de manière générale, à abandonner leurs cultures traditionnelles. De ce fait, ils ont alors du mal à transmettre leur patrimoine culturel aux nouvelles générations.
De nouveaux modes de vie, donnés en exemple à l’échelle mondiale, ne correspondent pas souvent aux réalités locales. Par exemple, l’importation d’une culture de consommation, en général incompatible avec les besoins du développement, suscite des aspirations iréalistes et multiplie les frustrations, particulièrement au niveau de la jeune génération, constate-t-on.
En effet, on voit des jeunes qui ne s’habillent que selon des marques. De même, Le nombre de jeunes filles se baladant pratiquement nues est de plus en plus croissant au Sénégal. On est presque choqué face à ces nouvelles attitudes. Ces jeunes filles exposent, sans gène, leur corps et se plaisent à attirer les regards.Autrefois au sénégal, les filles se faisaient respecter par leur politesse et leur manière sobre de s’habiller, aujourd’hui, plusieurs d’entre elles affichent plutôt le contraire.
Aussi, les jeunes ont de plus en plus l’impression qu’ils n’auront pas une vie adulte responsable et pleinement épanouie, en raison de l’inadaptation des systèmes d’éducation – en particulier pour les filles et les jeunes femmes – du manque de possibilités de formation et du chômage chronique, avec un taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus évalué à 10, 8% par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) en 2017.
Mais, dans un contexte de mondialisation de la civilisation, on assiste à une hybridation de la société, plus marquée dans les centres urbains où les notions d’individu, de plaisir, de liberté, de droit, avec surtout un oubli remarquable des devoirs, sont en train de l’emporter sur un modèle de vie communautaire qui était censé protéger et construire l’adulte responsable de demain mais malheureusement qui n’existe plus que par de nom.
Ainsi, les jeunes d’aujourd’hui se trouvent écartelés et divisés entre deux cultures, entre deux civilisations ; et donc, par conséquent, entre deux systèmes référentiels, matérialisés d’une part, par une société moderne et d’autres parts, par une société traditionnelle. Ces jeunes ont donc des difficultés à trouver des repères sur les pratiques ou comportements positifs à adopter pour leur bien-être, ainsi que celui de leur famille et de leur communauté.
Actuellement, nous assistons à une perte de valeur à cause d’une nouvelle forme d’éducation basée sur le modèle occidental qui est d’ailleurs mal maitrisé par les communautés autochtones, du fait de la mondialisation et d’une forte médiatisation des films occidentaux d’une part et d’autres parts ,d’une société moderne, capitaliste, individuelle de plus en plus permissive mais paradoxalement attachée à certaines valeurs traditionnelles et pratiques positives comme néfastes.
Ainsi, face à cette situation, les jeunes sont laissés à eux même, l’éducation parentale est reléguée au second plan et la recherche effrénée de richesse ou bien être sociale devient source de conflit, de dislocation du tissu familiale à travers les nombreux divorces, d’abandon scolaire, d’immigration clandestine dans des conditions extrêmement difficiles, d’exode rurale, de travail, de mariage précoce, de vagabondage sexuel synonyme de grossesse précoce etc.
En effet, le rôle des parents vis-à-vis de l’éducation véhiculée aux enfants est primordial. Mais c’est le contraire qu’on voit de nos jours .On voit des parents qui donnent plus de liberté aux enfants dans la période de formation intense éducationnelle de leurs enfants. Donc, ces enfants-là deviennent d’abord victimes de cette libertinage alors que les parents devraient, en tant que responsables et protecteurs des enfants, consacrer essentiellement plus de temps à leurs rejetons pour mener à bien leur mission de « formateur d’un futur citoyen de la Nation Sénégalaise .
Nous sommes loin de l’époque où les parents léguaient des valeurs d’éthique, morales, religieuses à leurs enfants. On constate tout d’abord un manque de responsabilité et une démission totale des parents par rapport au vrai rôle qu‘ils devaient jouer dans la société pour l’assainir.
Normalement, ils se devaient de leur transmettre des valeurs traditionnelles endogènes, des valeurs religieuses et des valeurs globalisées. Mais malheureusement la plupart des parents ont fui leur responsabilité du point de vue « éducationnel » et c’est la société qui en perd davantage.
De ce fait, on note une nette imitation de valeurs négatives autres que les nôtres, par le biais des médias, de la télé (avec les films télé nova surtout) , du style , de la mode avec lesquelles on nous bombarde . C’est sans compter avec la multiplicité des clips de musique où il n’y a presque pas de message d’éthique, mais au contraire un habillement hostile , vulgaire qui y est affiché. Comme pour dire à ces mêmes jeunes libres de par le manque de responsabilité de leurs parents : « Voilà ! Voici l’exemple à suivre et la manière de s’habiller ! ».
Voici donc des maux qui n’épargnent personne. Des maux causés par une perte de valeur dans un monde en profonde mutation, du fait du délaissement de certaines pratiques socio culturelles positives qui sont des vecteurs d’une éducation basée sur la morale, le respect, la foi, l’éthique et le travail qui induisent le développement personnel et communautaire des adultes de demain.
Malheureusement, c’est surtout la jeunesse qui est victime de cette situation. Leur désir d’émancipation combiné à leur inexpérience et le désengagement des parents entraînent généralement un manque de repère.
Monsieur M. SOW, père de famille et professeur dans un lycée de la place, interrogé sur ce sujet, note que le respect des textes scouts tels que la loi et la promesse suppose forcément l’attachement à des valeurs morales, ce qui n’est pas le cas avec la jeunesse d’aujourd’hui malheureusement.
M. D, femme à la soixantaine passée, partage aussi le même avis et souligne:《 les comportements actuels de la jeunesse n’honorent nullement l’image de notre nation. La jeunesse sénégalaise manque aujourd’hui de repères et de modèles. Les comportements, les faits et gestes de la jeunesse d’aujourd’hui sont largement révélateurs d’une indiscipline et d’une incivilité caractérisées et d’après la sagesse africaine, « on n’abat véritablement un arbre qu’en s’attaquant à ses racines. L’enfant sans discipline en sa jeunesse fera rarement fruit en sa vieillesse. » Donc la restitution des valeurs doit commencer par la reprise d’une bonne éducation de l’enfant. 》
Ouztaz M.T, interrogé aussi sur ce sujet souligne: «Aujourd’hui, les jeunes ont tellement copié sur l’Euro­péen que finalement ils sont devenus victimes. Maintenant, tout le monde l’a constaté, l’habillement des jeunes a changé dans le mauvais sens. Notre culture est bafouée, il n’y a plus d’éducation de base. »
Pour lui, c’est sans conteste que la crise des valeurs s’est emparée du Sénégal. Ainsi, il termine par inviter les autres hommes religieux du pays à introduire le changement de comportement des jeunes, dans leurs prêches du vendredi.
Vue toutes ces tares , peut-on dire que la crise des valeurs peut- être considérée comme l’ennemi numéro un des sénégalais ?
Oui, malheureusement ! Lorsque des contre-valeurs, jadis jugées comme des tares, sont aujourd’hui érigées en principe, à l’image: du culte de l’amateurisme et de la médiocrité- de l’indiscipline notoire et de l’incivilité- de la sexualité précoce- du manque de probité morale et d’éthique- de la dépravation des traditions- de l’occidentalisation de la société sénégalaise- du développement des tendances égoïstes et de l’esprit calculateur- de la crise de l’autorité- la perte de l’unité familiale, etc.
Ne serait-t-il pas alors nécessaire de réhabiliter les pratiques culturelles positives pour une meilleure protection de la jeunesse sénégalaise ?

Sokhna Rama Guissé Diagne

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